Le Congrès de la Nouvelle-Calédonie a adopté, par 39 voix pour, un avis favorable au report des élections provinciales à juin 2026 au plus tard. L’occasion surtout pour les groupes politiques de revenir sur leurs positions respectives sur l’accord de Bougival.
Ces élections, qui permettent de renouveler les assemblées des trois provinces calédoniennes puis le Congrès de Nouvelle-Calédonie, ont été une première fois reportées à fin 2024 puis à novembre 2025. Ce nouveau report, décidé dans le cadre de l’accord signé à Bougival en juillet, sera examiné dans un projet de loi organique, au Sénat à partir de fin septembre, puis à l’Assemblée nationale.
Les prochaines élections provinciales devraient donc se tenir en juin prochain, au plus tard, et après la consultation sur l’accord de Bougival, prévu en février. Pour le député loyaliste Nicolas Metzdorf, cet avis favorable est « la première étape pour la mise en œuvre de Bougival » et « va clairement aider les parlementaires à faire leur choix ».
« Un troisième report (des élections) fondé sur un accord que le FLNKS ne reconnaît pas franchit une ligne rouge », a déclaré au cours des débats Pierre-Chanel Tutugoro, le président du groupe UC-FLNKS, tout en se disant « ouvert à la discussion ». Après l'avoir signé en juillet dernier, le FLNKS s'est finalement opposé à l'accord, et réclame le maintien des provinciales en novembre. « Bougival, c'est un projet d'accord. On a pris le mauvais chemin, il faut faire marche arrière », a-t-il ajouté.
Interrogé la semaine dernière par la commission des Lois du Sénat, le député indépendantiste Emmanuel Tjibaou avait plaidé le maintien de ces échéances au 30 novembre pour redonner « une légitimité claire aux institutions ».
« Cet accord n'est pas parfait » a concédé Jean-Pierre Djaiwe pour le groupe indépendantiste UNI, favorable au report des provinciales, avec Calédonie ensemble, l’Éveil océanien et Les Loyalistes. « Il y a un certain nombre de sujets que nous avons identifiés (…) et qui devraient être améliorés dans le cadre de la discussion sur la loi organique spéciale » a-t-il ajouté, appelant le FLNKS à « réintégrer les discussions ».
Philippe Gomès (Calédonie ensemble) a aussi plaidé en faveur d’un complément à l’accord qui répondrait à « certaines attentes des indépendantistes » pour, là également, ramener le FLNKS autour de la table des discussions. « Réintégrer le FLNKS dans le dialogue sur le projet d’accord doit être considéré comme un impératif ».
« Le FLNKS doit revenir à la raison », a déclaré Virginie Ruffenach pour Le Rassemblement-LR, « et rentrer à nouveau dans la discussion avec l’ensemble des partenaires ». Pour la présidente de la province Sud Sonia Backès (Les Loyalistes) « ces élections ne peuvent pas être organisées » en novembre, « parce qu’il n’y a pas de corps électoral valide ». La cheffe de file des Loyalistes, s'est dite « évidemment d'accord pour apporter les éclairages nécessaires pour que cet accord soit partagé par le plus grand nombre », tout en fustigeant la volte-face du FLNKS.
Le texte signé le 12 juillet à Bougival (Yvelines) prévoit la création d'un « État de Nouvelle-Calédonie » susceptible d'obtenir des compétences régaliennes. Mais il a ensuite été rejeté par le FLNKS, ses militants estimant notamment qu'il ne va pas assez loin en matière de souveraineté et dans la reconnaissance du peuple kanak.
Avec Les Nouvelles Calédoniennes