Après une année d'exercice comme vice-président de la Collectivité territoriale de Guyane délégué au développement économique et au tourisme, Jean-Luc Le West fait un point d'étape sur les dossiers économiques marquants des derniers mois écoulés. Pour Outremers 360,  il nous confie ses objectifs, son ambition et les chantiers économiques et touristiques qu'il compte mener dès la rentrée prochaine.

Outremers 360 : Vous êtes arrivé à la Collectivité territoriale de Guyane en tant que Vice-président de la Collectivité territoriale de Guyane délégué au développement économique et au tourisme il y a un an. Que retenez-vous de cette première année d'exercice? 

Ce point d'étape est bien sûr pour commencer sur le plan économique. Donc, sur le plan économique, il y a eu le premier dispositif que nous avons mis en place avec les équipes qui m'accompagnent, selon le plan de relance 2022. Ce plan de relance 2022 déjà dans une première action le renforcement de l'accompagnement des entreprises. Cela représente un coût d'1 million 500 avec le déploiement des chèques conseils et innovation. Ce dispositif repose sur l'accompagnement des entreprises dans la structuration de leurs projets. Aujourd'hui, nous avons besoin de projets véritablement. Nous aidons les porteurs de projets à maturer leurs projets, leurs produits économiques. Avec le chèque-conseil et le chèque innovation, nous les accompagnons. Il suffit qu'ils se présentent dans une de nos agences agréées. Les entreprises peuvent être ainsi accompagnées jusqu'à un montant de 5000 euros.

Nous avons ensuite noué une convention de partenariat avec la Chambre de commerce et d'industrie de la Guyane pour les accompagner dans leur accompagnement des entreprises. Nous avons également une convention avec la Chambre des métiers, mis en place la stratégie territoriale de l'accompagnement des entreprises avec GDI (Guyane Développement Innovation), un acteur important GDI, qui joue un rôle de coordinateur. Nous avons concrétisé la mise en construction d'un guichet unique. Désormais, nous souhaitons que chaque porteur de projet puisse se rendre dans ce guichet unique. 

Ce guichet permettra à n'importe quel porteur d'accéder aux dispositifs financiers qui correspondent aux projets qu'il souhaite développer, de pouvoir remplir son dossier en ligne, de pouvoir converser en ligne, d'avoir un interlocuteur unique. Ce guichet unique, nous permettra de notre côté de centraliser toutes les demandes d'accompagnement sur le plan économique, qu'il s'agisse des fonds européens, des fonds propres CTG et tous les différents fonds qui puissent exister dans ce domaine.

Notre deuxième action porte sur le renforcement de l'appui à la digitalisation. Pour de nombreuses entreprises, améliorer leur rentabilité passe par se digitaliser. Ce plan de relance 2022 permet véritablement de favoriser la numérisation des entreprises. Au niveau de la CTG, nous avons créé un chèque numérique dans lequel la Collectivité territoriale peut accompagner financièrement toute entreprise souhaitant se digitaliser, se numériser.

Et puis, il y a le lancement d'une marketplace, une vraie vitrine des produits guyanais. Cette Marketplace a pour ambition de mettre en valeur la Marque Guyane au sein même du développement économique. Cette marque Guyane doit exister pour pouvoir valoriser et rendre notre territoire beaucoup plus attractif.

La troisième action est le renforcement du soutien des programmes d'investissement aux entreprises d'un montant de 11 millions d'euros. Ce sont des subventions classiques qui peuvent être plafonnées jusqu'à 90 % d'aides publiques sur 2022, notamment dans les secteurs d'activités qui ont particulièrement souffert pendant la crise (l'hôtellerie, la restauration, l'événementiel). Ces secteurs qui ont beaucoup souffert et ayant des nouveaux projets ou des projets d'innovation peuvent prétendre à ce programme de soutien à l'investissement. Cela n'est pas négligeable et nous souhaitons vraiment aider les entreprises à se relancer véritablement.

