©Gouv.nc
Vendredi matin en Nouvelle-Calédonie, les membres indépendantistes du gouvernement et ceux de l’intergroupe loyaliste (Calédonie Ensemble, Le Rassemblement-LR et MPC) ont signé un accord afin d’élire Philippe Germain (Calédonie Ensemble) à la tête de l’exécutif calédonien. Après trois mois de blocage, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie retrouve le plein exercice de ses pouvoirs.
C’est donc à quelques heures de l’arrivée du Premier ministre Edouard Philippe que les nouveaux membres du gouvernement collégial calédonien, élus le 31 août dernier, ont désigné leur Président Philippe Germain, seul candidat à sa succession. Jusqu’ici, les membres indépendantistes (5 au total sur les 11 membres de l’exécutif) de l’UC-FLNKS et de l’UNI-Palika souhaitaient rester en dehors des dissensions loyalistes entre l’intergroupe loyaliste (5) et Les Républicains Calédoniens (1). Christopher Gyges, membre du gouvernement Les Républicains Calédoniens, se refusait à apporter sa voix pour faire élire Philippe Germain, sur fond de désaccord avec la politique menée par ce dernier et Calédonie Ensemble. Et c’est finalement du côté des indépendantistes que le blocage du gouvernement à trouvé une issue : Philippe Germain a été élu avec 10 voix, soit les 5 de l’intergroupe et les 5 indépendantistes.
C’est à travers une « déclaration commune » que les loyalistes de l’intergroupe et les indépendantistes sont tombés d’accord pour l’élection de Philippe Germain. « Les signataires de la présente déclaration considèrent que le fonctionnement des institutions doit faciliter ce dialogue nécessaire » entre indépendantistes et non indépendantistes. « Les membres du gouvernement s’engagent à assurer un fonctionnement collégial, solidaire et consensuel conformément à la lettre et à l’esprit de l’Accord de Nouméa ». « Le nouveau gouvernement se consacrera à la mise en œuvre des réformes et mesures prioritaires, notamment la confiance économique et sociale, la pérennité des régimes sociaux, l’insertion de la jeunesse, la prévention de la délinquance et l’équilibre budgétaire des collectivités publiques », poursuit la déclaration commune, signée par toutes les formations politiques hormis Les Républicains Calédoniens. Cette déclaration serait-elle la base de la grande « déclaration commune » entre indépendantistes et non indépendantistes défendue par le député Philippe Gomes ?
L’axe Gomès-Néaoutyine de retour
Les signes d’un déblocage apparaissaient de plus en plus au lendemain du Comité des Signataires du 2 novembre dernier, pendant lequel un « accord politique » avait été trouvé sur la question du corps électoral. En effet, l’axe Philippe Gomes – Paul Néaoutyine (leader du Palika), mis à mal lors des dernières élections législatives, semble avoir retrouvé son chemin. Lors du Congrès du parti Calédonie Ensemble, le député Gomes plaidait en faveur d’ « une souveraineté calédonienne » au sein de la France, se revendiquant « souverainiste calédonien ». Un véritable appel du pied aux indépendantistes, de l’UNI-Palika notamment, qui mettent en avant l’idée d’une « souveraineté partagée », d’ « indépendance partenariat » ou encore, d’ « interdépendances ».
Les indépendantistes en position de force, Les Républicains Calédoniens isolés
Avec leurs 5 voix au gouvernement collégial calédonien, les indépendantistes semblaient être les seuls en mesure de faire élire Philippe Germain et remettre en route la machine gouvernementale calédonienne, faute d’accord avec le loyaliste Christopher Gyges. En apportant leurs voix à Philippe Germain, les indépendantistes obtiennent la reconduction de Jean-Louis d’Anglebermes (UC-FLNKS) à la Vice-présidence du gouvernement, isolent un peu plus Les Républicains Calédoniens de Sonia Backès et renforcent leur position politique à un an du référendum d’autodétermination.
Pour Christopher Gyges et Les Républicains Calédoniens, l’accord conclu autour de l’élection de Philippe Germain a été fait « dans le dos des Calédoniens ». Les Républicains Calédoniens, qui écartent toute hypothèse d’ « État associé » et excluent fermement la « petite nation » souhaitée par Philippe Gomès, dénoncent la dérive indépendantiste de la plateforme et estiment que « Philippe Germain avait la possibilité de débloquer la situation en s’entendant avec une formation loyaliste qui représente 18 000 électeurs. Il a préféré l’exclure des discussions pour négocier avec les formations indépendantistes ».
Reste que l’élection de Philippe Germain à seulement quelques heures de l’arrivée d’Edouard Philippe en Nouvelle-Calédonie n’est pas anodine. A un an du référendum d’autodétermination, on imagine mal le chef du gouvernement central (d’Etat) dialoguer avec une institution cantonnée aux « affaires courantes ». Depuis Paris, le Premier ministre a-t-il conditionné sa visite à un déblocage à la tête du gouvernement calédonien ? Possible. D’autant que ce dernier, unanimement applaudi lors du dernier Comité des Signataires, possède l’aura nécessaire pour faire pencher la balance en faveur de la poursuite apaisée du processus et convaincre l’échiquier politique calédonien de dépasser ses querelles à quelques mois d’un scrutin déterminant pour l’avenir.
Les membres du 15ème gouvernement calédonien:
Pour l’Intergroupe – Calédonie Ensemble, le Rassemblement LR et MPC : Philippe Germain, Cynthia Ligeard, Hélène Iekawé, Bernard Deladrière et Nicolas Metzdorf.
Pour le groupe indépendantiste UC – FLNKS et Nationalistes : Gilbert Tyuiénon, Jean-Louis d’Anglebermes et Didier Poidyaliwane.
Pour le groupe indépendantiste UNI : Dewé Gorodey et Valentine Eurisouké.
Pour le groupe les Républicains calédoniens : Christopher Gygès.
Les secteurs doivent encore être répartis