L’Après en Outre-mer : Et Maintenant ? par Bruno Blandin, Président du Comité Outremer du MEDEF

L’Après en Outre-mer : Et Maintenant ? par Bruno Blandin, Président du Comité Outremer du MEDEF

Outremers360 vous donne la parole et partage le sentiment des acteurs socio-économiques des territoires d’outre-mer, en cette période post-pandémie. Aujourd’hui, nous donnons la parole à Bruno Blandin, Président de l’UDE-MEDEF en Guadeloupe, Président du Comité Outremer du MEDEF  et Membre du conseil exécutif du MEDEF.

A l’instar de l’économie mondiale, nos économies insulaires ont été fortement impactées par cette crise duCovid-19. Il est désormais temps de nous relever tous ensemble !

Nous traversons une crise

En Guadeloupe et dans les Iles du Nord, plus de 10 000 entreprises ont mis en œuvre l’activité partielle. Les entreprises, en particulier les TPE et PME, souffrent financièrement mais aussi psychologiquement.

L’étude réalisée par l’institut de sondage Qualistat le prouve, 94% des chefs d’entreprises guadeloupéens se disent inquiets pour l’avenir de leur activité professionnelle.

En cette période, il est paradoxal de voir les services de l’Etat faire leur maximum pour aider à accompagner les entreprises quand d’autres ne jouent pas toujours le jeu. En effet, nous avons alerté le Préfet sur les pratiques de la Direction Générale de la Concurrence de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF)consistant à contrôler les délais de paiement inter- entreprises. Les entreprises sanctionnées se voient infliger de lourdes amendes mettant en péril leur trésorerie alors qu’elles sont déjà confrontées aux difficultés économiques liées au COVID- 19. Cette sévérité ne s’applique pas aux collectivités, nos entreprises n’ont pas vocation à servir de banquiers à nos collectivités !

Concernant les dispositifs d’aide au financement, nous avons alerté très tôt les banques et institutions financières de Guadeloupe et des Iles du Nord en leur demandant de faire preuve de solidarité, surtout auprès des TPE et PME, afin qu’elles aient largement accès à cette aide d’Etat.
Elles ont globalement joué leur rôle de soutien de notre tissu économique.

Aucun secteur n’est épargné. Le tourisme, la restauration et le secteur culturel et évènementiel quant à eux payent le plus lourd tribut. Nous apportons d’ailleurs tout notre soutien aux professionnels dont les activités sont toujours à l’arrêt.

Les mesures proposées par le gouvernement ne permettront pas une relance franche pour les professionnels en difficultés. Elles apportent tout de même un premier espoir afin de reprendre une activité. Le maintien des emplois est plus incertain.

Le secteur aérien est très affecté. S’il faut saluer le geste de l’Etat pour soutenir Air France, il n’en demeure pas moins indispensable d’aider l’ensemble des compagnies aériennes françaises qui desservent l’Outre-mer sans distinction pour assurer leur survie et la continuité territoriale.

Parce que le tourisme représente une place importante de notre économie insulaire, il est essentiel
que l’activité redémarre en respectant les règles sanitaires strictes.

Pour accompagner les chefs d’entreprise durant la crise, la cellule de crise et l’équipe de l’UDE MEDEF ont été au côté des entreprises sans relâche : réponses aux demandes d’activité partielle, prêts garantis par l’Etat, reports de charges, formation, échéances bancaires, demandes de mesures de protection, relai pour les commandes de masques… Toutes ces questions sont encore aujourd’hui traitées par nos équipes afin d’aider au mieux nos adhérents. De par notre expertise, nous avons décidé d’offrir ce même accompagnement aux entreprises non adhérentes : soutien psychologique pendant la crise, flash info covid quotidien pour concentrer l’intégralité de l’actualité, webinaires interactifs avec des experts qualifiés pour aider à la relance de l’activité…

Il est certain que cette crise aura de lourdes répercussions sur notre économie.

Chacun de nous doit faire le maximum, dans son champ de compétences, pour qu’ensemble nous puissions rapidement nous relever de cette crise.

Nous saurons nous relever

En Guadeloupe comme dans la plupart des Outre-Mer, nous avons réussi à mieux contenir la pandémie qu’en Métropole, nous devons nous en féliciter.

Il faut dire que nous avons une culture de gestion de crise inégalée de par notre historique en matière de gestion d’évènements climatiques notamment. Nous savons faire preuve d’une grande solidarité les uns envers les autres.

Il est important de préparer la sortie de crise pour mieux rebondir ! Nous avons conservé tous nos
atouts, nous n’avons pas de dégâts matériels, nous avons toutes nos capacités de production humaines, nos entreprises savent s’adapter !

Nous devons redresser notre économie et les outils pour amortir la crise sont là : plus de 200 milliards d’euros mobilisés par l’Etat, les prêts de la Région en faveur des TPE, les indemnisations du chômage partiel… En tant que Président de l’Union Des Entreprises de Guadeloupe, je veillerai à ce que l’Etat respecte ses engagements et qu’il le fasse dans un délai court.

