Eramet relève sa perspective financière pour 2024, malgré ses mauvaises performances en Nouvelle-Calédonie et les difficultés du premier trimestre

Le site minier de Népoui, au Nord de la Nouvelle-Calédonie ©Eramet / SLN

Eramet relève sa perspective financière pour 2024, malgré ses mauvaises performances en Nouvelle-Calédonie et les difficultés du premier trimestre

Le groupe minier français Eramet, lesté par la chute des cours des matières premières au premier trimestre et ses mauvaises performances en Nouvelle-Calédonie, a néanmoins relevé sa perspective de rentabilité financière pour l'ensemble de l'année.

Le groupe a indiqué jeudi que sa performance financière au premier semestre serait « nettement inférieure » à celle du deuxième semestre 2024. Eramet, qui poursuit son programme de contrôle des coûts a relevé sa perspective d'excédent brut d'exploitation (ebitda) ajusté pour l'ensemble de l'année « entre 750 et 900 millions d'euros » contre 650-800 millions d'euros anticipés en février.

Mais son chiffre d'affaires s'est replié de 15% au premier trimestre 2024, à 655 millions d'euros contre 775 millions d'euros un an avant, pénalisé par « une forte contraction des prix » des métaux et minéraux par rapport au premier trimestre 2023, et la chute de 50% des ventes de sa filiale neo-calédonienne Société le Nickel (SLN).

En intégrant la contribution proportionnelle des activités d'extraction de nickel en Indonésie (PT Weda Bay Nickel où Eramet possède 38,7% de participation indirecte), le chiffre d'affaires ajusté affiche une baisse de 19% au premier trimestre à 761 millions d'euros, a précisé Eramet qui privilégie cette présentation prenant en compte la réalité de ses activités.

Au premier trimestre, les volumes de plusieurs métaux et minerais vendus ont augmenté (+27% sur le manganèse au Gabon à 1,5 million de tonnes, +52% sur le zircon produit au Sénégal, à 13 000 tonnes), mais cela a été « largement compensé par l’impact négatif du fort recul des ventes à la SLN ». En Nouvelle-Calédonie, la production minière de nickel a chuté de 32% au premier trimestre, à un million de tonnes humides (Mth, unité de référence sur le marché du nickel).

« Critique »

Cette baisse, due « à des problèmes sociétaux et à des difficultés persistantes pour obtenir certains permis d'exploitation », s'est accompagnée d'un « recul de 62% des exports de minerai de nickel à faible teneur » par rapport au premier trimestre 2023, et d'une baisse de 15% des ventes de ferronickel « compte tenu du niveau de prix très bas ayant entrainé des annulations de ventes », a expliqué Eramet. 

Les problèmes de production ont été particulièrement sensibles sur le site de Poum « où les activités sont en suspens depuis août 2023 », et à Nepoui « dont la production est en baisse de près de 40% sur la période ». « En Nouvelle Calédonie, la SLN continue à rencontrer des défis majeurs et sa situation financière reste critique. De plus, l'activité des sites miniers qu'elle exploite en Province Nord est suspendue depuis mi-avril. Le processus administratif permettant la reprise est en cours », résume le communiqué.

Le groupe a trouvé un accord en avril avec l'État pour aider la SLN à trouver des solutions plus pérennes permettant la continuité de son activité, tout en préservant le bilan du groupe. Celui-ci porte notamment sur la conversion de la dette existante de la SLN sous la forme d'un instrument assimilé à des capitaux propres (obligations subordonnées à durée indéterminée à taux fixe, « TSDI ») permettant de neutraliser la dette de l'entité dans les comptes consolidés (soit 320 millions d'euros au 31 mars 2024).

Sur le lithium, le groupe a réévalué à la hausse les ressources de son site minier de Centenario-Ratones en Argentine, où la construction de son usine « est réalisée à 95% ». Malgré les perspectives positives pour les ventes de voitures électriques, en Chine notamment, le groupe reste prudent sur les bénéfices attendus du lithium, utilisé dans les batteries des véhicules électriques, en raison de la progression attendue en 2024 au niveau mondial de la production de ce métal.

« Bien que les marges de la majorité des producteurs restent positives, certains acteurs aux coûts élevés ont été contraints de stopper leur production en Australie et en Chine, de mettre leur usine en maintenance ou de retarder leurs projets d'expansion », note Eramet.

Avec AFP