Agricultures Ultramarines et changement climatique : Frédéric Galan, Bioponi Caraïbes : « L’Aquaponie, un sujet d’avenir pour pérenniser les agricultures en Outre-mer»

Au vu des différentes défis à laquelle est confronté l'agriculture ultramarine (raréfaction de la ressource en eau, aléas climatiques de plus en plus violents, manque d'attractivité de la filière), l'entreprise Bioponi Caraïbes/ IDDOM fondée par Frédéric Galan en 2016, mise sur l'aquaponie professionnelle. A l'occasion du séminaire « Agricultures ultramarines et changement climatique), organisé fin octobre par l'ODEADOM et Chambres d'Agriculture de France, le fondateur du cabinet IDDOM et partenaire Bioponi Caraïbes Frédéric Galan souligne pour Outremers 360 les opportunités de ce secteur.

 

Outremers 360 : Comment l’Aquaponie peut être un vecteur pour la souveraineté alimentaire et permet de lutter contre le changement climatique

Frédéric Galan, fondateur de Bioponi Caraïbes : l’aquaponie est un mariage inédit entre des poissons d'eau douce et des cultures végétales, le tout étant en circuit fermé, ce qui fait que ça permet effectivement de faire 80 % d'économie d'eau par rapport à la pleine terre. Cela répond à l’enjeu de résilience et de l’eau, des enjeux qui ont été abordés tout au long de ce séminaire. Elle reste un sujet d’avenir car si l’on peut arriver à produire plus avec moins d’eau, c’est une des pistes qu'il faut travailler pour pérenniser nos agricultures ultramarines»

Outremers 360 : L’aquaponie peut-elle concerner toutes les cultures ou est-elle réservée à des cultures spécifiques ?

Frédéric Galan : Avec l’aquaponie, nous sommes plutôt sur des cultures maraîchères comme des salades, des plantes aromatiques. On peut également cultiver des tomates, des piments, des poivrons, ou encore des aubergines.

On distingue l’aquaponie couplée, avec un circuit en recirculation absolue de l’aquaponie découplée où l’on peut imaginer une aquaponie qui sort des serres et va dans les champs avec du goutte à goutte. Dans ce système, nous pouvons imaginer des cultures de fruits, qui bénéficient effectivement de la fertilisation apportée par les poissons, et qui peuvent effectivement se développer comme coco, letchis, mangues à titre d’exemples. C’est une autre façon aussi de valoriser quelque part des ressources organiques et qui sont effectivement utiles pour faire pousser les plantes. Je pense que nous sommes au début d’un système qui peut prendre de l’ampleur sur nos territoires.

Outremers360 : Comment Bioponi Caraïbes participe au développement de l’aquaponie ?

Frédéric Galan : Nous sommes davantage dans l’ingénierie, nous travaillons à accompagner les porteurs de projets, à travers des sessions de formation à l'aquaponie professionnelle. La prochaine session se tiendra le mois prochain en Guadeloupe. Nous accompagnons les porteurs de projets, de la réflexion jusqu’à la sortie de l’entreprise, de l’unité. Sur Internet, de nombreuses informations circulent mais notre volonté est d'être pragmatique et de permettre à un porteur de projet de pouvoir commencer son projet demain.

Nous menons notamment une action avec le lycée agricole du Robert à la Martinique. L'ambition est d’avoir une unité qui fonctionne d’ici la fin de l’année prochaine. Avec cette unité, nous pourrons ensuite former les ouvriers ou les futures personnes qui y travailleront. A terme, nous espérons pouvoir y structurer une filière. Cette filière peut être porteuse d’avenir pour nos territoires, qui nous permettra aussi d'installer des jeunes car on est sur des métiers qui sont modernes et tech. Nous n’utilisons pas de produits chimiques, disposons de produits qualitatifs et nous avons des conditions de travail pour les jeunes en phase avec leurs attentes aujourd'hui.

L’aquaponie mérite d'être une solution à tester parce que cela coche beaucoup de cases. On observe des résultats satisfaisants sur les projets développés il y a 5 ans dans la Caraïbe avec des dimensions plus réduites. Il ne reste qu’à les faire essaimer dans toutes les Antilles mais également en Outre-mer, car la problématique de souveraineté alimentaire est la même partout.

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