Polynésiens bloqués en France : Des rapatriements soumis aux capacités d’accueil en quatorzaine

Polynésiens bloqués en France : Des rapatriements soumis aux capacités d’accueil en quatorzaine

©Présidence de la Polynésie (archives)

Le président de la Polynésie française a expliqué, ce jeudi 7 mai, comment la Collectivité allait procéder au rapatriement des résidents polynésiens bloqués dans l’Hexagone depuis la crise sanitaire et l’arrêt de la desserte aérienne commerciale. Un retour conditionné aux capacités d’accueil en quatorzaine. 

La Polynésie peut enfin « raisonnablement envisager de rapatrier ses résidents et étudiants en attente en métropole », a assuré le président de la Collectivité Édouard Fritch, plutôt silencieux sur ce sujet sensible. Début avril, le chef de l’exécutif polynésien avait enregistré une vidéo à destination de ces résidents, leur laissant peu d’espoir de retour sur leur « Fenua ». Pour faire entendre leur cause, ils s’étaient rassemblés sur les réseaux sociaux, avaient interpellé les députés, et s’étaient organisés pour mettre en place une solidarité.

« Nous ne vous oublions pas » assure le président polynésien aux ressortissants bloqués dans l’Hexagone

« A ce jour, la délégation de la Polynésie française a recensé 351 étudiants et 647 résidents, soit un total de 998 résidents de Polynésie en attente de retour », a détaillé Édouard Fritch. « À ces résidents, il faut ajouter le personnel expatrié de l’État composé de nouveaux professeurs de collège et de lycée, de gendarmes mobiles et de militaires. Ce sont près de 1500 personnes à acheminer vers Tahiti, entre fin mai et fin juillet, pour nécessité professionnelle ».

La mission n’est pas simple : rapatrier, organiser l’accueil localement et surtout, s’assurer que le virus, lui, reste hors de Polynésie. « Une seconde vague de contamination serait insupportable aux yeux de l’opinion et placerait, en plus, le pays et son économie en situation de faillite », insiste Édouard Fritch. « C’est pour cela que nous devons être rigoureux dans le protocole sanitaire et dans le confinement ». À ce jour, la Polynésie compte 60 cas, dont seulement 4 sont toujours sous surveillance. Pour la Collectivité, il faut donc « continuer à maîtriser la propagation du Covid-19 ».

Annick Girardin favorable au retour « le plus rapidement possible » de Polynésiens bloqués dans l’Hexagone

Pour se faire, le Pays et les services de l’État ont mis sur pied un « protocole sanitaire » déjà en vigueur depuis le début de rapatriement des évacués sanitaires en fin de soin, depuis l’Hexagone ou la Nouvelle-Zélande. « Chaque passager entrant en Polynésie, qu’il soit résident, fonctionnaire, militaire sera obligatoirement testé du Covid-19 et devra présenter nécessairement un résultat négatif avant l’embarquement à Paris », martèle Édouard Fritch. « Une fois arrivé à Faa’a, il sera pris en charge dès sa descente d’avion, embarqué dans des bus, et confiné dans des centres définis, durant 14 jours ».

183 places en quatorzaines restantes

Reste une barrière à lever dans l’épineux dossier du rapatriement : les capacités d’accueil en quatorzaine. « À ce jour, nous avons réservé une capacité de 346 chambres pour 770 lits répartis dans différents lieux », a détaillé Édouard Fritch. « Cette capacité est déjà, en partie, occupée », pointe le président polynésien. Au 7 mai, et alors que certains rapatriés sanitaires vont pouvoir retourner à leur domicile, la disponibilité serait de 183 chambres, précise Radio 1 Tahiti. « Nous sommes aujourd’hui et nous serons toujours contraints et limités, à chaque vol de continuité, par cette capacité d’accueil ». Selon le président, des négociations seraient en cours avec les hôtels, vides depuis la fuite des touristes, « pour une capacité supplémentaire d’environ 300 chambres ».

Polynésiens bloqués en France : Une cartographie en ligne, le début des rapatriements en mai

D’ores et déjà, quelques dizaines de résidents pourraient, si leur test leur permet, embarquer sur le vol de continuité territoriale qui repartira vers Tahiti-Faa’a ce dimanche. Selon Radio 1 Tahiti, 80 places seraient disponibles à bord, dont, encore quelques évacués sanitaires. « C’est un vol qui est avant tout mis en place pour le fret. J’ai dû insister auprès du Haut-commissaire pour qu’on mette un peu plus de malades dedans lors du dernier vol, mais ça a coûté la vie à plus de fret », explique Édouard Fritch. Le retour des résidents polynésiens bloqués dans l’Hexagone est donc en ordre de marche, mais se fera au compte-goutte, et en cohérence avec les capacités d’accueil en quatorzaine.