Service des urgences du CHM ©Pierre René-Worms / RFI
Le coût annuel des dépenses de santé par habitant à Mayotte s’élève à 900 euros contre 3 000 euros à La Réunion et 3 300 euros en France hexagonale, a révélé mercredi Xavier Montserrat, directeur de la délégation mahoraise de l’Agence régionale de santé (ARS).
S’exprimant lors d’un échange avec le Conseil économique, social et environnemental de Mayotte (Cesem) portant sur le Plan régional de santé (PRS) 2018-2027 au Conseil départemental, Xavier Montserrat a également évoqué les carences de professionnels de santé sur le territoire – 216 médecins pour 212 645 habitants dont 20 médecins généralistes libéraux, selon le dernier rapport Statiss Océan Indien -.
« Le mode d’organisation et les moyens sont présents mais insuffisants », a également reconnu devant l’assemblée du Cesem François Maury, directeur général de l’ARS Océan Indien. « Je ne me satisfais pas de la situation », a-t-il ajouté, reconnaissant que le Centre Hospitalier de Mayotte (le CHM, unique hôpital de l’île) avait été mis « presque à genoux » entre 2015 et 2017 en raison de l’augmentation conséquente du nombre d’accouchements (+45%) et de la fréquentation de l’hôpital en général (+25%) durant cette période. En visite à Mayotte les 2 et 3 octobre dernier, la Ministre de la Santé Agnès Buzyn avait défendu la qualité des soins hospitaliers sur l’île.
« Tendre vers la tarification à l’activité »
De nombreuses voix parmi le Cesem ont mentionné à maintes reprises la problématique de l’immigration en provenance des îles voisines des Comores, soulignant son poids économique pour les assurés sociaux ainsi que l’effet important de saturation du système de santé. « Je ne rentre pas dans ces débats (…) Quelqu’un qui a besoin de soins doit être pris en charge dans le cadre de la réglementation », a déclaré fermement François Maury. Le directeur général a également expliqué que le CHM était le seul hôpital de France – avec celui de Saint-Pierre et Miquelon – à composer avec une dotation globale de fonctionnement et non avec un remboursement à l’acte.
Cependant, François Maury a indiqué que l’objectif à terme était de « tendre vers la tarification à l’activité » et que les questions de compensation financière liée au poids économique des soins apportés aux étrangers seraient étudiées dans le cadre du schéma régional de santé (SRS). Enfin, il a annoncé que Mayotte faisait partie des trois territoires de France choisis pour expérimenter le système de dérogation d’un certain nombre d’actes médicaux, comme l’administration d’un vaccin par un infirmier.
Avec AFP.