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Le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, se rendra en Nouvelle-Calédonie ce jeudi, quelques jours après la courte victoire du « non » (53,26%) lors du 2ème référendum d’autodétermination, ce dimanche. Sur place, les partenaires calédoniens de l’Accord de Nouméa, indépendantistes et non indépendantistes, attendent de pied ferme cette visite.
« C’est indispensable qu’il vienne pour prendre la mesure de la complexité du pays, et nous sortir de l’ornière référendaire », a déclaré lors d’une conférence de presse à Nouméa, le député UDI Philippe Gomès, reprochant à l’État son « silence assourdissant » avant le référendum. Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu s’envolera jeudi pour la Nouvelle-Calédonie où il va se plier à la quatorzaine obligatoire pour tout arrivant, afin de rencontrer les forces politiques calédoniennes.
Le Ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu partira ce jeudi pour la Nouvelle-Calédonie
Le député, également tête de file du parti non indépendantiste Calédonie Ensemble, espère que le ministre permettra de relancer le dialogue entre indépendantistes et non indépendantistes, au point mort depuis deux ans. « Cette ligne du dialogue n’est plus une option mais une obligation », a déclaré le leader de ce parti, aujourd’hui minoritaire et ardent défenseur d’un projet négocié. Sans dialogue, « les indépendantistes peuvent être tentés par un dernier coup de rein et la Kanaky sans discuter, c’est ça qui nous pend au nez », a-t-il ajouté, faisant allusion à la possibilité d’un troisième référendum d’ici 2022, comme prévu par les accords de Nouméa.
Pour le député Philippe Dunoyer, également membre Calédonie Ensemble, les résultats de dimanche « résonnent comme un coup de tonnerre dans le ciel calédonien », soulignant qu’en deux ans, la progression du oui à l’indépendance a fait un bond de 20% en nombre d’électeurs. Calédonie Ensemble, qui a perdu le pouvoir en 2019, a mis en cause « la radicalité » de la campagne des Loyalistes (front de six partis non indépendantistes, dont le RN), qui s’est soldée par un « échec historique », qui a « détourné du non l’électorat plus modéré ou hésitant ».
Référendum en Nouvelle-Calédonie : Les réactions des politiques calédoniens
Lors d’un discours dimanche après le référendum, Emmanuel Macron a estimé que le moment était venu « d’appréhender les conséquences concrètes de tous les scénarios » pour l’avenir, invitant les partisans du oui à « accepter d’envisager l’hypothèse et les conséquences du non », et les partisans du non à « accepter d’envisager l’hypothèse et les conséquences d’un oui ». Une perspective dont s’est réjoui Calédonie Ensemble, qui prône un projet « conjuguant le oui et le non ».
Avant son arrivée en fin de semaine à Nouméa, Sébastien Lecornu s’est entretenu avec les partenaires politiques calédoniens par téléphone. « Il m’a parlé d’une méthode de discussions. Ce sera une discussion générale avec un fil conducteur : la préparation de la sortie de l’Accord (de Nouméa), référendum ou pas référendum », a confié Roch Wamytan, président indépendantiste du Congrès calédonien, interrogé par Nouvelle-Calédonie La 1ère.
« On attend de savoir ce que le ministre des Outre-mer nous apporte comme nouvelles. En tout état de cause, nous, on discutera de la suite du processus dans le cadre d’une accession du pays à la pleine souveraineté », a ajouté Louis Mapou, chef du groupe Union nationale pour l’Indépendance au Congrès. « Au-delà du rôle impartial de l’État, on fait la différence entre l’État et le gouvernement de la République qui devra être plus qu’un arbitre dans ce dossier », a estimé Sonia Backès, présidente non indépendantiste de la province Sud.
« Le rôle de l’État, maintenant, c’est d’aller un peu plus loin que simplement discuter de ce qui est important pour les uns et les autres. Il va falloir faire la synthèse de tout ça », a-t-elle poursuivi. « Nous sommes satisfaits que le discours du Président de la République se concrétise sans délai avec la venue de Sébastien Lecornu ministre des Outre-mer. C’est pour nous une preuve de la volonté du Président de la République de s’investir pleinement dans la sortie de l’accord de Nouméa », a déclaré de son côté le jeune parti loyaliste Générations NC.
Avec AFP.