©Haut-Commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie
En déplacement en Nouvelle-Calédonie, le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, veut que la répression des violences contre les gendarmes et les policiers ainsi que celle concernant l’alcoolisme et les stupéfiants soient des priorités du parquet de Nouméa.
« Il y a ici des spécificités qui appellent des réponses particulières », a déclaré le ministre de la Justice, dénonçant des « agressions inqualifiables » à l’encontre « des personnes dépositaires de l’autorité publique, policiers et gendarmes, et aussi du personnel pénitentiaire ». Les déclarations du garde des Sceaux interviennent alors que le week-end dernier à la tribu de St Louis en périphérie de Nouméa des gendarmes ont été la cible de tirs nourris d’armes de gros calibre alors qu’ils intervenaient pour faire cesser des jets de pierre et des entraves à la circulation. Une vingtaine de balles ont atteint les véhicules blindés des gendarmes, qui ont été amenés à riposter.
Le 30 octobre dernier, toujours à St Louis, une dizaine de gendarmes ont été blessés lors d’émeutes survenues après la mort d’un jeune, tué par un gendarme alors qu’il fonçait sur un barrage au volant d’une camionnette. 57 gendarmes ont été blessés en Nouvelle-Calédonie depuis le début de l’année contre 35 en 2015 et 17 en 2014, selon des chiffres communiqués par les autorités. Les tensions à Saint-Louis avait provoqué une réunion d’urgence Place Beauvau pendant laquelle le gouvernement central a annoncé l’envoi de 57 gendarmes et policiers supplémentaires avant février 2017.
Nouméa, responsable de 20% des ivresses sur la voie publique
Jean-Jacques Urvoas a également estimé que la répression de la consommation de stupéfiants, notamment de cannabis, et l’abus d’alcool devaient être les priorités de la politique pénale dans l’archipel, qui va faire l’objet d’une circulaire. « La seule ville de Nouméa est responsable de 20% des ivresses sur la voie publique de la totalité de la République française. Il y a donc quelque chose qui est totalement anormal », a déclaré le ministre, à l’issue d’une matinée de rencontres avec les acteurs du palais de Justice. Alexis Bouroz, procureur de la République, a de son côté souligné qu’en Nouvelle-Calédonie, « les agressions et les violences étaient toujours commises sous l’emprise d’une addiction quelconque (…) alcool ou cannabis ».
La délinquance des mineurs en hausse
En Nouvelle-Calédonie, on recense une hausse de 24% des cambriolages en 2016 par rapport à 2015 et une hausse de 18% des vols de voitures. Des méfaits qui concernent de plus en plus de mineurs: 54% pour les cambriolages contre 43,5% pour les vols de voitures. « Il y a une évolution inquiétante de la délinquance des mineurs », a reconnu Alexis Bouroz. Pour le ministre de la Justice, la réponse à la délinquance des mineurs ne doit pas être une politique de l’enfermement. « On a beaucoup parlé sur le territoire d’un centre éducatif fermé, ce n’est paradoxalement pas un point qui a été évoqué dans la réunion de ce matin parce que ce n’est pas la première réponse à apporter » a déclaré le ministre, qui met en avant la création d’une Direction de la protection judiciaire de l’enfance rattachée au gouvernement calédonien.
Sur le Caillou jusqu’au 19 décembre au soir, Jean-Jacques Urvoas visitera samedi le Centre pénitentiaire de Nouméa – Camp Est, en travaux depuis 2011, année où cet ancien bagne a été pointé du doigt pour sa surpopulation, son insalubrité et ses conditions de détention inhumaines. Dans le même registre, le ministre de la Justice participera à une réunion du comité de pilotage du projet de centre pour peines de Koné (Province Nord), qui a pour but de désengorger le Centre pénitentiaire de Nouméa.
Avec AFP.