Crise sociale en Guyane: Rencontre annulée entre les collectifs et la mission ministérielle

Crise sociale en Guyane: Rencontre annulée entre les collectifs et la mission ministérielle

© NicolasMézil/ Radio PeyiInfo

Premier jour de discussions tendu entre les ministres Ericka Bareigts et Mathias Fekl. Le collectif « Pou Lagwiyann dekolé »  a décide d’annuler la rencontre avec les ministres ce jeudi matin. Ces derniers ont refusé de laisser la presse assister à ces négociations.

« Si les médias ne rentrent pas, la rencontre est annulée »tel était l’ultimatum lancé par Oliver Goudet, un des porte-paroles. La presse aurait uniquement été autorisée à faire un tour d’images et à assister aux échanges durant 30 minutes mais cette « contre-proposition » du collectif a été refusée par les ministres, rapporte Guyaweb. Une position confirmée Manuel Jean-Baptiste, président du collectif des Iguanes de l’Ouest. « C’est l’avenir de la Guyane qui se joue là-haut, il est hors de question que cela se fasse à huis clos entre 12 personnes et le gouvernement français. Toute la Guyane doit pouvoir assister aux débats et pour cela les médias doivent être présent et les transmettre » avait déclaré un peu plus tôt Manuel Jean-Baptiste, président du collectif des Iguanes de l’Ouest. Cet ultimatum a donc été mis à exécution.

Quelques minutes plus tard, les Ministres ont tenu à s’exprimer. Face à la presse, Mathias Fekl a demandé « un cadre républicain » pour entamer le dialogue avec les collectifs. « Un cadre de travail républicain suppose de pouvoir se parler les yeux dans les yeux, dans la confiance », a-t-il déclaré. Interrogé sur la durée de leur mission, Ericka Bareigts et Mathias Fekl ont précisé n’avoir pas de date de départ. « Nous sommes dans une démarche sérieuse d’élaboration d’un plan commun. Tout ce qui sera annoncé dans ce plan fera l’objet d’un financement précis ».

Actuellement, les barrages ayant été levés et une foule compacte s’est maintenant regroupée devant la préfecture sous une pluie battante. Elle fait face aux gendarmes mobiles qui s’équipent de casques et de boucliers alors que les 500 Frères se positionnent devant la foule et tentent de la contenir.

La veille, les deux ministres avaient réaffirmé leur objectif « d’aller vers l’avant » pour tenter de résoudre ce conflit.« Nous sommes là pour travailler, écouter et avancer avec des solutions concrètes sur le court terme, mais aussi la volonté de projeter ensemble la Guyane dans l’avenir, sur le long terme ». a déclaré Mathias Fekl le Ministre de l’Intérieur. A ses côtés, Ericka Bareigts a appelé à « maintenir la perspective » et « dresser les espérances au-delà des échéances électorales »,  en cherchant des solutions à « dix ou quinze ans »

Le centre spatial guyanais toujours à l’arrêt

Suite au blocage de la Guyane, qui dure maintenant depuis deux semaines, le Centre Spatial Guyanais a choisi de suspendre sine die les lancements à Kourou. Le directeur général délégué du CNES, Joël Barre, a alerté sur les coûts astronomiques que cette situation pourrait entraîner, si elle perdure, avançant un coût quotidien d’environ 500 000 €. Un chiffre que ne confirme pas Didier Faivre, le directeur du Centre Spatial Guyanais. « Il y a également un impact d’image, certains de nos clients sont partis. Mais je n’avancerais un chiffre précis, nous ne sommes pas configuration de lancement donc la base est en sommeil ». Face au conflit qui s’éternise, l’agence spatiale a pris des décisions pour s’adapter. Eutelsat 172B, le satellite de télécommunications tout électrique d’Eutelsat, qui devait être lancé par une Ariane 5, le 25 avril prochain à l’occasion de la mission VA 237  a été renvoyé ce 29 mars à Toulouse, d’après le site spécialisé Air et Cosmos.

Encadré:  Qui sont les bushinengés ?

Les Noirs-Marrons, aussi appelés sont installés sur les rives du fleuve depuis plus de deux siècles. Ils forment une société de tradition orale d’origine africaine. Ce sont les descendants des esclaves issus du Marronnage, c’est à dire les esclaves qui se sont révoltés et enfuis des plantations du Surinam au 18ème siècle, avant l’abolition de l’esclavage. D’abord réfugiés en forêt profonde pour éviter d’être repris par leurs maîtres, ils se sont par la suite installés aux bords des grands fleuves comme le Maroni. Jusqu’à aujourd’hui, ils ont su vivre en quasi autarcie en conciliant culture d’origine africaine et mode de vie adapté à la forêt tropicale humide. Depuis la départementalisation en 1946, puis la création des communes en 1969, les Noirs-Marrons des rives françaises sont devenus citoyens français à part entière.