Référendum en Nouvelle-Calédonie: Le député Philippe Gomès pour « une souveraineté calédonienne » au sein de la France

Référendum en Nouvelle-Calédonie: Le député Philippe Gomès pour « une souveraineté calédonienne » au sein de la France

Philippe Gomès lors du colloque sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie ©La Dépêche de Nouvelle-Calédonie

Le député calédonien Philippe Gomès (Les Constructifs) a prôné samedi la construction d’une « souveraineté calédonienne » au sein de la République française, un an avant un référendum d’autodétermination historique en 2018.

« On est un peuple souverain sur l’avenir de notre pays, ce n’est pas l’Etat qui va décider si on sort ou pas de la République, c’est nous. Alors, traduisons cette souveraineté calédonienne au sein de la République », a déclaré Philippe Gomès, député UDI, à l’occasion du 12éme congrès du parti qu’il dirige, Calédonie Ensemble (droite modérée). Le leader du principal parti non indépendantiste du Caillou souhaite qu’une « déclaration commune » soit signée avec les indépendantistes avant le référendum pour « sanctuariser les acquis », notamment en termes de « valeurs, d’organisation institutionnelle, de vivre-ensemble et le droit à l’autodétermination ». Selon Philippe Gomès, qui se revendique « nationaliste calédonien », la Nouvelle-Calédonie est « une petite nation au sein de la France, de la même manière que l’Ecosse est une nation au sein du Royaume-Uni, ou que le Québec est une nation au sein du Canada ».

« Calédonisation des administrations régaliennes »

Un processus original de décolonisation est en cours en Nouvelle-Calédonie depuis trente ans et doit aboutir en novembre 2018 à un référendum d’autodétermination, date à laquelle la France ne devrait plus exercer dans l’archipel que les compétences régaliennes (justice, police, défense, monnaie, diplomatie). « Calédonie Ensemble souhaite que la singularité du pays, de ses populations, de sa position géographique en Océanie et de son histoire soient davantage pris en compte dans l’exercice par l’Etat des compétences régaliennes », a également déclaré Philippe Gomès, qui prône une « calédonisation des administrations régaliennes ». Selon lui, participer à l’exercice de ces pouvoirs est « aussi manière de se les approprier, même si ils restent exercés sous l’autorité de l’Etat ».

Le parti de Philippe Gomès espère que ces propositions, qui étirent au plus loin les limites de l’autonomie, permettront de « dépasser les oppositions entre non indépendantistes et indépendantistes (kanak, ndlr), qui sont fondées sur des schémas anciens ». « L’indépendance aujourd’hui n’a plus grand sens, on vit dans un monde globalisé d’interdépendances », a déclaré Philippe Michel, secrétaire général de CE à la radio locale RRB. Ces déclarations sont faites à une semaine de l’arrivée en Nouvelle-Calédonie du Premier ministre Edouard Philippe à Nouméa.

Une stratégie pour débloquer le vote du Président du gouvernement calédonien ?

Ces déclarations soulèvent des réactions très vives chez les opposants fermes à toute idée de souveraineté, quels qu’en soient le niveau et l’appellation, assimilée à une indépendance rampante. La critique porte aussi sur ce qui est analysé comme une stratégie de Philippe Gomès visant à obtenir le vote indépendantiste en faveur de la reconduction de Philippe Germain à la présidence du Gouvernement territorial. Pour rappel, élu en août dernier, le nouveau gouvernement calédonien n’a toujours pas de Président à sa tête. Le seul candidat, Philippe Germain, actuel Président cantonné à la gestion des « affaires courantes », ne dispose pas suffisamment de voix pour être élu.

Ces prises de position du député loyaliste, qui constituent un élément nouveau dans le débat calédonien, devraient également résonner dans les discours du Palika de l’indépendantiste Paul Néaoutyine, qui prône un statut d’Indépendance-partenariat. Avant les législatives de juin, un axe d’entente semblait se dessiner entre les loyalistes de Calédonie Ensemble et les indépendantistes du Palika. Axe mis à mal par Philippe Gomès lui-même pendant la campagne qu’il avait menée dans la 2ème circonscription contre le candidat du Palika, Louis Mapou.

Avec AFP.