Au sein de l’UDE-MEDEF, nous travaillons déjà depuis plusieurs semaines à la rédaction d’un plan de relance. Nous invitons tous les chefs d’entreprises et acteurs économiques intéressés par notre démarche à nous rejoindre pour construire ensemble un plan durable.

Il faudra repenser notre système, nos façons de faire, s’adapter, aller sur la voie d’un nouveau développement durable. Il est temps d’investir réellement dans les secteurs porteurs de notre île que nous appelons de nos vœux depuis longtemps déjà ! Numérique, nouvelles technologies, écologie etbiodiversité…

Nous avons besoin de tout le monde La priorité est à la relance économique…

CONSOMMONS PEYI !Il est indispensable de sauver nos emplois et nos entreprises pour assurer la reprise de la croissance de notre territoire, surtout pour nos économies insulaires.

Pour paraphraser le slogan du Medef Nouvelle Calédonie « soyons malins, consommons ultramarins » (ndlr : « soyons malins, consommons calédoniens »). Il est indispensable que nous soyons tous acteurs de la relance économique.

Dans un premier temps, l’Etat. Celui-ci doit être acteur de la relance par le respect de ses promesses : mise en place des aides, délais de paiement, etc.

Dans un second temps, les collectivités locales doivent aussi prendre toute leur part dans l’effort
de relance.

Je pense notamment à l’accélération des travaux publics indispensables aux rétablissements de services publics aussi essentiels que l’eau et l’assainissement notamment. Mais aussi à la réalisation des grands projets dont sont porteurs nos grands établissements : l’aéroport, le grand port, le numérique, la transition énergétique, etc. ; c’est le moment de se jeter avec enthousiasme dans la réalisation du futur.

Je n’ignore pas les difficultés financières de la plupart des communes. Mais pourquoi ne pas mettre en œuvre les excellents moyens nouveaux inventés par l’Etat tels que les PGE ? Nous avons d’ailleurs proposé au gouvernement des emprunts « covid » pour ces collectivités (prêts par les institutions financières garantis par l’Etat.

Nous devons être imaginatifs et confiant dans l’Avenir, refuser une résignation mortifère.

Ensuite, les Entreprises. Nous devons mettre en place un climat favorable à la reprise : dispositifs de protection (masques, solutions hydro alcooliques, respect des mesures de sécurité…), suivi psychologique si besoin. Par la suite, il me semble indispensable de mener une réflexion plus globale sur notre fonctionnement : évaluation et adaptation des processus, fournitures des matières premières auprès d’entreprises locales, nouveaux modes de management (impliquons nos salariés pour trouver ensemble les solutions afin que nos entreprises soient pérennes demain), télétravail, etc.

Enfin, les citoyens. A notre niveau, nous devons changer nos habitudes de consommation pour privilégier nos entreprises et nos produits : voyager Guadeloupe, manger Guadeloupe, vivre Guadeloupe !

C’est par notre engagement et nos actions directes sur nos territoires vis-à-vis de nos entreprises que nous participeront à notre niveau à une reprise durable et à la sauvegarde des emplois.

Alors soyons solidaires et ayons confiance en l’avenir !

Bruno Blandin, Président du Groupe ECB
Président de l’UDE-MEDEF – Président du Comité Outremer du MEDEF – Membre du conseil exécutif du MEDEF.

 

BBLANDIN (6)

Guadeloupéen, né à Pointe à Pitre, issu d’un grand-père breton petit commerçant et d’une québécoise.

– 61 ans, ainé d’une fratrie de trois garçons
–  Marié, quatre enfants
Parcours professionnel :
A l’âge de 20 ans, le décès de son père le contraint à arrêter ses études pour assurer la survie du petit commerce de matériel électrique (3 personnes) de Pointe à Pitre.

Le groupe BLANDIN, à partir du « porte-avions Guadeloupe » s’est déployé sur les trois DFA et les Etats-Unis en diversifiant ses activités. :
– Distribution de matériel électrique
– Production d’électricité
– Eco énergie : Photovoltaïque, chauffe-eaux solaires
– Distribution d’automobiles
– Distribution de produits de beauté
– Distribution de fromage et chocolat (à 95% français aux Etats Unis)

 

Aujourd’hui le groupe BLANDIN réalise un chiffre d’affaire de 450 Millions € avec 750 salariés (dont 250 aux Etats Unis). Priorité est donnée à l’embauche de guadeloupéens dont les cadres, y comprisaux Etats Unis.

Le groupe BLANDIN a créé la Fondation Claude Emanuel BLANDIN, dont l’objectif est de permettre aux jeunes guadeloupéens de s’ouvrir sur le monde en finançant leurs études au Québec.
Depuis 2015, Bruno BLANDIN est Président de l’UDE-MEDEF Guadeloupe ( membre fondateur de « Guadeloupe Economique ») et Président du Comité Outre-mer du MEDEF depuis 2019.