« Je n’ai pas envie que les territoires ultramarins ressemblent à l’Hexagone », a déclaré Emmanuel Macron lors de la signature des CCT. Joël Destom rebondit sur ces propos dans le volet de la protection sociale ©Outremers360
L’expertise du 3 juillet 2019, mettant en avant « l’investissement social » comme « un levier d’avenir » pour gagner la difficile bataille de l’emploi et lutter contre le chômage en Outre-mer, a suscité de nombreuses réactions en lien avec les problématiques auxquelles sont confrontés ces départements.
Aussi, Joël Destom, Directeur Outre-mer d’AG2R LA MONDIALE, prolonge la réflexion en l’ouvrant sur l’idée d’une « protection augmentée » dans les départements d’Outre-mer, qui prendraient de l’avance sur l’Hexagone et porteraient un « modèle d’avenir ».
Le 8 juillet 2019, la cérémonie de signature de contrats de convergence avec plusieurs collectivités ultramarines, a donné au Président de la République l’occasion d’exprimer sa volonté d’ouvrir une nouvelle « relation de confiance » avec ces territoires. « Prendre un nouveau départ ! », « Ne pas s’habituer aux situations de retard ! », « Changer le quotidien des ultramarins ! », vivre « un réveil collectif ! », …Le choix des mots utilisés par Emmanuel Macron interpelle et renvoie chacun à ses responsabilités.
S’agissant de la protection sociale, interrogeons très concrètement « ce que nous pourrions faire » au bénéfice de populations qui estiment souvent que l’échelon central n’aurait comme objectif que d’assurer, à minima, le calme social.
Sur la base des nombreux constats réalisés (facteurs démographiques spécifiques, émigration des jeunes diplômés, absence de diversification de l’économie, caractéristiques du marché de l’emploi, poids de l’économie informelle, etc.) ne pourrait-on pas imaginer construire une trajectoire d’évolution autour des différents statuts d’actifs afin de garantir à chacun, indépendamment des situations, une couverture sociale « augmentée » ? Ne pourrait-on pas créer de l’attractivité avec la création d’un « statut de l’actif ultramarin » ? Si une autre option était préférable, ne pourrait-on pas adapter le cadre réglementaire sur ces territoires pour prendre en compte toutes les formes d’emploi et surtout pour les valoriser avec un socle de couverture riche et attractif ?
Il n’est pas certain que l’universalisation de la protection sociale soit une réalité pour tous les ultramarins. Dès lors, pourquoi ne pas gommer une situation de retard ? Pourquoi ne pas décider de prendre de l’avance, d’ériger un modèle d’avenir ? Pourquoi ne pas tenter de réduire les écarts, d’harmoniser les droits existants, de créer l’accès à de nouveaux droits ?
Par exemple, les réflexions engagées sur le régime de l’assurance chômage permettent d’imaginer l’application embryonnaire du principe de solidarité de l’ensemble des actifs face au risque de perte d’emploi. Ne pourrait-on pas imaginer une réflexion renforcée articulant le risque de perte de revenus des actifs, la combinaison de l’assurance chômage et des prestations sociales pour offrir de facto une forme de sécurité des trajectoires de revenus, pour oser la construction d’un patrimoine quoiqu’il arrive ?
Autre exemple, en matière de retraites, si la convergence des règles entre les différents régimes a progressé au fil des réformes, la diversité de ces régimes et de leurs règles de calcul continuent à induire des écarts de prestations. L’instauration du système de retraite universel, commun à tous les actifs, serait une première étape. Ne pourrait-on pas immédiatement imaginer le compléter par un régime spécifique, complémentaire et cohérent avec les « rattrapages » souhaités, le pouvoir d’achat espéré à une période de vie donnée ?
Lorsque le Président de la République déclare : « je n’ai pas envie que les territoires ultramarins ressemblent à l’Hexagone », prenons le parti de penser qu’il s’agit de l’expression d’une ambition supérieure. Voyons là une occasion de « Repenser une protection augmentée en Outre-mer ».
Joël Destom, Directeur des Outre-mer AG2R LA MONDIALE