Une immense chance de médaille s'est peut-être évaporée avant même les JO-2024. Visage de l'escrime française, la fleurettiste Ysaora Thibus se retrouve suspendue après un contrôle antidopage anormal annoncé vendredi, à six mois des Jeux.
Au lendemain du dévoilement de ces disques d'or, d'argent et de bronze qu'elle convoitait tant, la tireuse de 32 ans, vice-championne olympique par équipes à Tokyo, est plongée dans la « sidération » et les tourments juridiques.
Un contrôle antidopage intervenu le 14 janvier, jour où elle a obtenu l'argent par équipes au Challenge international de Paris (CIP), a produit un « résultat d'analyse anormal », selon un communiqué de la Fédération française d'escrime annonçant sa suspension vendredi. De l'ostarine, produit généralement utilisé pour augmenter la masse musculaire, a été détectée dans l'échantillon de la fleurettiste Ysaora Thibus a précisé l'Agence internationale de test (ITA). Une substance classée parmi les agents anabolisants par l'Agence mondiale antidopage (AMA) dans sa liste des interdictions.
« Je nie avec la plus grande fermeté m'être jamais administrée la moindre substance dopante. Les résultats négatifs des dizaines de contrôles subis cette année, comme toutes les autres, en témoignent », a réagi la Guadeloupéenne via un communiqué diffusé par son avocate Joëlle Monlouis. « A 169 jours des Jeux olympiques à Paris qui constituent le rêve de ma vie de femme et d'athlète, chacun comprendra que cette information a d'abord créé chez moi et tous ceux qui veillent à ma préparation un effet de sidération », livre la championne du monde 2022.
A moins de six mois de ce qu'elle décrit comme l'échéance de son existence, loin des pistes d'escrime, une autre compétition commence déjà pour elle, menée par son avocate devant ferrailler pour espérer lui ouvrir les portes du Grand Palais. « Avec l'aide de mes conseils, et d'experts nous allons analyser et chercher à comprendre ce résultat incompréhensible, s'il était confirmé », indique celle qui devait être une tête d'affiche de la délégation tricolore, égérie de nombreux sponsors. Une formulation laissant entendre qu'elle compte sur le résultat de l'échantillon B. L'ITA précise d'ailleurs que la tireuse « a le droit de demander l'analyse » de celui-ci.
La qualification des Bleues n'est pas en péril
Même si la deuxième place de l'équipe de France à l'étape de Coupe du monde de Paris, risque d'être annulée, la place des Bleues aux Jeux est scellée compte tenu de leur immense avance sur la concurrence dans la course à la qualification olympique. Quel que soit leur résultat lors de l'ultime manche de Coupe du monde au Caire, le 25 février.
Reste à savoir quelles seraient leurs chances aux Jeux sans Ysaora Thibus, encore finisseuse lors des Mondiaux à Milan cet été, conclue par une médaille d'argent par équipes. A titre personnel, Paris 2024 s'annonçait sans doute comme la dernière opportunité de médaille olympique individuelle pour l'escrimeuse des Abymes. Elle avait eu besoin d'une coupure après les JO de Tokyo pour soigner la blessure d'être passée à côté de celle-ci au Japon.Comme une anomalie, l'escrimeuse aux trois podiums en individuel aux Mondiaux pourrait remiser son fleuret sans avoir connu la même gloire aux JO.
« J'entame un assaut qui vise à prouver aujourd'hui mon innocence pour me permettre demain de tirer dans ce qui sera le plus beau tournoi de ma carrière », plaide avec certitude l'intéressée malgré un précédent peu encourageant.Même blanchi un an plus tard, l'épéiste français Daniel Jérent avait manqué les JO de Tokyo en raison de la présence d'une molécule interdite dans une poche de sang transfusée après un accident de la route.
Avec AFP