Fraîchement nommé à l’Hôtel Montmorin pour occuper les fonctions de ministre des Outre-mer sous le gouvernement de Jean Castex, Sébastien Lecornu va hériter un certain de nombre de dossiers brûlants. Tour d’horizon des chantiers qui attendent le nouveau locataire de la rue Oudinot.
La crise sanitaire du Covid-19 :
L’épidémie de la Covid-19 est le premier dossier que Sébastien Lecornu devrait suivre. Depuis deux mois, la Guyane connait une recrudescence du nombre de personnes touchées par le Covid-19. On compte à ce jour près de 5 000 cas et 17 décès dans le département, dont la situation est intimement liée à son environnement régional.
Quelques jours avant son départ au Ministère des Outre-mer, Annick Girardin avait lancé un appel à la solidarité nationale pour la mobilisation de soignants dans le territoire guyanais après avoir reconnu un manque de « ressources humaines pour gérer la crise sanitaire ». Aux côtés de son collègue Olivier Véran, Annick Girardin avait également annoncé une prolongation des aides économiques et sociales sur le territoire.
À noter que l’annonce d’un essai thérapeutique consistant à injecter à des patients souffrant du Covid-19 le plasma de patients guéris a suscité une vive polémique en Guyane. Attendue sur place, l’infectiologue Karine Lacombe a finalement décidé de ne pas s’y rendre. « Je pense qu’ils se sont sentis dépossédés de quelque chose, j’espère que chacun retrouvera la raison », a-t-elle expliqué.
La situation de Mayotte est également sous étroite surveillance. Si l’épidémie connait un ralentissement après une importante augmentation du nombre de cas en mai, le virus circule toujours sur l’île, où les moyens de santé fragiles ont forcé les autorités à évacuer certains patients à La Réunion.
Le budget Outre-mer 2021 :
Dès la rentrée de septembre, Sébastien Lecornu devra s’atteler à la préparation du budget Outre-mer. L’année dernière, une enveloppe de 2,6 milliards avait été consacrée aux Outre-mer. Mais depuis, la crise de la Covid-19 est passée par là. Dans un contexte de relance économique, reste à savoir si le nouveau ministre des Outre-mer disposera des mêmes marges de manœuvres que sa prédécesseur.
Le second référendum en Nouvelle-Calédonie :
D’abord prévu en septembre, le second référendum aura lieu le 4 octobre sur proposition de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe. Une date qui ne fait pas consensus sur place, et le nouveau Premier ministre ainsi que Sébastien Lecornu, feront probablement face à une contestation des résultats, alors que l’organisation du premier référendum avait été largement salué. Sur place, les indépendantistes reprochent au gouvernement d’avoir donné l’avantage à une partie des non indépendantistes, sur la date d’une part, mais aussi sur l’autorisation du drapeau français lors de la campagne. Le FLNKS avait menacé « d’aller au contentieux ». Autre donnée nouvelle par rapport au référendum de 2018 : l’entrée en campagne pour le « oui » du Parti travailliste.
Décentralisation et différenciation :
C’est un des axes du « nouveau chemin » évoqué par Emmanuel Macron lors de sa dernière allocution. L’ancien ministre en charge des Collectivités territoriales devra très certainement s’atteler à ce chantier. Reste à savoir si la concrétisation passera par une réforme institutionnelle ou pas. L’ancienne ministre Annick Girardin évoquait déjà d’éventuelles évolutions institutionnelles prenant comme exemple, en Guyane, d’un article unique pour les Outre-mer.
Macron en Polynésie :
Le président de la République devait s’y rendre en avril dernier mais la crise du Covid-19 l’a forcé à reporter ce déplacement, probablement en octobre selon les informations de la Dépêche de Tahiti. Annick Girardin, chargée de préparer ce déplacement, avait prévu un passage sur un atoll de la Collectivité et souhaitait emmener Emmanuel Macron jusque dans les îles Marquises.
Le déplacement était également l’occasion de revenir sur les épreuves de surf de Paris 2014 à Teahupo’o, de rencontrer les autres chefs d’États du Pacifique ou encore, d’y tenir un One Planet Summit qui mettrait en avant les solutions du Pacifique contre le réchauffement climatique. Autre dossier incontournable : les essais nucléaires. Si Sébastien Lecornu s’est déjà rendu en Polynésie en tant que secrétaire d’État à la Transition écologique, il ne s’est pas encore frotté à ce sujet épineux en l’État et la Collectivité.
Trajectoire Outre-mer 5.0 :
C’était la grande annonce de l’ancienne ministre en janvier 2019. En d’autres termes, développer des projets qui permettent une « trajectoire » tendant vers le zéro carbone, zéro exclusion, zéro intrants chimiques, zéro déchet et zéro vulnérabilité. Reste à savoir si le nouveau ministre reprendra ou pas cette trajectoire et s’il continuera à défendre le « réflexe outre-mer » auprès des autres Ministères.