Dès le début des pénuries, des tours d’eau ont été mis en place à Mayotte ©Ornella Lamberti / AFP
Le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux a annoncé, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, qu’il sera en visite officielle à La Réunion les 3 et 4 mars puis à Mayotte les 4 et 5 mars, afin de « suivre au nom du gouvernement la réponse des pouvoirs publics » face à la pénurie d’eau sur le Département.
Interpellé par le député de La Réunion Thierry Robert sur les pénuries d’eau qui touchent Mayotte depuis 2 mois, le ministre de l’Intérieur a annoncé un déplacement dans le Département début mars, après un passage à La Réunion. Le ministre a annoncé de nouvelles mesures pour faire face à ces graves pénuries d’eau qui touchent essentiellement le centre et le sud de l’île.
Un tanker entre Mayotte et La Réunion
« A Mayotte, les habitants n’ont accès à l’eau qu’un jour sur trois » a rappelé Thierry Robert, « cela s’explique par un épisode de sécheresse, mais aussi par l’absence d’un réseau d’eau sécurisé ou de station de potabilisation ». « Un tanker pourrait apporter 500 000 m3 [d’eau] par rotation depuis La Réunion » a annoncé le ministre de l’Intérieur, « ce prélèvement représenterait une infime partie des réserves » de La Réunion, assure-t-il. Ce tanker devrait se brancher « sur la canalisation qui transporte l’eau d’Est en Ouest » de La Réunion, financé par le contrat de projet Etat Région (CPER) réunionnais, et les fonds européens à hauteur de 900 millions d’euros. Cette première mesure avait été jugée « bancale » par le député Thierry Robert, en raison de la distance entre les deux îles (1 400km) et des conditions climatiques semblables.
« Le volume de distribution d’eau à La Réunion se situe autour de 10 millions de mètres cubes par an, le prélèvement de 500.000 mètres cubes vers Mayotte représenterait alors 5 %. Ce potentiel peut aller jusqu’à 50 millions de mètres cubes par an, le prélèvement (…) représenterait alors 1% », rapporte de son côté le député de Mayotte Ibrahim Aboucar au Journal de Mayotte.
Une usine de désalinisation avant 2020
Avant 2020, Bruno Le Roux évoque également « la construction d’une usine de désalinisation dans le sud, ainsi qu’une troisième retenue collinaire ». En effet, les deux retenues collinaires de Mayotte sont considérablement asséchées depuis le début des pénuries en eau. Concernant l’usine de désalinisation, « le délai de réalisation est de 18 mois pour un coût de 12 millions d’euros » et « une production de 5.000 m3 par jour », a expliqué le député de Mayotte Ibrahim Aboubacar au lendemain des annonces du ministre de l’Intérieur. Pour le financement de ces projets, Ibrahim Aboubacar assure que les crédits du Fonds exceptionnel d’investissement du Ministère des Outre-mer seront mobilisés à hauteur de 5,5 millions d’euros pour 2017. Le Département fera également appel au FEDER à hauteur de 14 millions d’euros ainsi qu’un emprunt de 46 millions d’euros à la Caisse des Dépôts. Sur cet emprunt, 17 millions d’euros ont déjà été engagés.
« Je constate que les décisions à prendre s’enrichissent par rapport à la dernière réponse qui m’avait été apportée il y a deux semaines », s’est réjoui Ibrahim Aboubacar, « dès qu’elles auront été arrêtées et lancées, il va falloir aussitôt se pencher sur la quatrième étape de la réponse à cette crise, c’est-à-dire le long terme ». En effet, si le ministre de l’Intérieur a répondu à la gestion immédiate des pénuries d’eau à Mayotte, il n’a cependant pas répondu à l’absence de réseau d’eau sécurisé souligné par le député réunionnais Thierry Robert. En attendant et sur le court terme, quatre forages seront réalisés, ce qui permettrait de produire 2.000 m3 par jour, sans compter les distributions « immédiates » de bouteilles d’eau et la mise en place de citernes.