Le Sommet Habitat III vient de s’achever sous la responsabilité de Joan Clos, Directeur exécutif d’ONU Habitat, sur une déclaration portant sur « Le nouvel agenda urbain », qui va « modeler » la vision de la ville à l’horizon 2030.
Il comprend notamment « un appel à l’égalité des chances; à l’élimination des discriminations; à des villes plus propres; au renforcement de la résilience et à la réduction des émissions de carbone; au plein respect des droits des migrants et des réfugiés, quel que soit leur statut; à l’amélioration de la connectivité et à la promotion d’espaces publics verts, sûrs et accessibles ». « Utopiste, irréalisable » ont dit certains. « Non, un bâtir ensemble la ville de nos rêves » a répondu le Secrétaire exécutif.
Des questions tout aussi importantes ont conduit les rencontres.
Pour les maires et présidents de régions, qui ont réclamé un pouvoir de décision et d’expérimentation accrus sur leurs territoires, s’ouvrent de nombreux débats. Une ligne de partage s’est dessinée entre les adeptes de la mégapole, condition de la nouvelle croissance (OCDE, FMI), et les partisans d’un territoire mieux équilibré économiquement, condition de réduction de l’exode rural . « Doit-on redonner vie à l’aménagement du territoire ? », tel est le débat qui s’ouvre aujourd’hui avec de nombreuses discussions à venir sur la planification. Une planification qui différera selon les contextes culturels et politiques.
Discussion également sur l’avenir de certains progrès, dont le numérique. La tension était nette entre « smart cities » et « smart citizens », comprendre entre l’usage accru des technologies ou l’implication des citoyens et le regroupement « des intelligences ». Une chose est toutefois acquise : les élus locaux voient leur pouvoir accru. La décision sera-t-elle accompagnée de financements accrus ? Et quelle sera la place à venir de l’Etat dans la gestion des villes ? La clôture jeudi soir d’Habitat III laisse supposer que l’on n’attendra pas vingt ans pour se réunir à nouveau et tirer un bilan des orientations définies.
Cette réunion longuement préparée, aura permis à des milliers de gens de s’exprimer et de réfléchir à leur bien vivre. Elle aura aussi permis de souligner la période de basculement qui s’opère pour les villes : soit on y sera capable d’accueil et de reconnaissance de l’autre, soit on laissera se développer apartheid et bidonvilles. Les élus des Outre-mer, peu nombreux car retenus à Paris par le débat sur l’égalité réelle, ont cependant renouvelé leur espoir de voir s’éclaircir les contradictions auxquelles ils doivent faire face entre les lois de Paris et la réalité spécifique de leur terrain.
L’association Métamorphose Outremers, Think tank d’Outremers 360°, a pu faire entendre sa voix dans des débats très suivis à l’Alliance Française et sur le Pavillon France dans le cadre d’une réflexion sur les villes îliennes et leur capacité à la résilience. Il a pu y être démontré que les Outre-mer pratiquent le fameux multi-acteurs dont on parle tant.
Quant à son exposition « Construire en bois du carbet à l’habitation, de l’ habitation au logement social », elle se poursuit à la demande de l’Alliance Française. Les travaux des architectes de Guyane qui avaient soutenu l’initiative restent donc accessibles aux habitants de Quito interpellés par ce choix de l’habitat en bois, d’autant que le récent tremblement de terre en Avril dernier qui a ravagé leur littoral, fait 235 morts et 1500 blessés est très présent dans les esprits : les édifices, construits au rabais et en dur, seront-ils remplacés par les anciennes constructions traditionnelles plus résistantes ?
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