Congrès de l'UICN à Marseille : Un congrès fondateur d'une stratégie interministérielle

© Porte-parolat des Armées

Congrès de l'UICN à Marseille : Un congrès fondateur d'une stratégie interministérielle

Ce Congrès UICN aura été en fait la traduction de la première stratégie interministérielle, un moment fondateur de mise en cohérence des différentes actions publiques. Financièrement il faudra donc ajouter au budget du secrétariat d'État à la biodiversité, les budgets de France Relance, des autres ministères  et des collectivités pour savoir exactement ce qui sera dédié à la préservation de la biodiversité.



« Il faut des changements transformateurs, rappellera Bérangère ABBA en accueillant Florence Parly, Ministre des Armées. La stratégie nationale biodiversité sera présentée début 2022, avec un calendrier et des indicateurs pour présenter les modifications envisagées.» Elles intégreront les conclusions du Congrès.

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De longue date, l’Armée offre son aide. Elle protège de nombreuses zones Natura 2000, veille au respect de la protection des aires marines protégées, forme des acteurs. « La présence du Ministère des Armées à ce congrès de protection de la nature n’est pas forcément une contradiction mais nous avons des idées reçues à déconstruire», précise Florence Parly. «Nous sommes dans notre rôle, car préserver la biodiversité, c’est préserver la vie de l’homme. Le réchauffement climatique, en affectant  la sécurité alimentaire, menacera la sécurité. En Guyane l’orpaillage illégal que l’opération Harpie combat, est un fléau sanitaire et environnemental : non seulement il détruit des forêts, mais il menace la santé des populations avec le mercure ; l’accès à l’eau potable devient très difficile. L’atlas mondial des financements illégaux démontre que  la criminalité environnementale est la première source de financement des groupes terroristes».

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L’armée gère 275.000 ha soit la taille du département du Rhône, et la marine nationale au sein de l’espace maritime ZEE de la France, consacre un quart de ses opérations  à la lutte contre la pollution maritime, à la pêche illicite, à la protection des AMP. La France a sur ce plan d’immenses responsabilités en tant que deuxième zone maritime mondiale. Sur le papier , nous répondrons à la demande de 30% de mise en protection mais il sera plus difficile de garantir les 10% de protection ferme. D’autant que certaines régions sont sceptiques. 

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Ainsi la Polynésie n’est pas prête à déléguer la surveillance de ses zones, refuse « la protection coloniale», craint d’être privée de ses droits de pêche, de ses ressources alimentaires, et se réserve la gestion des pêches traditionnelles au bord des ilôts rappelant sa capacité à surveiller les engins de pêche illicites. Pourront- ils encore longtemps se priver de l’aide  de l’armée ? .« Nous avons signé une convention  avec la Nouvelle Zélande et l’Australie pour suivre les thons et anticiper les futurs conflits de pêche», précise Florence Parly. «Notre stratégie est à 360°; elle intègre terre, ciel, mer.  D’ici 2025, une cartographie identifiera les principaux enjeux et s’écrit en partenariat avec le Museum pour orienter politique conservatoire, évaluer l’impact de l’armée sur la biodiversité »

Lors des périodes de reproduction des espèces menacées, l’armée évite de survoler les espaces de nidification. Un militaire avec des scientifiques réunis dans le projet Kivi Kuaka ont constaté que certains  oiseaux migrateurs sont  sensibles aux infrasons produits par les vortex des cyclones ou les vagues submersives. Les chercheurs ont donc équipé des centaines d’oiseaux du Pacifique sud de petites balises, de 5 grammes seulement. Cinq espèces sont visées : le courlis d'Alaska (Kivi en polynésien) la barge rousse (ouata en Maori), le Pluvier fauve, le Chevalier errant et la Sterne fuligineuse. On suit leurs vols espérant ainsi anticiper cyclone et tsunami, lancer les alertes et mieux prévoir l’aide à apporter aux populations civiles, victimes de ces épisodes climatiques violents.

La ligne budgétaire du Ministère dédiée à ces préoccupations grossit. En 2021, elle était de 2,6 millions soit 12 fois plus qu’en 2017 et sera de 3,6 Millions en 2022,  et 600 personnes devraient être formées. « Des événements créent de nouvelles failles, donc de nouveaux conflits. Cela  amplifie ce à quoi les militaires sont confrontés depuis de longues années. » .Demain il va falloir gérer les conflits liés à la pêche en mer de Chine, les dégâts induits par la violence répétée des cyclones aux Antilles, les nouvelles routes et les nouveaux enjeux aux pôles. Autant d’événements géopolitiques liés aux questions environnementales.

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Dominique Martin Ferrari