Des élus locaux guyanais ont acté l'abandon d'un projet controversé de déplacement d'une décharge dont l'emplacement choisi, à proximité notamment d'une société de pompage et d'embouteillage d'eau, inquiétait particulièrement ses exploitants, a-t-on appris samedi auprès des différentes parties.
Vendredi, les élus de la Communauté d'agglomération du Centre-Littoral (CACL), qui regroupe certaines des communes les plus peuplées de Guyane, ont acté l'abandon du projet qui devait s'implanter près de l'usine Dilo et décidé de l'installation de cette zone de stockage de déchets non dangereux (ISDND) sur un autre site non encore sélectionné.
« C'est un soulagement, on a été entendu », s'est réjoui auprès de l'AFP Georges Euzet, le directeur de l'usine Dilo. Fondée en 1999 par l'ex-footballeur international guyanais Bernard Lama, l'entreprise qui emploie 19 personnes, s'inquiétait de l'implantation du projet d'ISDND à 4,5 km de son site de pompage. Outre une éventuelle pollution, la direction craignait que cette proximité écorne l'image de Dilo.
« S'il y a le moindre doute sur la qualité de nos produits, leur valeur s'effondre », s'alarmait Georges Euzet en juin 2023. Selon le rapport issu de la séance plénière, que l'AFP a pu consulter, l'opposition de l'industriel et la non-modification du schéma d'aménagement régional par la Collectivité territoriale de Guyane (CTG), ont eu raison du projet qui devait absorber 70 000 tonnes de déchets par an.
« C'est du temps perdu », a déploré Kenny Chen-Tung, vice-président de la commission environnement-déchets à la CACL. Pour lui, « la CTG a fait tarder ». Mais les élus sont pressés car l'actuelle ISDND est saturée. Sur sa page internet, la CACL rappelle que l'installation « devra fermer dès 2025 ». Devant le retard accumulé, la capacité de stockage a néanmoins été adaptée pour pouvoir fonctionner jusqu'en 2027.
Le projet de nouveau site va de pair avec une unité de valorisation énergétique qui permettra de réduire le volume de déchets tout en produisant de l'énergie. Plusieurs possibilités s'offrent désormais à la CACL : la recherche d'un nouveau site, ce qui allongerait les délais car il faudrait monter le dossier et réaliser les expertises ad hoc ; ou l'étude d'un site déjà qualifié lors des précédentes prospections. Les délais seraient alors plus courts, « 12 à 18 mois », a précisé Kenny Chen-Tung.
Avec AFP