L’usine de Koniambo ©Antoine Leveau
L’un des plus importants employeurs de Nouvelle-Calédonie, Koniambo Nickel (KNS), va réduire ses effectifs de 140 personnes dans son usine métallurgique du Nord, nouveau coup dur pour l’emploi local sur fond de dégringolade des cours du nickel, a rapporté jeudi le journal Les Nouvelles-Calédoniennes.
Laurent Fogliani, responsable de la communication de KNS, a confirmé que la direction projetait le non-renouvellement de 90 contrats à durée déterminée, contrats de chantier et contrats d’expatriation et le licenciement économique de 50 salariés locaux. Située dans le nord de la Nouvelle-Calédonie, l’usine Koniambo est codétenue par le géant anglo-suisse Glencore et la SMSP, filiale de la province nord indépendantiste. Elle emploie actuellement 936 personnes. Cette annonce intervient alors que Glencore doit décider fin novembre s’il continue ou pas à investir en Nouvelle-Calédonie. Le coût de l’usine du Koniambo a flambé à plus de 8 milliards de dollars (7 milliards d’euros), après une accumulation de problèmes techniques.
Si Joseph Mereatu, délégué USTKE (Union syndicale des travailleurs kanak et des exploités), juge ces suppressions « nécessaires pour sauver l’usine du nord », le Soenc-Nickel (Syndicat des employés et ouvriers de Nouvelle-Calédonie) va au contraire « déclencher son droit d’alerte pour vérifier que le plan de licenciement est bien justifié », a indiqué son dirigeant Pierre Tuiteala. « L’économie locale connaît déjà de grosses difficultés et ce plan va envenimer la crise », a-t-il déclaré. Pourtant, Kenny Yves, patron de la branche nickel de Glencore qui était à Jakarta jusqu’à ce mercredi 21 septembre, était optimiste pour l’évolution des cours du nickel: « Nous avons touché le fond et nous nous attendons désormais à des cours plus élevés. La politique des Philippines est cohérente, car ils veulent aussi préserver leur ressource qui s’épuise ». Le gouvernement philippin a annoncé qu’il fermerait ses usines de nickel dans le cadre de sa campagne en faveur de la défense de l’environnement.
Les dernières déclarations du patron de la branche nickel de Glencore à Jakarta ajoutent de la confusion dans le secteur. Si les cours semblent variables et volatiles, ils tendent en effet à repartir à la hausse depuis juillet 2016. Ce jeudi 21 septembre, ils progressaient de 1,70% sur les cinq derniers jours. Le géant brésilien Vale doit aussi rendre sa décision sur son usine du sud de la Nouvelle-Calédonie. Affaibli par la situation économique du Brésil et condamné à verser une amende de 50 milliards d’euros, l’industriel doit décider de soit « mettre en veille » le site de Goro ou poursuivre la réduction de ses coûts et donc, accroître la compétitivité de l’usine du Sud.
Le gouvernement local a annoncé la semaine dernière un plan d’urgence pour le maintien de l’emploi, comprenant meilleure prise en charge du chômage partiel, mesures fiscales ou en faveur de l’investissement, alors que la Nouvelle-Calédonie a perdu 2.000 emplois salariés entre juin 2015 et juin 2016, en raison du repli de son économie dû à la fin de grands chantiers et à la chute des prix du nickel, selon des chiffres récemment publiés par l’Isee (Institut de la statistiques et des études économiques). La population active de l’île s’élevait à 111.000 en 2014 selon le même institut. Le nickel calédonien, qui représente 20 à 25% des emplois de l’archipel selon Matignon, a subit une crise très importante consécutive à la chute des cours entamée en 2015, due notamment au ralentissement de l’économie chinoise.
Avec AFP.