La décision de l’Autorité de la concurrence, d’autoriser sous condition le rachat du groupe de distribution alimentaire réunionnais Vindémia par le groupe Bernard Hayot, continue de faire réagir à La Réunion.
Dans un courrier adressé au ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, l’inter-consulaire de La Réunion, composé de la Chambre de commerce et d’industrie, de la Chambre de métiers et d’artisanat et de la Chambre d’Agriculture craint « la domination économique d’un seul acteur sur un marché déjà contact et non extensible ». « Cette transaction apparaît en contradiction totale avec l’attente impatiente des Réunionnais et les propositions formulées lors de la sortie de crise en 2019 » et « opposée de la position du gouvernement en place, qui entend lutter contre les économies de rente, les monopoles et qui affiche sa volonté de faire vivre la concurrence plurielle pour baisser les prix ».
« Avec une domination estimée à près de 40% sur le panier des dépenses des consommateurs rattaché directement ou indirectement au giron de GBH, une telle opération fait craindre le renforcement drastique de ce groupe sur le portefeuille des Réunionnais », a également précisé l’inter-consulaire, qui énumère les secteurs dans lequel le groupe GBH possède des parts : automobile, distribution, production laitière, bricolage, sport. « Nous vous demandons, au nom des 58 000 petites et moyennes entreprises réunionnaises, dont l’avenir de certaines est suspendu au sort qui sera réservé à ce dossier, de demander le passage en Phase 2 de l’étude de ce dossier, afin de procéder à une analyse approfondie de l’impact du rachat de Vindémia par le groupe GBH », a poursuivi l’inter-consulaire.
À La Réunion, le rachat de Vindémia par le groupe Hayot fait réagir
Côté politique, le sénateur Michel Dennemont interpelle lui aussi le ministre de l’Économie et des Finances et lui demande également ce passage en phase 2 de la procédure. « La loi vous le permet dans un délai de cinq jours à compter de la notification par l’Autorité de la concurrence (26 mai 2020) ». « Ce dossier prend naturellement aujourd’hui une tournure très politique et aura des conséquences désastreuses, quasi irréversibles sur l’opinion réunionnaise et donc sur les prochaines échéances électorales », ajoute-t-il, pointant lui aussi « une position dominante inadmissible pour notre territoire ».
« Le groupe GBH détiendrait une position dominante sur le marché de la distribution généraliste avec 37 à 40 % de parts de marché et formerait avec le groupe Leclerc un duopole qui totaliserait alors 70 % du marché ! Au total, GBH atteindrait ainsi un chiffre d’affaires global à La Réunion de l’ordre de 1,7 milliard d’euros, totalisant environ 45 % des dépenses de consommation courante des ménages réunionnais ». Michel Dennemont appelle le ministre à « politiquement reprendre la main et montrer aux Réunionnais que nous respectons la parole du Président de la République qui s’est engagé en octobre 2019 à lutter contre les monopoles et autres concentrations économiques et financières ».