Justine Bénin, coordonnatrice interministérielle contre les violences faites aux femmes en Outre-mer : « Etre à l'écoute et entendre les victimes et les acteurs de terrain pour agir efficacement contre ce fléau»

Justine Bénin, coordonnatrice interministérielle contre les violences faites aux femmes en Outre-mer : « Etre à l'écoute et entendre les victimes et les acteurs de terrain pour agir efficacement contre ce fléau»

Le 17 juin dernier, l'ancienne députée de la Guadeloupe et ancienne Secrétaire d'Etat à la Mer a été nommée par décret ministériel « Coordonnatrice interministérielle de la lutte contre les violences faites aux femmes en Outre-mer. Trois mois après sa nomination, elle revient pour Outremers 360 sur sa mission, ses premiers déplacements et sa détermination à fédérer et à avancer ensemble pour enrayer ce phénomène de violence dans les territoires ultramarins. 


En Outre-mer les violences faites aux femmes constituent un véritable fléau. La Guadeloupéenne Justine Bénin, récemment nommée coordonnatrice interministérielle sur ce sujet mesure la responsabilité qui est la sienne. « C'est une mission essentielle et importante pour l'ensemble des territoires des Outre-mer. Parmi mes missions, il s'agit d'abord de faire un diagnostic, un état des lieux mais aussi de travailler à coordonner l'ensemble du travail du réseau d'associations d'aides aux victimes, des associations qui travaillent dans la proximité avec l'ensemble des femmes, des victimes, de tous les acteurs ultramarins œuvrant dans la lutte contre les violences faites aux femmes : la police, la gendarmerie, les hébergements d'urgence et bien d'autres. Il faut noter que la problématique des violences faites aux femmes englobe un périmètre d'action très large. Les violences faites aux femmes concernent les violences psychologiques, physiques qui ont lieu soit dans la cellule familiale, soit dans le milieu professionnel, mais aussi le harcèlement sexuel ou les propos sexistes, la prostitution, les mutilations génitales... Autant de sujets qui montrent que le travail est colossal. Aujourd'hui, les violences faites aux femmes sont nombreuses et partout. Si la parole se libère cela est malheureusement insuffisant. Il est indispensable de mettre un terme au silence qui enferme les victimes dans la souffrance.»

La coordonnatrice interministérielle Justine Bénin a déjà pris la mesure d'un grand nombre de problématiques auxquelles elle souhaite apporter des réponses concrètes dans le cadre de son rapport et d'actions au coeur des territoires. « Nous avons par exemple les problématiques linguistiques autour du dispositif 3919 ou de la prise en charge humaine et rapide des victimes et de leur sécurisation. Des propositions émergent déjà. Elles sont issues des acteurs de terrain. Je pense notamment à la Maison des femmes à Saint-Martin où je vais me rendre dès demain. Ce déplacement sera le point de départ de mes rencontres, de mes échanges dans l'ensemble des territoires ultramarins.»

Hormis la structuration d'un réseau entre les acteurs concernés des territoires ultramarins, Justine Bénin devra également piloter la création d'un observatoire outre-mer des violences faites aux femmes. " Les observatoires existent à La Réunion, à La Martinique, en Nouvelle-Calédonie, en Guadeloupe, mais nous devons aller plus loin. L'observatoire de la violence faites aux femmes en Outre-mer, et sur lequel je travaille actuellement, devra permettre d'obtenir des chiffres clairs et fiables sur la réalité de la situation dans chacun des territoires. Il contribuera ainsi à une plus grande efficacité des actions et une meilleure cohérence des différents dispositifs. Il sera un outil au service des victimes."

Tout au long de sa mission et de ses déplacements, Justine Bénin portera une grande attention aux remontées issues des territoires ultramarins. «Je ne suis pas là pour faire des discours. Ma volonté est de voir les dispositifs et actions qui fonctionnent, de travailler sur les mesures à améliorer, afin d'aller plus loin et être plus efficace dans la lutte contre les violences faites aux femmes, en symbiose avec les acteurs ultramarins. Sur ce point, je veux notamment saluer le travail et l'engagement des bénévoles qui oeuvrent avec courage et détermination. Ce sont les premières mains tendues vers les femmes victimes de violences, les familles en grandes difficulté. Ma méthode de travail est d'aller écouter et entendre tous les acteurs pour mettre en place de la cohérence dans les actions pour que nous puissions agir efficacement contre ce fléau qui sévit dans nos territoires», conclut la coordinatrice interministérielle contre les violences faites aux femmes Justine Bénin.