A Saint-Martin, les écoles restent au cœur des préoccupations

A Saint-Martin, les écoles restent au cœur des préoccupations

©Education.gouv.fr

Classes en rotation faute de places suffisantes, inquiétude autour des examens, la scolarisation des élèves de Saint-Martin reste l’une des préoccupations majeures pour beaucoup d’habitants, six mois après l’ouragan qui a dévasté les écoles et alors qu’approche la prochaine rentrée.  

Cartables ou sacs au dos, ils portent les tee-shirts bleus, violets ou oranges de leurs écoles, discutent et chahutent, traînant un peu les pieds alors que la sonnerie retentit : une scène banale de matin d’école mais qui, sur Saint-Martin, marque les efforts entrepris depuis le 6 septembre, date de la rentrée scolaire, lorsqu’Irma et ses vents à plus de 350km/heure ont détérioré 18 des 21 établissements scolaires de l’île. Tous les élèves ont finalement repris les cours le 6 novembre, deux mois après le passage de l’ouragan. Un système de rotations matin/après-midi des élèves a alors dû être mis en place dans certaines écoles, car trois établissements, un collège et deux écoles, étaient inutilisables.

Six mois après l’ouragan, ces trois établissements ne rouvriront pas, explique Michel Sanz, directeur académique adjoint. Le système de rotation est toujours d’actualité, pour deux maternelles et deux écoles élémentaires, qui se partagent deux écoles, les primaires le matin, les maternelles l’après-midi. De même, les élèves d’un collège sont accueillis dans les salles de la Cité scolaire (qui compte déjà un collège et un lycée). Un système loin de satisfaire l’Union des parents d’élèves de Saint-Martin. « Le cycle de vie des enfants est complètement perturbé, ils sont complètement laissés pour compte », déplore sa présidente Vernicia Brooks, qui souligne aussi les difficultés d’organisation pour les parents. Dans une récente question au gouvernement, la députée de Saint-Martin et Saint-Barth, Claire Guion-Firmin (apparentée LR) avait aussi jugé « inenvisageable de nous contenter d’un enseignement à mi-temps ».

Rentrée normale

Alors qu’un comité interministériel doit se tenir le 12 mars à Paris pour déterminer l’engagement financier de l’Etat dans les investissements en termes de reconstruction, « la priorisation ce sont les écoles », affirme le président de la collectivité, Daniel Gibbs. « Il est inconcevable d’envisager une rentrée scolaire dans les conditions qu’on a eues après Irma », insiste-t-il, souhaitant « réhabiliter les établissements, pour permettre une rentrée normale en septembre 2018, et ensuite prévoir la reconstruction », qui « prendra du temps ». « Après ce qu’on a subi, c’est compliqué d’être dans des conditions normales », ajoute-t-il, « mais tous les efforts nécessaires sont faits pour avoir suffisamment de classes à la rentrée ».

Avec des établissements scolaires en moins, « cela va faire des classes surchargées », s’inquiète Vernicia Brooks. « On nous dit qu’il y a des élèves en moins, partis après Irma, mais on est persuadé qu’ils vont revenir ». Selon les chiffres officiels, les écoles publiques de Saint-Martin et Saint-Barthélemy ont perdu 20% de leurs élèves. Des familles ont quitté les deux îles après Irma, et scolarisé leurs enfants soit en Guadeloupe ou Martinique, soit dans l’Hexagone. Un temps critiqués par la ministre des Outre-mer pour leur défection, 90% des enseignants sont également présents. « Que certains dans le chaos que nous avons connu tous ici, aient pu partir, je peux le comprendre », a souligné Michel Sanz. Mais « on ne pouvait pas accepter que ça dure, donc les choses ont été dites : il faut revenir. Et si vous ne pouvez pas revenir, il faut justifier votre absence ».

Des parents d’élèves s’inquiètent aussi pour les examens à venir. « Est-ce que les élèves qui passent le bac ou le brevet seront prêts ? La réponse est oui », assure Michel Sanz, qui précise que « des dispositifs pédagogiques ont été mis en place pour justement rattraper le retard ». Quant au lycée professionnel, dont les équipements techniques, notamment sur la section restauration et arts culinaires, ont été très endommagés, « les équipes pédagogiques ont mis en place toute la partie théorique et elles vont désormais pouvoir commencer la partie professionnelle ». Mais pour Vernicia Brooks, « le bac pro est compromis ». « Quelle sera la valeur de ce bac par la suite? », demande-t-elle.

Avec AFP.