Crise sociale en Guyane: Les négociations échouent et le mouvement se poursuit

Crise sociale en Guyane: Les négociations échouent et le mouvement se poursuit

©Jody Amiet / AFP

Ce dimanche 2 avril en Guyane, la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts a estimé être « allée au bout du chemin », en soulignant « des avancées significatives ». Néanmoins, les négociations échouent sur un désaccord et le mouvement de grève générale est reconduit ce lundi. Une réunion aura lieu à 16h30 à Matignon.

Une enveloppe de 1 milliard 85 millions d’euros avait été annoncée ce samedi à Cayenne, par les ministres de l’Intérieur et des Outre-mer. Néanmoins, les collectifs ont demandé un plan d’aide globale de 2,5 milliards d’euros, dimanche 2 avril, lors de la dernière réunion de négociation. « Je prends acte que nous ne sommes pas arrivés à un accord », a répondu Ericka Bareigts en précisant, « j’attends le détails des 2,5 milliards ».

La ministre des Outre-mer, qui a ensuite rejoint Paris, a toutefois assuré que le plan d’1 milliards 85 millions serait entériné dès mercredi en Conseil des ministres. « Nous allons continuer à travailler », ajoute-t-elle. « J’ai une réunion (…) à Paris avec le Premier ministre et tous les ministres concernés ». La réunion aura lieu ce lundi. Elle a également demandé la levée de la grève, « pour que les entreprises fonctionnent à nouveau et pour que les enfants retournent à l’école ». « Mettre fin à la grève comme si tout allait bien n’est pas possible », ont répondu les collectifs.

« A l’image de la fusée Ariane, la Guyane doit décoller »

Ces derniers ont donc annoncé la poursuite du mouvement de grève générale à l’issue du constat d’échec. Les magasins resteront fermés aujourd’hui en Guyane, tout comme seront maintenus les barrages. Les collectifs ont également appelé à une « nouvelle démonstration de force » à l’occasion d’une marche, ce mardi à Kourou, ville chargée de symboles dans ce mouvement de grève. Les différents leaders des collectifs se sont exprimés tour à tour devant les nombreux guyanais venus se rassembler devant la Préfecture.

« A l’image de la fusée Ariane, la Guyane doit décoller », a lancé Davy Rimane, porte-parole du collectif « Pou La Gwiyann dékolé » et secrétaire général du syndicat UTG-énergie. « L’article 73 (de la constitution, ndlr) nous bloque. Le Congrès des élus doit discuter de l’évolution statutaire » a déclaré Olivier Goudet, président de l’association Trop Violàns, ajoutant que Mme Bareigts « fait comme si elle ne savait pas que nous avons 50 ans de retard, qu’on subit, que nous voyons de la misère dans notre pays. Nous allons lui montrer ». « Les entreprises restent solidaires du collectif » a assuré de son côté Stéphane Lambert, président du Medef Guyane.

8 jours de grève générale

Ce lundi, la Guyane entrera dans son huitième jour de grève générale. Mais les premiers mouvements de grève ont débuté bien en amont. La semaine du 20 mars, plusieurs grèves ont forcé Arianespace a reporter son lancement à trois reprises. Le vendredi 24 mars, le gouvernement avait annoncé l’arrivée d’une délégation interministérielle alors que la grève générale avait été actée pour le lundi 27. Refusant de négocier avec cette première délégation, les collectifs ont obtenu une visite ministérielle de Matthias Fekl, ministre de l’Intérieur, et Ericka Bareigts, ministre des Outre-mer, accompagné du conseiller Outre-mer à l’Elysée Marc Vizy.

Après des débuts de négociations entre les deux ministres et les collectifs sensibles, la ministre des Outre-mer avait présenté « ses excuses au peuple guyanais » le jeudi 30 mars. Un cahier de revendication de 800 pages avait été établi et une voie vers les négociations s’était alors ouverte. Néanmoins, les annonces des ministres de l’Intérieur et des Outre-mer, comprenant cette enveloppe globale d’1 milliard 85 millions n’a pas convaincu les collectifs. En outre, si plusieurs domaines ont débouché sur un consensus, des désaccords persistent en terme de santé et d’éducation.

Le Premier ministre a convoqué une réunion interministérielle à 16h30 sur la situation en Guyane et après l’échec des négociations pour trouver une issue au mouvement social. La réunion doit notamment rassembler les deux ministres de retour de mission en Guyane, Ericka Bareigts (Outre-mer) et Mathias Fekl (Intérieur), ainsi que sept autres membres du gouvernement: Najat Vallaud-Belkacem (Education), Marisol Touraine (Affaires sociales et Santé), Jean-Jacques Urvoas (Justice), Jean-Michel Baylet (Aménagement du territoire), Stéphane Le Foll (Agriculture), Patrick Kanner (Ville) et le secrétaire d’Etat au Budget Christian Eckert, a précisé Matignon.