Coronavirus : Jean Castex défend l’action de l’État en Guyane et appelle la France à la « vigilance »

Coronavirus : Jean Castex défend l’action de l’État en Guyane et appelle la France à la « vigilance »

©Twitter / Sébastien Lecornu

« La République n’a pas ménagé ses moyens » pour la Guyane et l’épidémie paraît décélérer : le Premier ministre, en visite express dans le territoire ultramarin d’Amérique du Sud confronté au coronavirus, a appelé à la « vigilance » ses habitants et au-delà tous les Français.

Pour son premier déplacement en Outre-mer depuis sa nomination à Matignon, Jean Castex s’est concentré sur la question sanitaire de ce territoire de 300 000 habitants, grand comme le Portugal, où les centres hospitaliers sont en forte tension. La Guyane, « ce n’est pas la porte à côté », a justifié le Premier ministre. Au cours de ses huit heures sur place, il a enchainé au pas de charge les visites, achevées dans un centre de préparation des colis alimentaires.

« Je comprends que la situation épidémiologique semble s’améliorer et c’est heureux », a d’abord salué le chef du gouvernement aux abords du centre interministériel de crise à Cayenne. La Guyane, toujours placée sous état d’urgence sanitaire, comme Mayotte, comptait dimanche 6 102 cas de coronavirus confirmés et 26 décès au total. Elle attend toujours le pic de l’épidémie dans la deuxième quinzaine de juillet.

Le directeur de crise Patrice Latron, arrivé jeudi de Paris, a précisé à l’AFP que « c’est probablement grâce aux mesures de couvre-feu que la situation se stabilise, notamment sur l’ouest de la Guyane et sur le littoral », mais « le centre de gravité de l’épidémie se déplace vers l’ouest ». « La mobilisation de l’État et de l’ensemble des services publics n’est pas étrangère à cette situation » globale d’amélioration, même si « sans doute tout n’a pas été parfait », a admis le Premier ministre, ancien « Monsieur déconfinement ».

« Je peux comprendre l’impatience de la population guyanaise », a ajouté Jean Castex, alors que certains quartiers ou communes ont été reconfinés. « Pourtant il vous faudra rester vigilants », a-t-il averti. Dans l’Hexagone, un certain relâchement dans le respect des gestes barrières a été observé, comme à un concert à Nice samedi soir. « A la France entière », Jean Castex a dit que « rien ne serait pire que nous nous laissions collectivement aller ». A distance, le chef de l’État a tweeté que « les gestes barrières ne sont pas une option », images à l’appui.

« La question de développer » le port du masque est « à l’étude » et concernerait « prioritairement » les lieux clos, a indiqué le Premier ministre, alors qu’une tribune d’une quinzaine de médecins publiée samedi dans le Parisien demande « le masque obligatoire » dans les lieux publics clos.

Accompagné par les ministres Sébastien Lecornu (Outre-mer) et Olivier Véran (Santé), Jean Castex, visage masqué, a visité l’hôpital de Cayenne et exprimé « l’immense gratitude » de la Nation à quelque 150 membres du personnel. Un infirmier l’a interpellé : « la Guyane a quarante ans de retard », « nous voulons encore plus d’aide, ne restez pas un jour » seulement. Olivier Véran a souligné que la Guyane est le territoire « qui teste le plus ».

L’épidémie y a fortement augmenté depuis le déconfinement, alors que le territoire avait été relativement épargné initialement. Depuis mai, en raison notamment de la proximité du Brésil, fortement touché, le virus met à mal le système de santé. Les trois hôpitaux du territoire – Cayenne, Kourou et ouest guyanais -, déjà mobilisés pour la leptospirose ou la dengue, ont déclenché le week-end dernier leurs plans blancs.

Plus d’une centaine de membres de la réserve sanitaire sont sur place et, vendredi, 22 militaires du service de santé des armées et du matériel sont arrivés. Plusieurs évacuations sanitaires de malades ont été réalisées vers Guadeloupe et Martinique, mais les places dans les hôpitaux antillais viennent à manquer.

« Plan de relance sans précédent » pour la Guyane et les Outre-mer 

« Il y a des difficultés structurelles auxquelles j’ai bien l’intention de m’attaquer », comme « l’accès des Guyanais aux services publics et aux soins ou encore à la capacité de l’économie locale à produire de l’emploi et des perspectives », avait affirmé en amont de son déplacement le locataire de Matignon au journal France-Guyane. Le ministre des Outre-mer, qui reste lundi pour évaluer les besoins, a déjà annoncé le doublement d’un volet du fonds de solidarité, à 3 000 euros pour les petites entreprises de Guyane et Mayotte. Et Jean Castex d’assurer : « Nous allons dans quelques semaines annoncer un plan de relance sans précédent de l’économie française, qui concernera la Guyane en particulier et l’ensemble des territoires ultramarins ».

La Guyane, une île ?

« Le ministre Lecornu restera demain avec vous et auprès des acteurs économiques et sociaux de l’île en particulier » a déclaré le Premier ministre depuis le centre interministériel de crise, à Cayenne. L’emploi du terme « île » a largement été commenté, rappelant les mêmes termes d’Emmanuel Macron en campagne présidentielle à La Réunion, pour désigner la Guyane, alors qu’une crise sociale paralysait ce territoire ultramarin continental. Or, il est d’usage, en Guyane, de désigner le chef-lieu du département ainsi que son agglomération « l’île de Cayenne », étant en réalité une presqu’île. En outre, la majorité des acteurs socio-économiques et institutionnels du département y sont concentrés.

Avec AFP.