L’ARS de Guyane a annoncé le lancement d’une campagne de rattrapage vaccinal contre la poliomyélite dans les communes de Cayenne, Rémire-Montjoly, Matoury et Saint-Georges. Cette initiative fait suite à la détection du poliovirus dérivé d’une souche vaccinale dans des échantillons d’eaux usées prélevés en juin et août, dans le cadre d’un projet de recherche sur la surveillance environnementale. Aucun cas de poliomyélite n’a toutefois été signalé sur le territoire guyanais à ce jour. En parallèle, l’ARS prépare un programme de surveillance environnementale d’un an sur les eaux usées.
La campagne vise principalement les élèves de maternelle, de cours préparatoire (CP) et de classe de cinquième, pour un total de 13 125 enfants. Ces tranches d’âge ont été choisies afin de correspondre au calendrier vaccinal, qui prévoit des rappels à 6 ans et entre 11 et 13 ans. Le retard dans l’administration du vaccin chez les jeunes enfants est également une des raisons de cette sélection.
Les parents des élèves concernés ont été invités à remettre le carnet de vaccination de leur enfant aux établissements scolaires. Durant les deux prochaines semaines, le statut vaccinal de chaque enfant sera vérifié par des professionnels de santé, en collaboration avec l’Éducation nationale, le service de santé préscolaire de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG), des étudiants infirmiers, ainsi que des volontaires de la Croix-Blanche et de l’état-major interministériel de zone.
En plus du vaccin contre la poliomyélite, d’autres vaccins obligatoires seront contrôlés, notamment ceux contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche (DTCP), l’hépatite B, le BCG, le ROR (rougeole, oreillons, rubéole), la fièvre jaune, et le méningocoque de type C. Les carnets de vaccination seront restitués aux parents avant les vacances de la Toussaint. Un rattrapage vaccinal sera proposé aux enfants dont le statut est incomplet, sous réserve de l’accord parental.
L’ARS recommande également à l’ensemble de la population de vérifier leur statut vaccinal auprès de leur médecin, en pharmacie, ou auprès d’un professionnel de santé, et invite les professionnels de santé à prêter une attention particulière à la mise à jour du statut DTP de leurs patients. Cette campagne s’inscrit dans les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de prévention contre la poliomyélite, un virus qui, bien que rare en France, reste une menace dans certaines régions du monde.
Une surveillance environnementale pendant un an
Dans le cadre d’un projet de recherche sur la surveillance environnementale du poliovirus, un lot d’échantillons d’eaux usées de Guyane a révélé la présence du poliovirus dérivé de souche vaccinale. Ces traces ont été détectées dans les stations d’épuration de Cayenne, de Saint-Georges et dans une lagune de Rémire-Montjoly. Cette découverte a conduit l’Agence régionale de santé à préparer un programme de surveillance environnementale.
Ce sont 22 dispositifs de traitements des eaux usées de plus de 200 équivalents-habitants qui seront surveillés au moins une fois par mois pendant au moins un an. Cela couvrira entre 90 000 et 150 000 habitants. Ces lagunes et stations à boue activée sont situées à Cayenne, Rémire-Montjoly, Matoury, Roura, Montsinéry-Tonnégrande, Macouria, Kourou, Sinnamary, Mana, Saint-Laurent du Maroni, Apatou, Maripasoula et Saint-Georges.
L’Institut Pasteur de Guyane, qui se charge déjà de la surveillance physico-chimique des eaux usées, recherchera également le virus de la polio pendant cette période. Le Centre national de référence du poliovirus, à Paris, réalisera également des analyses comparatives. Les résultats permettront de décider d’éventuelles autres actions.
Damien Chaillot