Dans plusieurs communes de la Martinique, ce mercredi soir, des incidents violents annoncent une nuit chaotique sur le territoire après une journée déjà marquée par de longs affrontements au Carbet. Récit de notre partenaire RCI Martinique.
Des heurts éclatent de toutes parts ce mercredi soir après une journée marquée, déjà, par de violents affrontements au Carbet. « Quatre gendarmes ont été légèrement blessés » alors qu'ils effectuaient une opération de levée de barrage dans cette commune. Un bâtiment municipal servant de poste avancé à la toute nouvelle brigade territoriale mobile basée dans la commune a en outre été totalement incendié.
Les forces de l'ordre et les manifestants se font face depuis 06h00 mercredi au niveau d'un barrage installé dans le bourg du Carbet sur la RN2, l'axe principal reliant le nord-ouest de la Martinique et le centre de l'île. « Les individus ont refusé de lever le barrage malgré les sommations et l'intervention du maire. Plusieurs centaines de véhicules ont dû faire demi-tour », a indiqué la même source préfectorale, précisant que « les militaires ont fait usage de la force pour libérer les axes ».
Les protestataires avaient installé ce barrage dans le cadre d'une opération « île morte », dénonçant notamment « les violences exercées par (les policiers de la) CRS 8 ». Plusieurs opérations escargot ont été menées sur les routes de l'île avant de converger vers le centre-ville de Fort-de-France peu avant la mi-journée, a constaté un journaliste de l'AFP.
Un mouvement contre la vie chère, thématique récurrente aux Antilles, a été lancé début septembre par le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro caribéens (RPPRAC), qui exige un alignement sur l'Hexagone des prix des produits alimentaires qui sont 40% plus chers en Martinique. En marge de ce mouvement, l'île a été secouée par des violences urbaines qui ont amené la préfecture à instaurer un couvre-feu nocturne, désormais levé, dans certains quartiers de Fort-de-France et de la commune limitrophe du Lamentin.
Quatre tables rondes ont été organisées par les autorités depuis le début de la crise, sans issue satisfaisante pour les protestataires. Une cinquième est prévue ce jeudi afin « de présenter le plan d'action » des autorités, a annoncé la préfecture.
Regain de tension ce mercredi soir
Sur place, et après plusieurs semaines de relative accalmie, les violences urbaines reprennent dans de nombreuses communes de l’île. À Rivière-Salée, la tension semble à son comble. Après avoir installé un barrage dans le rond-point qui sert d'entrée au bourg de la commune depuis la RN5, un groupe d'individus a érigé des barricades dans le centre-ville saléen.
Sur des vidéos visibles sur les réseaux sociaux, on voit les assaillants jeter abondamment des pierres, des cocktails molotov et d'autres objets en direction des gendarmes et de la gendarmerie. Des gendarmes auraient reçu des bombes artisanales à base d'acide, lors de ces affrontements. Le bâtiment de la gendarmerie serait directement visé par des jets de projectiles enflammés. L’hélicoptère a été mobilisé en renfort.
Grosse tension à Fort-de-France, circulation difficile sur la Rocade
La situation est également extrêmement tendue à Fort-de-France. Des affrontements entre forces de l'ordre et délinquants ont été signalés. Des incendies ont été allumés sur la Savane, à Sainte-Thérèse ou encore sur la Rocade. D'autres images montrent plusieurs jeunes incendier les véhicules stationnés sur le port de Fort-de-France. « Toutes les voitures sont en feu », assure un auditeur, qui habite en face, à Sainte-Thérèse. « On entend de grosses explosions ». Au niveau de La Joyau et tous les accès au CHU Pierre Zobda Quitman, tous les ronds-points sont entravés, selon un auditeur qui vient de témoigner sur RCI, qui a ouvert son antenne pour une édition spéciale ce soir.
Tirs à balles réelles à Schœlcher
Le rond-point de Batelière à Schœlcher est également en feu. Des tirs à balles réelles ont été signalés, ainsi que de fortes explosions. Des jeunes ont également pris d'assaut le rond-point de Somarec, qui est totalement barré. Au Lamentin, le parc automobile de la société de location UCAR, situé en face de Brasserie-Lorraine, est aussi en feu.
Le sud aussi barré
Au niveau du rond-point de Cocotte à Ducos, un barrage fait de palettes et de VHU a été installé sur la RN5. Au quartier Bac, c'est le parc de véhicules aux enchères qui a été embrasé. Au François, des coups de feu auraient été entendus par des auditeurs. Des abris de bus ont été incendiés. Des individus cagoulés et pour certains armés ont été aperçus sur les routes de la commune. Le supermarché Carrefour Market a été dévalisé puis visé par un début d'incendie, maîtrisé par les pompiers un peu avant minuit.
Samuel Tavernier, le maire, s'est d'abord rendu au rond-point La Martienne avec plusieurs élus, pour discuter avec ceux qui bloquent et épauler les pompiers. Aux Trois-Îlets, un barrage filtrant est installé depuis la mi-journée dans le rond-point du Caraïbe Price. Au Marin, un barrage en feu a été allumé dans le rond-point de la Perle.
Des difficultés aussi dans le Nord
Ce soir, la situation est aussi explosive dans le nord Caraïbe, notamment à Saint-Pierre ou Case-Pilote. Là aussi, des barrages enflammés sont signalés. Le Robert est également concerné par des barrages, au niveau d'Augrain, de Pelletier, ou encore du rond-point du Mac Donald. Le radar de Basse-Pointe a été enflammé.
Avec RCI Martinique et AFP