Mayotte : Deux pelotons de gendarmes mobiles et 10 enquêteurs envoyés en renfort

Mayotte : Deux pelotons de gendarmes mobiles et 10 enquêteurs envoyés en renfort

Illustration ©Ministère de l’Intérieur / DICOM / J. Rocha

Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a annoncé lundi soir sur les réseaux sociaux que deux pelotons de gendarmes mobiles et 10 enquêteurs allaient être envoyés à Mayotte après des violences survenues durant le week-end.

« Face aux violences de ce week-end, avec Gérald Darmanin, nous avons décidé de l’envoi à Mayotte de deux pelotons de gendarmes mobiles. Ces renforts seront complétés d’une task force judiciaire de 10 enquêteurs afin d’interpeller au plus vite les auteurs de ces crimes », a-t-il indiqué dans un tweet. Trois personnes ont été assassinées à l’arme blanche en trois jours à Mayotte, dont deux adolescents de 15 et 14 ans, et plusieurs habitations ont été détruites lors d’incidents qui ont réveillé les inquiétudes des habitants, excédés par l’insécurité.

Les associations des parents d’élèves du lycée et des collèges de Petite Terre avaient appelé à une « journée morte » lundi dans les établissements, pour dire leur « sentiment d’abandon face à cette poussée de violence extrême » ayant des répercussions sur les enfants. Le maire de Pamandzi sur Petite Terre a rejoint l’initiative et appelé les parents d’élèves à ne pas envoyer leurs enfants dans les établissements scolaires.

Lire aussi : À Mayotte, le « choc » après l’assassinat de trois personnes en trois jours sur Petite Terre

« Dans les domiciles, dans les quartiers et les villages, dans les écoles, sur les routes, dans les entreprises, les habitants vivent la boule au ventre. En quelques années, Mayotte a évolué d’un territoire des plus paisibles à la région où le taux d’homicide par habitant est le plus élevé d’Europe (Eurostat 2020 – 5,3 homicides pour 100 000 habitants contre 0,7 en moyenne en Europe) », ont déploré les quatre parlementaires de l’île, le président de Conseil départemental et le président de l’Association des maires dans un courrier commun.

« Indifférence »

Les élus de l’île ont dénoncé « l’indifférence d’une partie des autorités politiques et administratives nationales vis-à-vis des Français de Mayotte », après les « reports successifs (…) d’importantes visites ministérielles pour annoncer les mesures nécessaires et la montée en puissance des moyens de lutte contre l’insécurité et l’immigration clandestine ». « Le gouvernement (…) se doit d’agir sans délai et avec résolution en matière de lutte contre les bandes violentes armées qui accablent les populations du 101ème département », ont-ils exhorté.

« Les Maires des Outre-Mer sont préoccupés et suivent avec intérêt les préconisations que votre gouvernement entend mettre en œuvre pour rassurer les élus, rassurer la population et ramener la sérénité dans ce département », a déclaré l’Association des Communes et Collectivités d’Outre-mer (ACCD’OM) dans un courrier au Premier ministre Jean Castex. « Les élus locaux ont déjà attiré votre attention à plusieurs reprises et il semblerait, à la lecture de leurs demandes et surtout de l’évolution de la situation, que les moyens mis en œuvre sont, soit insuffisants, soit inadaptés », constate l’association qui appelle le chef du gouvernement à « prendre les décisions qui s’imposent ».

Les violences sont le lot quasi quotidien de Mayotte, département où les trois quarts de la population (77%) vivent sous le seuil de pauvreté national, et où près de la moitié des habitants ont moins de 18 ans. Selon l’Insee, la moitié de la population est de nationalité étrangère, dont une grande majorité vit clandestinement sur le territoire.

Avec AFP.