Puis, vous avez un fonds dédié spécifiquement au tourisme qui a été fait. Je pense qu'il y a véritablement besoin de relancer cette économie, ce secteur d'activité qui peut être porteur d'emplois, porteur de développement économique. C'est une vraie plus-value pour le territoire car aujourd'hui on peut faire du tourisme durable et véritablement favoriser le développement de cette filière. Nous avons réussi à inscrire des fonds spécifiques pour ce secteur d'activité.

Et puis avec Alyse Guyane Pole véritable opérateur capital risque de la Collectivité Territoriale. Il s'agit d'une société de droit privé dont j'ai l'honneur et le privilège de présider depuis le mois de décembre et dont l'un des actionnaires principaux est la Collectivité territoriale de Guyane. Ce fonds permet à la CTG de rentrer dans le capital des entreprises à hauteur de 40%. Il s'agit de redynamiser en termes de cash mais aussi de prêter à des entreprises qui sont en difficulté, pour se relancer. Lors de la dernière assemblée, nous avons voté une recapitalisation de l'ordre de 10 millions d'euros afin d'accompagner davantage d'entreprises, d'avoir l'audace d'être à moyen ou long terme la banque capitaliste du territoire. C'est notre ambition. Pour rappel, lors de mon arrivée, Alyse Guyane avait pour bilan d'avoir accompagné trois entreprises aidées en deux ans. Depuis décembre, nous en sommes à 12 entreprises accompagnées. Alyse Guyane possède l'avantage de ne pas disposer de critères d'éligibilité. Elle est ouverte à tous secteurs d'activités et de filières. Nous aidons aussi bien les entreprises en création, en difficulté ou en restructuration. 

Nous avons organisé une conférence banques-entreprises ou étaient conviés dans trois séances de travail distinctes, les banques, les socioprofessionnels, les services de l'Etat avec trois banques étatiques en Guyane qui sont la BPI, la Banque des territoires et l'AFD. Alors, même si aujourd'hui la relance bancaire n'est pas vraiment au rendez vous. Jamais les comptes bancaires des indépendants, des personnes ont été aussi hauts, puisque les personnes n'ont pas pu consommé.

J'ai entamé aux côtés de mon collègue délégué à la fiscalité des travaux sur l'octroi de mer, les travaux sur la réforme du code minier. Invité par mon collègue délégué à l'Agriculture, nous avons participé à ses côtés au Salon International de l'Agriculture, ainsi que la Foire de Paris.

Aujourd'hui comme regrets, j'aurais souhaité une plus importante cohésion entre le monde socio-économique et nous. Il est important qu'on puisse tisser cette toile pour pouvoir évoluer et que chacun puisse se faire des propositions. Selon moi, c'est en s'unissant ensemble qu'on parviendra à se développer

Concernant le tourisme, nous avons travaillé sur la redynamisation du Conseil d'administration en déléguant aux administrateurs des fonctions-clés de l'administration du comité du Tourisme sur le renforcement de la redynamisation du conseil d'administration en déléguant. Aux administrateurs. Le but, est le renforcement de la structuration des produits touristiques, une promotion renforcée de la destination Guyane Amazonie française, TOP Resa 2021 qui a vu le retour en force destination Guyane au premier plan des destinations du tourisme durable.

Il y a aussi un renforcement des liens avec la culture avec l'élu délégué Monsieur Emmanuel Prince, opérations de soutien, manifestations communes, renforcement avec des liens avec le transport avec l'élu au transport Chester Léonce (développement des lignes aériennes à partir de la Guyane, accords promotionnels avec des compagnies aériennes Air France et Air Caraïbes et mise à l'étude d'une convention de partenariat avec Air Guyane).

L'objectif est de faire de la Guyane la porte d'entrée européenne en Amérique du Sud.Les principaux renforcements de liens ont été avec Atout France et l'équipe de Didier Birono, qui reprend sa place de membre associé du Conseil d'administration du Comité du Tourisme. Il propose un apport budgétaire à partir de 2023 dans le volet Promotion. 

