Après le SIA 2025, l’opération « 1000 fontaines pour Mayotte » relancée

Après le SIA 2025, l’opération « 1000 fontaines pour Mayotte » relancée

C’était il y a plus de deux mois : après le passage du cyclone Chido et de la tempête tropicale Dikeledi, les actions caritatives se multipliaient dans l’Hexagone pour apporter, d’une manière ou d’une autre, des solutions aux nombreuses problématiques auxquelles Mayotte devait faire face. Un projet émergeait alors, porté par l'ONG française Unigaia Solidarité : « 1000 fontaines pour Mayotte ». L’objectif était simple : fournir des dispositifs de filtration d’eau aux familles mahoraises, à travers un modèle de solidarité nationale. L’opération, qui semblait au point mort, est désormais relancée. Ce samedi 1er mars, c’est au stand de Mayotte, au Salon International de l’Agriculture, que les deux premières fontaines ont été délivrées.

Il y a quelques jours, la préfecture de Mayotte annonçait que de nouvelles restrictions d'eau seraient envisagées. Une annonce qui survient alors que l’ONG Unigaia Solidarité, qui œuvre pour la réalisation d’Objectifs de Développement Durable consacrés à l'eau, tente depuis plusieurs mois de lancer son opération « 1000 fontaines pour Mayotte ». 

Soutenu par le collectif « Mayotte a soif », l’objectif de l’organisation était d’envoyer à Mayotte, en urgence, 1000 fontaines familiales de purification de l’eau polluée pour se substituer progressivement aux packs d’eau en bouteilles plastiques. « Si nous en avons plus, tant mieux », indiquait néanmoins Serge Broch, fondateur de l’association et gérant de Coswatech International, une structure développant son action et ses recherches dans tous les domaines du traitement de l’eau pour la consommation. L’action peinait à se mettre en place, faute d’interlocuteurs. C’est désormais chose faite.

Une première concrétisation

C’est donc le 1ᵉʳ mars dernier, au stand de Mayotte du Salon International de l’Agriculture, que les deux premières fontaines de filtration ont été officiellement remises à Madi Souf, président de l’Association des maires de Mayotte, et Hamadi Ali, secrétaire général de la Chambre d’Agriculture de Mayotte. Le principe de l’opération « 1000 fontaines pour Mayotte » repose sur la solidarité des collectivités de l’Hexagone. L’idée fondatrice du projet est en effet de mobiliser les collectivités. Chaque commune peut, à hauteur de 94 euros, financer une fontaine pour une famille mahoraise.

Le président d’Unigaia Solidarité et gérant de Coswatech International explique avoir désormais le soutien de l’Association des maires de France (AMF), à travers son président David Lisnard, sans compter celui du vice-président des Écomaires de France, Jean-Luc Aigoin. Les premières fontaines offertes ce samedi ont été acquises grâce à un don de l’AMF du Gard. Pour Serge Broch, cette première remise de fontaines ne constitue que le début d’un déploiement plus large.

« Nous avons deux mois pour remplir un premier conteneur de 500 fontaines, peut-être un deuxième, et les acheminer à Mayotte. Nous avons déjà des mairies qui se manifestent. Alès, par exemple, s’est engagée à financer dix fontaines. Ce modèle fonctionne : chaque fontaine financée, c’est une famille aidée immédiatement. Nous voulons maintenant accélérer cette dynamique et atteindre rapidement notre objectif initial de 1000 fontaines. »

Serge Broch n’est pas un inconnu dans ce domaine. Il a déjà mené de nombreuses actions de sensibilisation et de fourniture d’eau potable dans l’Hexagone et en Afrique. Son ONG, en partenariat avec d'autres œuvre également au niveau des collèges pour appuyer les programmes éducatifs grâce aux expériences de terrain. Elle établit aussi des liens entre collèges français et africains à travers ce sujet de l’accès à l’eau.

Une réponse immédiate à une crise sanitaire

Ce samedi, ce sont donc les deux premières fontaines de l’opération qui ont été offertes au monde agricole. L’objectif est d’étendre le dispositif au maximum, en touchant le plus de familles possible. « Il faut nous trouver des solutions de toute façon », peut-on entendre sur le stand mahorais. « L’eau est de plus en plus rare. Quand nous en trouvons, c’est à des prix exorbitants, parfois jusqu’à 15 euros le pack. »

Des propos soutenus par Serge Broch : « Les bouteilles plastiques ne sont pas une solution viable. Elles polluent et ne règlent en rien la crise de l’eau à Mayotte. Ces fontaines peuvent offrir une alternative durable, sans énergie ni produits chimiques. Une fontaine est capable de produire 100 litres d’eau purifiée par jour. »

Les deux kits de filtres fournis avec la fontaine garantissent, selon le fabricant, deux ans d’utilisation. L’ONG souhaite mettre en place un mécanisme de suivi et de coordination pour assurer la transparence des dons et leur attribution aux familles mahoraises. « Nous allons travailler en lien direct avec les élus mahorais et la Chambre d’Agriculture pour la répartition des équipements. Nous ne voulons pas tomber dans le travers des grandes collectes où l’on ne sait pas où va l’argent. Ici, chaque don sera tracé, et chaque famille aidée pourra être identifiée », précise Serge Broch.

Mais l’initiative ne s’arrête pas là : Unigaia Solidarité envisage déjà une montée en puissance du projet, avec la mise en place d’unités locales de production d’eau potable, notamment à travers la création d’une micro-unité de production d’eau (MUPRA). Cette solution est actuellement à l’étude, notamment sur la commune d’Acoua.

Abby Said Adinani