À Saint-Laurent du Maroni, les élus locaux tirent la sonnette d'alarme face à la recrudescence de l'insécurité. Sous l'impulsion de Sophie Charles, maire de la commune, plusieurs élus ont organisé un sitting devant la sous-préfecture pour exprimer leur ras-le-bol, ce mardi. Cette action symbolique a également reçu le soutien de Gabriel Serville, président de la Collectivité territoriale. Un nouveau courrier sera adressé au ministre de l'intérieur afin d'obtenir un entretien dans les 10 jours.
Sophie Charles avait déjà alerté le gouvernement la semaine précédente sur cette situation préoccupante. Elle déclare au micro de Guyane la 1ère : « Nous savons tous que nous sommes 80.000, mais les forces de l’ordre sont calibrées pour 50.000 habitants, en sachant que sur l’ensemble des forces de l’ordre qui sont ici, 30 % des postes sont vacants. Il est difficile pour nous de comprendre que nous soyons français, en France, et que nous ayons ce sentiment d’insécurité et d’abandon permanent ».
La maire, aux côtés des autres élus, en est à son troisième courrier adressé au Premier ministre cette année. Parmi leurs revendications : le démantèlement des quartiers informels que les élus évoquent comme des refuges pour la criminalité, en particulier pour les criminels venus du Suriname voisin, ainsi qu’un renforcement des effectifs de sécurité.
Gabriel Serville partage ce sentiment d’urgence et de frustration, pointant du doigt un manque de réaction de l’État : « J’ai l’impression que le gouvernement est largement dépassé. Peut-être qu’il entend les cris de colère qui émanent de la Guyane, mais par moment je me demande s’il n’est pas dépassé par les événements, s’il n’est pas en train de perdre le contrôle des affaires de terrain. Vous savez que souvent, on parle de problème de souveraineté nationale qui n’est pas acquise sur le territoire de la Guyane ».
Face à l'urgence de la situation, une réunion de crise s'est tenue à la mi-journée, en présence de plusieurs représentants, dont le président des maires guyanais, des députés et la sénatrice de la région. Sophie Charles a de nouveau exprimé son inquiétude : « Nous avons en tant qu’élus, demandé un certain nombre de choses. On est aujourd’hui sur une année où deux élus se sont déjà fait agresser, un élu par balle en janvier, et le doyen des élus du conseil municipal qui s’est fait agresser et ligoter chez lui avec son épouse. Nous sommes sur des meurtres qui ont lieu de jour comme de nuit, la population elle-même est agressée en permanence ».
À l’issue de la réunion, la décision a été prise d’envoyer un nouveau courrier dans les 48 heures au ministre de l’Intérieur, demandant expressément à être reçus dans un délai de dix jours pour discuter de solutions concrètes. La situation sécuritaire à Saint-Laurent-du-Maroni est particulièrement préoccupante. En effet, selon les données disponibles, 25 % des vols à main armée en zone gendarmerie sur l’ensemble du territoire français sont commis dans la seule commune de Saint-Laurent-du-Maroni. Bien que le ratio de gendarmes par habitant soit plus élevé que dans l’Hexagone (un gendarme pour 250 habitants, soit trois fois plus), la criminalité ne cesse d’augmenter dans l’ouest de la Guyane.
Les élus locaux espèrent qu’une réponse rapide du gouvernement permettra de contenir cette crise et de restaurer la sécurité et la confiance de la population.
Damien Chaillot