Le renforcement des liens de partenariat avec le Centre National Etudes spatiales qui redevient un membre associé du comité de tourisme avec un apport budgétaire dès 2023. Cela représente une somme d'à peu près de 200 000 euros pour une période de six ans (1,2 million d'euros).

Nous avons créé une transversalité avec le pôle européen administré par Thibault-Lechat-Vega, vice-président aux affaires européennes. Cela aboutit à la création d'une ligne budgétaire Tourisme pour le PO 2023-2028. Avant cette action, la Guyane était le seul département d'outre mer à ne pas avoir une ligne PO au tourisme. 

L'objectif est de faire de la Guyane la porte d'entrée européenne en Amérique du Sud

Outremers 360 : Quels seront vos grands chantiers pour la prochaine rentrée? Quels axes souhaitez-vous approfondir? 

Il  y a la mise en oeuvre du Schéma régional de développement économique, d'innovation et d'internationalisation qui a été voté récemment. Cependant, tout le travail reste à faire. Nous devons mener un travail de concertation avec les EPCI, les chambres consulaires, les associations professionnelles et l'État. Il faudra aussi mettre en place un calendrier de rencontres avec les associations professionnelles.

Je me suis beaucoup intéressé au développement économique de la filière bois à travers plusieurs réunions en jouant l'interface entre l'interprofession et l'ONF. Les discussions avec l'ONF doivent se poursuivre ». Une conférence sur l'alimentation en bois-énergie destinée à la biomasse est prévue à la rentrée dès septembre. Il est important pour nous que les plans d'alimentation soient clairement définis avant d'accorder des crédits supplémentaires à la construction d'usines de biomasse. Il n'est pas question d'importer des granulés de bois de l'étranger, mais davantage développer notre filière bois-énergie à destination de la biomasse.

Nous avons un projet de développement portuaire dans l'Ouest guyanais mené aux côtés de la Communauté des communes de l'Ouest Guyanais (CCOG),en collaboration avec le Grand Port Maritime. L'objectif est de désenclaver ce port et développer le cabotage entre le Port de Degrad-des-Port et le futur port à Saint-Laurent du Maroni. Cela permettrait d'arrêter d'emprunter les voies routières.

Nous souhaiterons accompagner le projet de développement autour de l'économie sociale et solidaire avec l'élue déléguée, Madame Violaine Machichi-Prost.

Sur le plan de la promotion de la destination, plusieurs rendez-vous sont programmés pour ce second semestre 2022. D'abord, il y a le Salon du tourisme et des loisirs de la Guyane en septembre 2022. Habituellement, ce salon a pour habitude d'être tenu au mois d'avril-mai. se tiendra de manière exceptionnelle au mois de septembre. 

J'accorde une grande importance à la valeur travail et à la reconnaissance par le travail

Nous sommes également invités par le Cnes à participer au salon de l'Astronomie. Ils ont souhaité qu'un stand Guyane pour montrer que tourisme et spatial soient montrés lors de ce salon. 

Dans la foulée de cet événement, nous participerons  à Top Resa 2022, prévu à la fin du mois de septembre. 

En 2023, il y a aura le Salon de la Gastronomie guyanaise avec l'Association des cuisinières de Guyane.

Également dès l'année prochaine, sous la houlette du président de la commission Promotion François Duboulay et de la présidente de la commission Formation Violaine Machichi-Prost, nous allons travailler sur un plan d'action, de promotion et de formation qui paraîtra fin 2023.

Outremers 360 :Quelle sera votre leitmotiv, votre vision pour accomplir tous ces chantiers?

En tant que Guyanais, je suis convaincu que l'on peut atteindre l'ambition que nous nous sommes fixés si nous travaillons en concertation avec l'ensemble des acteurs de la société civile, du monde économique et du monde politique. 

Ma volonté est de rétablir un équilibre économique entre les différentes classes économiques et parvenir à un rééquilibrage économique du territoire. Il n'y a aucune fierté à être dans un éxécutif où 54% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Cela m'est insupportable de savoir que des travailleurs guyanais n'arrivent pas à s'en sortir. J'accorde une grande importance à la valeur travail et à la reconnaissance par le travail.