1ère édition de « Un Champ d’Îles » : Un premier rendez-vous à Marseille pour donner de la visibilité aux artistes ultramarins du champ des arts visuels dans l’hexagone

1ère édition de « Un Champ d’Îles » : Un premier rendez-vous à Marseille pour donner de la visibilité aux artistes ultramarins du champ des arts visuels dans l’hexagone

Portée par la Friche La Belle de Mai à Marseille en partenariat notamment avec le FRAC Réunion, la 1ère édition de « Un Champ d’Îles », un temps fort dédié aux artistes du champ des arts visuels des territoires ultramarins, investira la friche de Marseille du 2 février au 2 juin 2024. Au programme : expositions collectives, performance, résidence, rencontres professionnelles, littérature et musique. Un évènement d’envergure pour donner plus de visibilité aux nouvelles générations d’artistes ultramarins en mal de reconnaissance et de structures d’accueil dans l’hexagone. 

Depuis 2009 où à la Grande Halle de la Villette avait été présentée l’exposition « Kréyol Factory » qui réunissait les œuvres de 60 artistes contemporains, dont de bon nombre d’ultramarins, sur le thème de la créolité, très peu d’évènements de cette envergure susceptibles de donner de la visibilité aux nouvelles générations d’artistes ultramarins dans l’hexagone se sont produits. 

Si dans le spectacle vivant, on peut aujourd’hui faire référence à quelques festivals importants qui perdurent à l’instar de TOMA à la Chapelle du Verbe Incarné en Avignon porté l’acteur, metteur en scène et producteur guadeloupéen Greg Germain ou encore le Mois Kréyol en Ile-de-France, dans quelques villes de l’hexagone et en outre-mer à l’initiative duquel on trouve la chorégraphe guadeloupéenne Chantal Loïal, dans le domaine des arts visuels peu d’évènement d’importance existe en France hexagonale pour renforcer la présence de ces scènes ultramarines pourtant en plein essor.

Un parcours du combattant pour nombre d’artistes ultramarins 

Même si, en dépit de ce manque criant de structure d’accueil et absence de visibilité quelques figures d’origine ultramarine sont parvenues toutefois à émerger ces dernières années telles l’artiste-plasticien Julien Creuzet, la sculptrice et photographe d’origine haïtienne Gaëlle Choisne ou encore l’artiste décorateur et plasticien guadeloupéen Kenny Dunkan, mais pour la plupart de ces artistes du champ de l’art visuel, le chemin pour réussir à exposer leur travail s’avère tortueux et s’apparente à un parcours du combattant. Au point qu’ils se tournent vers d’autres rendez-vous de la création contemporaine notamment en Afrique (Biennale de Dakar, Rencontres photographiques de Bam ako…) où ils sont bien accueillis et peuvent constituer une communauté professionnelle transnationale et solidaire.

D’autres font le choix de rester dans leurs régions d’origine encouragés par l’efficience de plus en plus grande des structures d’accueil et de formation et les filières devenues plus performantes, s’affranchissant ainsi de la relation avec l’hexagone. Trouvant sur place des structures adéquates et appropriées (écoles et centres d’art indépendants, galeries, documents d’artistes à l’exemple de La Réunion), les artistes ultramarins préfèrent rester travailler dans leur espace culturel géographique : les Caraïbes et l’Amérique du sud pour les Antillo-Guyanais, l’océan indien et le continent africain pour les Réunionnais et les Mahorais. 

Pacte pour la visibilité des outre-mer

Alertées par cet état de fait et par ce sentiment de non –reconnaissance ressenti par les Ultramarins en général et par les artistes en particulier, les autorités publiques, à travers les ministères des outre-mer et de la Culture, ont signé un Pacte pour la visibilité des outre-mer. C’est dans cet esprit que s’inscrit « Un champ d’Iles » en référence au poème du penseur, philosophe et poète martiniquais Edouard Glissant, fondateur par ailleurs des concepts de la créolisation et du « Tout Monde » avec une 1ère édition portée par la Friche La Belle de mai à Marseille en partenariat avec le Frac Réunion (fonds régional d’art contemporain), la Fraeme et le Centre Triangle – Astérides. 

Au programme de cette 1ère édition qui s’étalera du 2 février au 2 juin 2024 plusieurs temps forts : deux expositions collectives, dont « Astèr Atèrla » qui invite à la rencontre d’une trentaine d’artistes actifs et actives à La Réunion et « Des grains de poussière sur la mer », une exposition qui rassemble les œuvres de 26 artistes issus de la Guadeloupe, de la Martinique, de Guyane et d’Haïti et défie une image coloniale en prenant parti de présenter des travaux d’une densité et d’une matérialité fortes.

Inscrire durablement cet évènement dans la saison culturelle de l’hexagone

Autre temps forts avec des rencontres baptisées « Loin ne veut pas dire petit » qui offriront à travers quatre tables rondes une polyphonie de voix, langages imaginaires d’artistes, de poètes, d’opérateurs culturels et chercheurs de Guadeloupe, Guyane, Martinique, Réunion, Mayotte, Nouvelle-Calédonie et Polynésie française.

« Un champ d’Îles », c’est aussi des performances intitulées « Co/Mission grande conspiration » comprenant une programmation de vidéos et de performances animées par le chercheur guyanais Paul-Aimé William avec les artistes Alice Dubou, Gwladys Gambie et le curateur David Démétrius. C’est encore du cinéma avec les « Routes de la Transe », un voyage immersif dans les musiques et les cultures traditionnelles des peuples du sud à travers le nouveau web documentaire de Sisygambis et le pôle culture du centre universitaire de Mayotte. 

A la lumière de la programmation de cette 1ère édition, il faut espérer que « Un champ d’Iles » s’inscrive durablement dans le calendrier de la saison culturelle de l’hexagone afin de rendre plus visibles ces artistes du champ d’arts visuels et permettre aux visiteurs hexagonaux de découvrir les scènes ultramarines pour ne pas « demeurer à [leurs] frontières », comme le dirait Edouard Glissant. 

E.B.

« Un Champ d’Iles »

Du 2 février au 2 juin 2024

La Friche La Belle de mai

41, rue Jobin ou 12, rue François Simon

13003 Marseille

Tél :  +33 (0) 4 95 04 95 95