©Anne Cantener / RFI
Les collectifs de villageois du sud de Mayotte, qui expulsent illégalement des Comoriens de leur domicile depuis janvier, se sont réunis dimanche pour se regrouper au sein d’un même collectif, a constaté une journaliste de l’AFP.
Un cortège de voitures mené par des leaders de ces « collectifs de citoyens » s’est rendu dans une quinzaine de villages du sud de l’île en klaxonnant et en criant « Nawa lawé » (« Qu’ils partent » en shimaoré, la langue locale, ndlr) à l’adresse des habitants, slogan parfois repris par la population croisée en chemin. « On sait qu’on est dans l’illégalité quand on fait ce travail régalien », reconnaît un membre du collectif, faisant référence aux expulsions d’étrangers, en situation régulière ou non, qui ont mis à la rue plus d’un millier de personnes depuis le début de l’année. « Mais l’Etat est démissionnaire au niveau de l’immigration clandestine et régularise trop facilement », explique cet habitant. « Ce ne sont pas les clandestins le problème, mais la politique d’immigration de la France », surenchérit un autre citoyen: « L’Etat leur donne la possibilité de rester sur le territoire mais ils ne peuvent pas travailler. Mayotte ne peut pas accueillir tout le monde, elle étouffe ».
Samedi, des étrangers ont été expulsés de leur domicile à Mtsahara (nord de l’île) mais leur nombre n’est pas encore connu, a affirmé à l’AFP le collectif des associations de l’archipel des Comores. Selon ce collectif, ils étaient encore 300 à avoir passé la nuit place de la République à Mamoudzou (chef-lieu), où se réfugient les personnes expulsées depuis dimanche dernier. D’autres expulsions sont prévues: à Mtsamoudou et Kani-Kéli (villages du sud de l’île), respectivement les 29 mai et 5 juin. Nommé en Conseil des ministres début mai, le nouveau Préfet de Mayotte, Frédéric Veau, prend officiellement ses fonctions ce lundi dans un contexte social explosif, entre crise et implosion sociale et expulsions violentes des étrangers comoriens.
Avec AFP.