Tour à 360° : épisode 5 : comment les médias d’Outre-mer s’adaptent durant la crise ?

Tour à 360° : épisode 5 : comment les médias d’Outre-mer s’adaptent durant la crise ?

En cette période de pandémie, Outremers360 est parti faire un tour (virtuel !) chez ses confrères situés dans les bassins indien, atlantique et pacifique. Pour ce cinquième épisode, nous avons interviewé Sonia Aline, gérante du groupe média Radio 1, Tiaré FM, SA Productions et ticketpacific.pf en Polynésie.

Outremers360 : Comment l’équipe a-t-elle réagi dès la mise en place du confinement ?

Sonia Aline : Radio 1 est la première Fm de Tahiti, nous fêterons donc ses 40 ans l’année prochaine. C’est une radio privée locale qui émet sur le territoire de la Polynésie française et dont le format donne une large place à l’information. Nous avons une rédaction locale de cinq journalistes et nous diffusons une partie des programmes d’Europe 1 depuis 1985. Tiare FM est la radio locale musique et news.

Par conséquent il était tout à fait naturel qu’en période de crise sanitaire mondiale, tout le personnel des deux radios se mobilise et surtout la rédaction et les animateurs pour continuer à diffuser l’information au plus grand nombre et essayer de distraire un peu les auditeurs pendant cette période difficile. Le reste des employés a pris des congés et travaille à mi-temps en télétravail le temps de la durée du confinement.

Quelle organisation interne avez-vous mis en place ?

Nos collaborateurs ont souhaité continuer à travailler. La radio ne s’arrête jamais ! Nous avons donc mis en place toute la sécurité pour que chacun puisse travailler pendant tout le confinement dans les meilleures conditions. L’accès aux radios a été fermé aux visiteurs depuis mi mars et les locaux ont été nettoyés et désinfectés. Nous avons distribué à tous les employés des masques, des gels, des sprays et des lingettes désinfectantes. Les règles d’hygiène et les gestes barrières sont affichés dans les locaux et répétés régulièrement. Les animateurs et les journalistes doivent désinfecter les appareils qu’ils ont touchés durant leur intervention en radio. Nous sommes heureux et fiers de constater leur motivation et implication.

Quels dispositifs de couverture médiatique avez-vous déployés depuis le début de la crise ?

Nous avons ajouté des rendez-vous d’information en radio ainsi que les directs antenne et des lives Facebook. Deux fois par jour, depuis un mois, nous diffusons les points presse de la cellule de crise du gouvernement, ainsi que les allocutions du haut-commissaire et du président du gouvernement de la Polynésie française.

Quels dispositifs d’interactivité avec la population avez-vous mis en place ?

Côté animation, Radio 1 a toujours donné une large place aux émissions type talk show avec les auditeurs en direct entre 9 heures et midi. Depuis le début du confinement, cette émission est consacrée à la pandémie.

En tant que média privé, comment ont réagi les annonceurs face à la crise ?

En tant que média privé, notre seule ressource financière est générée par la publicité. Depuis le confinement, nous gérons les annulations ou au mieux les reports de campagnes. Le chiffre d’affaire de Radio1 et de Tiare FM depuis le mois de mars est en chute libre. Et à contrario, aucune économie ne peut être réalisée dans nos deux radios. En cette période de forte actualité, nous devons être encore plus présents.

La crise peut aussi être un révélateur de points positifs, qu’est-ce que cette crise a pu apporter à votre média ?

Il est difficile d’y voir des points positifs. Nous ne récolterons aucun bénéfice et encore moins financièrement. Nos clients sont fragilisés et par conséquent, les finances des radios également. L’équipe a déjà eu l’occasion de collaborer ensemble plusieurs fois. En quarante ans d’émission, nous avons eu l’occasion de mettre en place ce genre de dispositif de crise. Mais celui-ci est bien plus grave car en plus du stress, de la mise à jour de l’actualité à chaque instant de la journée, s’ajoute l’angoisse de contracter le virus. Nous savons bien que l’essence même de notre métier est d’informer quand la population en a le plus besoin. Nous avons hâte d’annoncer la découverte d’un vaccin et que le monde revienne à la normal.

Témoignage de Caroline Perdrix, rédactrice en chef de Radio 1

« Ici, à Tahiti, tous les membres de la rédaction sont au travail, après une petite alerte me concernant qui m’a fait me confiner dix jours au début de la crise. Nous continuons à aller sur le terrain. La direction nous a fourni gel hydroalcoolique, produits de nettoyage et quelques masques, ce qui relevait de l’exploit. Entre nous, nous communiquons beaucoup par messagerie sur Internet, et nous rendons compte en direct des points presse officiels via Facebook. Nous sommes très attentifs aux messages des auditeurs sur nos réseaux sociaux, et chacun à notre manière, on essaye d’apporter les réponses. La grille de l’information a été modifiée. Et naturellement, le site web de Radio1 est toujours alimenté. Notre principale difficulté, en réalité, et je crois que c’est le cas dans le monde entier, c’est d’obtenir des réponses claires des autorités sur le présent, et surtout sur l’avenir. »

Propos recueillis par Amélie Rigollet

Tour à 360°- épisode 4 : comment les médias des Outre-mer s’adaptent durant la crise ?

Tour à 360°- épisode 3 : comment les radios des Outre-mer s’adaptent durant la crise ?

Tour à 360°- épisode 2 : comment les radios des Outre-mer s’adaptent durant la crise ?

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