« Un non qui veut dire oui », le premier polar de la romancière d’origine guadeloupéenne Jennifer Richard : un coup d’essai qui s’apparente à un coup de maître

© Editions Caraïbéditions

« Un non qui veut dire oui », le premier polar de la romancière d’origine guadeloupéenne Jennifer Richard : un coup d’essai qui s’apparente à un coup de maître

Après avoir tissé avec un certain succès les fils du roman historique et thématique, la romancière d’origine guadeloupéenne Jennifer Richard se lance dans le genre roman policier et publie chez Caraïbéditions son premier polar intitulé « Un non qui veut dire oui ». Une intrigue policière qui nous emmène en Guadeloupe et plus précisément à Marie-Galante où son personnage principal aura fort à faire pour éviter de se laisser entraîner dans une machination tentaculaire.

 

Quelle mouche a piqué la romancière Richard Jennifer qui vient tout juste de publier son dernier roman « Notre royaume n’est pas de ce monde » aux éditions Albin Michel en 2022 pour se lancer dans l’aventure de ce premier polar intitulé « Un non qui veut dire oui » qu’elle signe chez Caraïbéditions, une maison d’édition antillaise ?

Envie peut-être de parenthèse et de souffler après avoir exploré dans ses précédents ouvrages les thèmes ardus de l’impérialisme et du néo-colonialisme et des moyens de s’en affranchir dans son dernier roman-essai cité plus haut.Thèmes que l’on retrouve encore dans « Il est à toi ce beau pays », une fresque historique publiée chez Albin Michel qui parle des problématiques croisées de la colonisation en Afrique, de la ségrégation aux USA et de l’enrichissement d’une poignée d’hommes en Europe.

Une volonté d’explorer de nouveaux horizons

Envie aussi de légèreté après avoir publié toujours chez Albin Michel en 2021 « Le diable parle toutes les langues » ou les mémoires fictifs d’un marchand d’armes, Basile Zahroff qui fit fortune de lors de la première guerre mondiale et a été l’une des figures majeures du pouvoir et des jeux d’influence de la première moitié du XXème siècle. Ou s’agit-il plutôt pour Jennifer Richard d’une volonté d’explorer de nouveaux horizons et de tisser les toiles d’autres problématiques qui lui tiennent à cœur par le prisme du polar ?

Rien n’est moins sûr !  En tout cas, l’autrice à succès de romans comme « Bleupoussière » (2007), « Requiem pour une étoile » (2010) et « L’illustre Inconnu » (2014) parus aux éditions Robert Laffont, a décidé de nous embarquer dans une intrigue policière qui nous emmène en Guadeloupe et plus précisément à Marie-Galante, le pays d’une partie de ses ancêtres. Un archipel guadeloupéen que Jennifer Richard connaît bien pour y avoir vécu au même titre que d’autres territoires ultramarins dans lesquels elle a aussi séjourné comme la Guyane, la Nouvelle-Calédonie, Mayotte, Tahiti et Wallis-et-Futuna, mais aussi les Etats-Unis au gré des mutations professionnelles de ses parents.

Tous les ingrédients de la recette du polar réunis

« Un non qui veut dire oui » raconte l’histoire d’un ancien gendarme nommé Archange Cuirassé – ça ne s’invente pas – de retour à la Guadeloupe, au pays de ses ancêtres, pour tenter de disculper un codétenu de son père, accusé d’avoir violé une fillette de 13 ans, mais qui clame son innocence. A Marie-Galante où cette sordide affaire s’est déroulée 3 ans plus tôt, il devra tenter de démêler cet écheveau en essayant de discerner le vrai du faux, de faire le tri entre ses ennemis et ses alliés et distinguer le danger du désir pour ne pas laisser happer dans une machine tentaculaire. Notre « héros » sera très vite rattrapé par la réputation de son nom de famille et comprendra que, quand on aime autant les femmes que l’alcool, on ne relève pas un tel défi sans y laisser quelques plumes.

Alcool, femmes, enquête policière à tiroirs et à rebondissements, suspense, on retrouve dans « Un non qui veut dire oui » tous les ingrédients de la recette du polar, dont Jennifer Richard parvient à maîtriser parfaitement les codes. Un coup d’essai qui s’apparente à un coup de maître, en l’occurrence de maîtresse.

E.B.

« Un non qui veut dire oui »

De Jennifer Richard

Edition : Caraïbéditions

288 pages