Après les webinaires de la Team France Export sur La Réunion et Mayotte, puis la Martinique, ceux consacrés à la Guadeloupe et la Guyane auront lieu respectivement, ce soir à 18h (heure de Paris) et demain à 19h15. Pour l’occasion, Outremers360 a interrogé Christophe Lecourtier, Directeur général de Business France, qui explique la déclinaison Outre-mer de la Team France Export, les mesures dédiées aux Outre-mer pour la relance de l’exportation, les secteurs privilégiés à l’international mais aussi, l’attractivité des territoires. INTERVIEW.
Outremers360 : Business France est membre fondateur de la Team France Export, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la TFE et sa déclinaison Outre-mer ?
Christophe Lecourtier : La Team France Export est l’union des acteurs publics au service de l’internationalisation des entreprises françaises (CCI France, Business France, Bpifrance) et des acteurs privés offreurs de solutions. Team France Export se décline régionalement sous le pilotage des collectivités territoriales et vise à offrir aux TPE, PME et ETI régionales un dispositif lisible, efficace et adapté.
Team France Export offre un continuum de solutions, de la préparation à la projection à l’international : depuis le territoire dans lequel est constitué un guichet unique autours des Conseillers Internationaux de la TFE, jusqu’aux marchés étrangers où un correspondant unique TFE oriente les entreprises vers les solutions répondant à leurs besoins, selon une approche sectorielle.
En janvier prochain, toutes les Team France Export seront opérationnelles dans les DROM. Elles sont déjà en place dans 4 des 5 DROM. Pour les autres territoires, nous mettons en place des correspondants territoriaux TFE ; ce statut spécial permet une association à la dynamique nationale mais n’implique pas l’intégration aux process déployés en France hexagonale et dans les DROM. Ce statut est aujourd’hui utilisé par la CCISM de Polynésie française, la CACIMA à Saint Pierre-et-Miquelon, tous deux anciens correspondants Business France.
L’équipe TFE Outre-mer se distingue par une coordination interrégionale pour donner plus d’envergure à l’ensemble. En janvier, la TFE Outre-mer s’articulera autour de 6 ETP avec des portefeuilles de 150 entreprises en moyenne, le plus souvent sur une construction multisectorielle.
La TFE Outre-mer s’appuie sur une interface digitale : teamfrance-export.fr/outremer qui concentre toutes les solutions des partenaires publics ou privés de la Team France Export au niveau national et inter-régional. Elle est personnalisée et enrichie en contenu spécifique aux outre-mer (des offres et aides spécifiques, des événements de proximité et toute l’actualité export).
Le plan de relance national, contient un volet export : En quoi l’export est-il un enjeu majeur de la relance ?
L’économie de notre pays est en phase de relance et de reconstruction. Notre façon de faire du business a été transformée par la COVID-19. Pour repartir à la conquête des marchés étrangers, les entreprises ont besoin de solutions fortes, simples et innovantes pour connaître les marchés et leur évolution, prospecter dans les meilleures conditions, et identifier les bons partenaires et des opportunités locales à court-terme. Le Plan de Relance Export répond donc directement à ces besoins.
Ce plan co-construit avec les Régions et plus de 150 organisations professionnelles, tous secteurs confondus, est doté d’un budget de 247 millions d’euros. Il repose sur 5 axes structurants qui permettront aux entreprises de calibrer leur projet export avec stratégie et minutie :
- Mieux informer sur les marchés étrangers
- Faciliter les activités de prospection export via le chèque relance export
- Mobiliser les talents pour le développement international des PME/ETI par le soutien du dispositif du V.I.E
- Renforcer les outils de financements export déjà existant et portés par Bpifrance
- Déployer une communication de conquête autour de la marque France et de ses marques sectorielles tel que la French Tech, la French Fab, Taste France…
Quel est le niveau d’aide pour les territoires d’Outre-mer ?
Le soutien sans faille depuis plus de 10 ans du Ministère des Outre-mer aux exportateurs ou primo exportateurs est renforcé encore par le chèque relance export. Certaines actions de prospection pourront bénéficier d’une prise en charge exceptionnelle jusqu’à 100% sur 2021 !
