Lutte contre le Covid-19 : La Guyane renforce « l’étanchéité » de ses frontières

Lutte contre le Covid-19 : La Guyane renforce « l’étanchéité » de ses frontières

Dans un dossier de presse du 27 avril, Marc Del Grande, préfet de Guyane, dresse un état des lieux des actions mises en place dans la lutte contre la propagation du covid-19 et annonce la montée en puissance des moyens étatiques sur les frontières, en interne comme en externe.

Engagés dans un dispositif de lutte contre la propagation du covid-19, les autorités françaises et surinamaises ont fait preuve de solidarité, de dialogue et de coopération. Depuis la fermeture des frontières le 16 mars dernier, treize saisies douanières ont été opérées dans la région grâce à la présence quotidienne des autorités binationales sur le fleuve du Maroni. « Ce sont près de 30 pirogues qui sont contrôlées chaque jour sur Saint-Laurent du Maroni avec 122 non-admissions, 14 mesures de quatorzaine et 71 verbalisations », comptabilise le représentant de l’Etat en Guyane.

Depuis le 21 avril dernier, un nouveau dispositif a été mis en place au pont binational de Saint-Georges de l’Oyapock  par les forces de sécurité guyanaises afin de renforcer les contrôles déjà mis en place sur le Maroni. En plus de l’interdiction par les services français de la circulation de pirogues d’une rive à l’autre, des actions de contrôle ont été organisées sur une quinzaine de points d’accostage répartis sur un kilomètre.

©Préfecture de Guyane

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« Près de 15 pirogues sont contrôlées chaque jour sur Saint-Georges de l’Oyapock  avec 46 non-admissions et 118 mesures de quatorzaine ». Aussi, « les mesures prises à l’encontre des contrevenants seront plus fortes pouvant aller jusqu’à la saisie ». Un renforcement appuyé afin de freiner l’arrivée du virus à Saint-Georges et au Brésil, à Oiapoque, qui comptait 13 cas positifs au 27 avril 2020.

D’autre part, les services des douanes et de la police aux frontières ont été mobilisés depuis 22 avril pour intervenir sur la frontière sur le secteur de Maripasoula. « L’objectif est de contrôler la circulation des personnes et des marchandises qui franchissent le fleuve/frontière, (…) ainsi que d’interdire leur circulation en dehors des cas autorisés ». Aussi, des dispositifs ad hoc de Trois-Sauts et Taluen visent à limiter les potentiels risques sanitaires importés par les orpailleurs tout en s’inscrivant dans une pédagogie quant aux mesures de confinement.

Le dispositif de lutte contre l’orpaillage illégal a été maintenu à son meilleur niveau grâce à la présence quotidienne de 300 à 600 hommes postés en forêt. Le dispositif a même été complété, courant mars, par la mise en place d’un poste de contrôle dans un secteur sensible de l’ouest guyanais et la mise en place d’un poste temporaire, visant à sensibiliser et à informer les populations des villages amérindiens du Haut-Maroni aux mesures de lutte contre le coronavirus.

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Autre mesure de taille dans le renforcement des frontières, la limitation des vols à l’aéroport Félix Eboué et la mise en place d’actions pour répondre aux problématiques de gestion de crise. « Les contrôles aléatoires effectués à l’arrivée ont permis de vérifier que les passagers disposent bien d’un motif valable et des pièces justificatives pour voyager vers la Guyane. Ce dispositif a été également mis en place pour les vols à destination des Antilles », indique le Préfet.

« Depuis le 26 mars, (…) le questionnaire de santé a été renforcé par une notification individuelle de l’arrêté imposant la quatorzaine au domicile à tous les arrivants via l’aéroport. Cet arrêté est d’ailleurs étendu aux arrivées fluviales, maritimes (plaisanciers), ou par voies routières ». « Et depuis le 1er avril, deux agents appellent les passagers arrivés en Guyane grâce aux informations recueillies sur les notifications d’arrêtés. Lors de l’entretien téléphonique le travail de contrôle effectué permet de vérifier les déclarations des passagers par une série de questions. En cas de doute sur la réalité du respect de la quatorzaine à l’adresse déclarée, de faux numéro ou de défaut de réponse l’agent contrôleur établit une transmission aux forces de l’ordre pour un contrôle de présence au domicile ».

Malgré la réduction des vols permettant de passer de 5000 passagers à 150 par semaine, la continuité territoriale a pu se poursuivre depuis le 16 mars par le maintien de deux vols hebdomadaires, Paris-Cayenne. Ainsi, en 6 semaines, 127 tonnes de fret ont pu être acheminées vers le territoire dont des médicaments, des organes pour les greffes, des fournitures médicales, du gel hydroalcoolique, ….

©Préfecture de Guyane

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Enfin, le contrôle de la quatorzaine s’étant renforcé, l’agence régionale de santé (ARS) a exprimé le besoin d’une structure permettant de limiter les cas secondaires lorsqu’un patient positif au covid-19 n’est pas en mesure de se confiner sans exposer ses proches. Disposant de plusieurs zones de vie séparées et de 40 bungalows, l’hôtel du fleuve de Sinnamary a été choisi comme centre de quatorzaine.  Et depuis le 27 avril, l’hôtel des Marmoes de Matoury aura pour vocation l’accueil des patients symptomatiques testés à l’aéroport et dans l’attente de leurs résultats. « Cependant, l’éloignement et l’absence de ressources logistiques pour les équipes et les patients rendent peu probable la viabilité d’une telle structure », conclut le préfet de Région Guyane.

Amélie Rigollet