Statue de Colbert taguée : Procès renvoyé au 10 mai, une date qui fait tâche

Statue de Colbert taguée : Procès renvoyé au 10 mai, une date qui fait tâche

Ses avocats ayant soulevé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC), le procès du militant guadeloupéen anti-négrophobe Franco Lollia a été une nouvelle fois renvoyé au…..10 mai prochain. Une date qui fait tâche eu égard à la symbolique qu’elle représente puisque celle-ci correspond à la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions célébrée en grandes pompes par les plus autorités publiques.

L’affaire Georges Floyd et son onde de choc ébranlent le monde. En Martinique, quelques activistes déboulonnent des statues représentant l’ère coloniale. Le débat et la controverse sur le racisme et les mémoires agitent la société française dans l’Hexagone. C’est dans ce contexte de résurgence de mémoire active et de choc de représentation de l’histoire avec le présent que Franco Lollia, militant guadeloupéen anti-négrophobie de 49 ans décide le 23 juin dernier de taguer à la peinture rouge – le sang des esclaves, selon lui – l’inscription «Négrophobie d’Etat» sur la statue de Colbert devant l’Assemblée nationale. Une scène qui a été filmée en direct sur Facebook par l’association Brigade Anti-Négrophobie, dont il est
le porte-parole.

Interpellé, le militant revendique son acte rappelant que Colbert, père du Code noir, prônait «le meurtre des Noirs, le viol des Noirs». Pour ces faits, l’auteur encourt 3750 euros d’amende et une peine de travail d’intérêt général. Un premier procès devait avoir lieu le 14 août dernier devant le tribunal correctionnel de Paris, mais reporté à la demande du prévenu. Son avocat martiniquais ne pouvant être présent.

Prévu ce 18 janvier 2021, le procès a de nouveau fait l’objet d’un renvoi. Les conseils du militant ayant soulevé une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) arguant que l’Assemblée nationale qui s’est portée partie civile dans cette affaire n’est pas une personne physique et dans ce cas cela serait de nature à créer un déséquilibre voire une «inégalité devant la justice». Une QPC qui a amené le tribunal a renvoyé la prochaine audience au…..10 mai prochain.

Une date célébrée en grandes pompes par les plus hautes autorités

Une date qui correspond – ironie du sort – à la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions. Une date officielle décidée et commémorée en grandes pompes par les plus hautes autorités publiques à la suite de la loi Taubira instaurant l’esclavage comme crime contre l’humanité votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale, aujourd’hui partie civile dans cette affaire.
Une symbolique pour le moins curieuse sur laquelle n’a pas manqué de surfer l’un des avocats du militant anti-négrophobie à la sortie du tribunal, en ses termes : «cette nouvelle date est intéressante car le 10 mai est la date de commémoration en France d’une tragédie que dénonce notre client par l’offense que constitue pour les Afro-descendants et ceux qui sont solidaires de leur souf rance la présence de Monsieur Colbert dans l’espace public».

Autant dire que ce renvoi au 10 mai est du pain béni pour l’association anti-négrophobie et ceux qui soutiennent Franco Lollia. Ceux-ci ne manqueront pas,en effet, de rappeler la symbolique que représente cette date pour en faire une journée de mobilisation et un temps fort de leur lutte contre ce qu’ils considèrent être la négrophobie. D’autant que, lors de cette deuxième audience, le militant a continué à assumer haut et fort son geste devant ses soutiens. Quand le tribunal se prend le pied dans le tapis ou comment donner le bâton pour se faire battre.

EB