Guyane : Une marche de la dignité pour les Journées des Peuples autochtones ce mardi

Cérémonie d'ouverture des Journées des Peuples autochtones au village Bellevue d'Iracoubo, en Guyane ©Collectivité territoriale de Guyane

Guyane : Une marche de la dignité pour les Journées des Peuples autochtones ce mardi

Après deux années marquées par la crise sanitaire, les Journées des Peuples autochtones ont fait leur retour cette année en Guyane. Ouvertes ce samedi, elles seront marquées par une marche de la dignité ce mardi.

Cette marche a pour objectif de mettre en avant les revendications des communautés autochtones de Guyane et notamment leur opposition au projet de centrale électrique à proximité du village Prospérité à Mana, précise notre partenaire Radio Peyi. « L’objectif est de rappeler qu’avant les festivités et célébrations, les peuples autochtones veulent afficher une mobilisation politique. Une résistance où il faut occuper l’espace, aller encore plus loin, réaffirmer notre détermination », indique Christophe Pierre, porte-parole de la Jeunesse autochtone.

En Guyane, la Journée internationale des peuples autochtones créée en 1994 par l’ONU entraînera une répercussion particulière en raison des multiples questions qui concernent ces peuples :  le foncier, la culture, la question du suicide et la reconnaissance des droits feront partie des sujets abordés. En 2022, les revendications sont sensiblement les mêmes depuis plus de 30 ans. Les associations des peuples autochtones souhaitent donc poursuivre le travail.

Cette année, les regards seront tournés vers le village Prospérité, à la limite de Mana et de Saint-Laurent qui verra sortir de terre la CEOG (Centrale électrique de l’ouest guyanais). Le chef coutumier du village, Roland Sjebere et l’association Atopo Wipi, s'opposent depuis des mois à l'implantation de cette importante centrale électrique à proximité des habitations qui permettrait d'alimenter des milliers foyers de l'ouest.

Ce mardi, plusieurs associations qui se battent pour les droits des peuples autochtones partiront du village (9h) et marcheront jusqu'à la sous-préfecture de Saint-Laurent. Une marche qui devrait être l’un des moments les plus forts, sinon le plus fort, de cette journée internationale.

Pour Christophe Pierre, derrière le combat du village Prospérité, se cache tous les problèmes du foncier et de la reconnaissance des droits. « Il faut revenir aux sources c’est-à-dire la terre et ne pas se faire avoir par l’État. Prospérité n'est qu'un cas d’école sur la consultation au préalable des peuples autochtones ». Le porte-parole de la Jeunesse autochtone et ancien candidat aux dernières législatives sera présent lors de la marche. Il espère mettre ces questions en avant grâce aux actions prévues lors de la manifestation dans l’ouest.

Une journée de partage culturel

Au-delà des revendications politiques et sociales, l’évènement sera aussi un moment de partage des cultures et traditions des peuples autochtones de Guyane, avec le public. Les représentants des associations et organisations souhaitent également une évaluation du soutien des collectivités destiné à la culture autochtones. « Nous devons aussi évaluer les fonds publics dédiés à la culture autochtone et demander de les réajuster s’il y a un manquement », précise Christophe Pierre.

A Matoury, la Collectivité Territoriale de Guyane, organisatrice de ces Journée, a annoncé l’organisation d’une cérémonie officielle pour célébrer la culture et les traditions autochtones de Guyane. Ce sera dès 6h, toujours ce mardi, au « Monument Chamane ».

Cette 11è édition des Journées des Peuples autochtones se veut un hommage au chef amérindien Sépélou. A ce titre, un mémorial à son nom sera inauguré au cœur du site remarquable de la ville de Cayenne. Aussi, le public est donc invité nombreux à découvrir ou redécouvrir la richesse des cultures autochtones à travers un village artisanal qui sera installé sur la place Léopold Héder à Cayenne, le vendredi 12 août 2022.

La Collectivité Territoriale de Guyane s’engage dans la préservation des savoirs faire artistiques du territoire et la transmission des identités qui leur sont associées. A cet effet, les collections du musée Alexandre-Franconie ont été enrichies de nombreux objets provenant de divers groupes culturels amérindiens de Guyane. Ces événements célébrés en l’honneur des peuples autochtones offrent l’opportunité de faire connaître un large répertoire de créations artisanales mais aussi d’initier le public à un patrimoine vivant.