En sus, la plupart des régions ultramarines proposent des dispositifs complémentaires permettant de soutenir des actions de prospection sur des géographies à l’étranger non couvertes par le dispositif national ou vers la métropole. Elles soutiennent aussi souvent le renforcement RH tel que le recours à un cadre export.
Le chèque export permet également d’avoir recours à des consultants privés agréés pouvant amener des solutions complémentaires sur les bassins de proximité.
Enfin, la PME ou ETI qui s’attachera les services d’un VIE verra son niveau de prise en charge par le Ministère des Outre-mer porté à 65% et bénéficiera du chèque relance VIE de 5000 €.
Même les filiales de grands groupes pourront, sous réserve de sélectionner un(e)jeune issu(e) de formations courtes ou des Quartiers Prioritaires de la politique de la ville, bénéficier de cet appui exceptionnel de 5000 €. La relance par l’export passe aussi par les Outre-mer !
Plus globalement, quels sont les secteurs qui offrent le plus de débouchés à l’international depuis les Outre-mer ?
L’agroalimentaire est une filière historique qui continue à offrir des perspectives intéressantes. Malgré des surcoûts logistiques, la qualité, la traçabilité, l’originalité des produits ultramarins sont des atouts que nous essayons de valoriser. Nous le faisons d’ailleurs actuellement avec 7 entreprises des Antilles-Guyane sur le marché nord-américain. Elles ont été sélectionnées, puis coachées, nous avons travaillé leurs supports de communication, mis en place une promotion globale dans des médias spécialisés dans la distribution agroalimentaire aux USA. Le tout pour optimiser des dégustations auprès d’une sélection d’acheteurs spécialisés d’ici à décembre.
Moins affectée par les coûts du transport régional, l’exportation de savoir-faire et de services présente un réel potentiel de croissance sur certains marchés de proximité et même jusqu’en Afrique. Ces compétences peuvent être valorisées sous la forme de missions d’ingénierie, d’audit ou de formations. Elles amènent les entreprises ultramarines à créer des filiales sur les marchés de proximité.
Rompues aux normes européennes (en matière de qualité, sécurité, respect de l’environnement notamment), les entreprises ultramarines disposent également d’une avance dans des domaines tels que le BTP, la santé, le développement durable. De nombreux projets sur ces secteurs sont financés dans les pays de destination par les bailleurs de fonds et organisations internationales. Nous avons donc mis en place des accompagnements spécifiques pour que les entreprises ultramarines soient mieux armées pour se positionner sur ces marchés. Un programme d’accompagnement de 6 mois vient d’ailleurs d’être lancé pour une sélection de 4 à 6 entreprises. En plus d’une veille sur-mesure, un consultant local les accompagnera dans la rédaction de leur réponse à (au moins) un appel d’offres de fournitures, travaux ou services dans la région.
Nous misons aussi beaucoup sur la Tech et nous avons d’ailleurs développé depuis 2 ans en appui avec l’écosystème local un programme de coaching sur les méthodes à adopter et à maîtriser pour un développement international d’envergure. (WEBPEYI)
Enfin, l’international c’est aussi l’attractivité, que fait Business France sur cet axe ?
En effet, il s’agit désormais d’aller plus loin, non seulement dans la promotion des exportations ultramarines mais aussi dans l’objectif stratégique de faire des territoires ultramarins des destinations attractives vis-à-vis des investisseurs étrangers.
Nous travaillons ainsi en étroite collaboration avec les collectivités régionales et leurs agences régionales de développement pour valoriser leurs atouts régionaux tant pour la prospection, la présentation de l’offre régionale aux investisseurs, l’accompagnement des projets sur les territoires, que le suivi dans le temps des entreprises implantées.
A titre d’exemple, nous avons ces derniers mois, travaillé à la définition et la rédaction de supports multilingues (« Invest in Mayotte » – « Investir na Guiana ») mais aussi de supports sectoriels (Filière santé à Mayotte). Nous avons également adapté et injecté des contenus spécifiques Outre-Mer sur notre site d’accueil des talents étrangers (welcometofrance.fr).
Nous sommes également très mobilisés au côté du Gouvernement calédonien en accompagnement de la démarche Choose New Caledonia.
Pour s’inscrire aux Webinaires de Guadeloupe et de Guyane :
Guadeloupe : https://register.gotowebinar.com/register/8741009000514104588
Guyane : https://register.gotowebinar.com/register/3984221532110843917
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