En troisième position sur la photo, en partant de la gauche, Meg Taylor, actuelle Secrétaire générale du FIP ©TNTV
Le 47ème Forum des îles du Pacifique a officiellement été ouvert ce jeudi 8 septembre à Palikir, Capitale des Etats fédérés de Micronésie. En plus du réchauffement climatique et de la pêche régionale, les Etats membres doivent examiner et réviser les critères d’accession comme membre à part entière, afin de permettre aux Collectivités françaises du Pacifique de rejoindre les 16 Etats membres.
Les Présidents polynésien et calédonien ont ouvert le 47ème Forum des îles du Pacifique (FIP) ce jeudi 8 septembre à Palikir (Etats fédérés de Micronésie), lors d’un discours où tous deux ont plaidé pour l’accession de la Polynésie française et de la Nouvelle-Calédonie en tant que membres à part entière du FIP. Pour l’heure, les deux Collectivités sont membres associés du fait de leur statut tandis que Wallis et Futuna est membre observateur tout comme Tokelau et le Timor oriental.
« Le temps est venu de nous intégrer dans la grande famille du Pacifique »
Pour se faire, le Président de la Polynésie française a mis en valeur le rôle de la Collectivité dans le Pacifique, et notamment au sein du Polynesian Leaders Group, organisation internationale de coopération inter-gouvernementale créée en 2011 et regroupant huit États indépendants ou territoires autonomes de Polynésie (Tuvalu, Tokelau, Samoa, Samoa américaines, Tonga, Niue, les îles Cook et la Polynésie française). Depuis deux ans déjà, ce groupe se réunit autour des questions climatiques et a « su pousser les grande nations mondiales à agir dans ce domaine, avec en particulier le succès de la COP 21, en décembre dernier à Paris », grâce notamment à la Déclaration de Taputapuatea sur le changement climatique, et plus récemment, la déclaration sur les Océans, « Te Moana o Hiva ». Lors de son discours, le Président polynésien a également mis en avant le rassemblement des Etats et territoires de la région: « Si le Pacifique parlait d’une seule voix au niveau international cela permettrait de développer des opportunités pour le plus grand bien de la région ». « Le contexte appelle à une politique régionale solidaire et ambitieuse, et nécessite de l’innovation et l’inclusion de la diversité des voix des gens du Pacifique ».
« La Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française ont la capacité de faire entendre la voix de la région » a poursuivi Philippe Germain, Président du gouvernement calédonien. « C’est ce que nous avons fait en préambule de la COP 21, en organisant le Sommet France-Océanie » qui s’est tenu à Paris fin novembre 2015. En amont de la COP 21, ce sommet a permis aux Etats insulaires du Pacifique d’appuyer leurs attentes auprès du Président de la République François Hollande, notamment celle concernant la limite à 1,5° C du réchauffement climatique. En réponse, François Hollande avait affiché son soutien aux démarches polynésiennes et calédoniennes auprès du FIP. « Au delà des questions climatiques, nous avons de nombreux autres défis à relever: la gestion de nos océans, le développement économique et de nos infrastructures publiques, l’accès pour tous à l’éducation et à la santé. Pour cela, nous avons besoin du soutien de la communauté internationale. La Nouvelle-Calédonie souhaite avec vous y contribuer pleinement en obtenant, à l’occasion de ce sommet, son intégration pleine et entière. Le temps est venu de nous intégrer dans la grande famille du Pacifique » a conclu Philippe Germain.
L’Australie et la Nouvelle-Zélande, soutiens de poids
La demande polynésienne et calédonienne serait soutenue par une majorité des Etats membres, notamment par la Nouvelle-Zélande, l’Australie et le pays hôte du 47ème FIP. « J’ai constaté qu’il y avait de vrais atouts pour que la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française deviennent membres à part entière du forum » a assuré John Key, Premier ministre de la Nouvelle-Zélande, à TNTV. « Quand le premier ministre Manuel Valls est venu en Nouvelle-Zélande, j’ai fait le point et j’ai constaté qu’il y avait de vrais atouts pour que la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française deviennent membres à part entière du forum ». Néanmoins, le FIP doit encore examiner et réviser ses critères d’accession, car seuls des Etats indépendants peuvent l’intégrer, « je pense qu’on peut d’un côté s’en tenir à une interprétation formelle des règles et constater qu’ils ne remplissent pas les critères… mais avec leur niveau de compétences, la contribution qu’ils pourraient apporter au forum, je pense que ça leur donne des atouts qui devraient leur permettre de devenir membres à part entière », explique-t-il, « oui, c’est vrai, ces pays n’ont pas la compétence sur les affaires étrangères, qui reste une prérogative de la France… mais les Îles Cook (Etat indépendant associé à la Nouvelle-Zélande) sont aussi là, et ils n’ont pas la compétence sur les affaires étrangères, puisque c’est sous la responsabilité de la Nouvelle-Zélande. Ce sont donc de subtiles différences de systèmes, mais l’essentiel, c’est que nous nous n’avons pas d’opposition philosophique à les voir devenir membres ». A noter que l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont les plus gros donateurs du FIP.
Des relations mouvementées avec la France
Néanmoins, il y a quelques résistances du côté mélanésien, culturellement liées aux indépendantistes Kanak, dont certains rejettent toute idée d’intégration au forum avant le référendum calédonien ; tout comme les indépendantistes polynésiens ne souhaitent pas d’intégration avant l’indépendance, précise TNTV. D’autant que les indépendantistes calédoniens et polynésiens entretiennent des relations étroites et importantes de longue date avec le FIP, leurs voix a du poids auprès des Etats membres. De même, les Etats membres tiennent à leur indépendance. L’entrée de Collectivités françaises, et donc de la France, met à mal cette « logique » défendue par les Etats membres du FIP. Historiquement, le Forum des îles du Pacifique est né de l’opposition aux essais nucléaires français en Polynésie. Il a notamment servi de cadre au Traité de Rarotonga en 1985, instaurant une zone dénucléarisée dans le Pacifique. En 1995, la France sera membre du « Dialogue Post-forum », mais rayée lorsque l’Etat entreprit une dernière campagne nucléaire en Polynésie en 1996. Les relations s’éclaircissent lorsque l’Etat français abandonne définitivement les essais et signe le Traité de Rarotonga la même année. La Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française deviendront membres associés en 2006, lorsque leurs statuts respectifs ont évolué.
En attendant, le 47ème Forum des îles du Pacifique devra se prononcer sur l’intégration à part entière de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française ce samedi, à l’issue du forum. En cas de succès, s’en suivra alors un long processus d’intégration.