Il aura fait des pieds et des mains, offert des postes, des porte-feuilles de ministre, déplacé des ministres pour renforcer ses rangs à l’Assemblée territoriale de Polynésie française,… Cette fois, c’est bon, du moins pour le moment. Edouard Fritch, Président du gouvernement polynésien a sa majorité.
Le vote du budget 2016 de la Collectivité doit débuter ce jeudi 10 décembre à l’Assemblée territoriale de Polynésie française. Depuis qu’il est au commande du pays, c’est-à-dire septembre 2014, Edouard Fritch cherche désespérément une majorité, en d’autres termes, 29 représentants acquis à sa cause pour gouverner en toute sérénité. Pas d’amendements au budget, pas de report de vote, pas de texte bloqués par l’opposition, en bref, un mandat sur un long fleuve tranquille. Après avoir démissionné de son parti d’origine le Tahoera’a Huira’atira pour créer son propre parti le Tapura Huira’atira, après avoir débuté une approche avec le groupe A Tia Porinetia (ATP) et offert un poste de Ministre au président de ce groupe, et après avoir rallié à sa cause d’anciens flossistes, Edouard Fritch a, semble-t-il, enfin une majorité à la veille du vote du budget 2016. Les groupes Tapura Huira’atira et ATP vont officialiser leur fusion, la 29ème pièce manquante à ce puzzle politique est Joelle Frebault, une représentante indépendantiste !
La rumeur courrait depuis lundi soir. Elle vient d’être officielle, ce mardi matin 8h (heure locale). La représentante du groupe indépendantiste Union Pour la Démocratie (UPLD) sera la 29ème voix de la majorité Fritch. Selon une source proche de l’information, relayée par Tahiti-Infos, elle aurait prit part au petit-déjeuner organisé par le Président du gouvernement Edouard Fritch, aux côtés des élus ATP et Tapura. Lundi soir encore, à l’annonce de la rumeur colportant le ralliement de Joëlle Frebault, quelques cadres UPLD ne voulait pas y croire. Si le ralliement est confirmé et officialisé, le groupe UPLD n’aura plus que 10 sièges à l’Assemblé. Avant Joëlle Frebault, de nombreux élus Tahoera’a Huira’atira (parti de Gaston Flosse) ont rejoint leur collègue et ex-dauphin du parti orange, Edouard Fritch. Certains ont néanmoins décliné l’offre au dernier moment, comme Rudolphe Jordan, assumant allègrement les tractations qui mettaient en jeu des postes bien placés. Pour Joëlle Frebault, aucune information ne circule pour l’heure sur les contre-parties de son ralliement. Un bel exemple dans un territoire où le taux de chômage des jeunes est le double de celui de l’Hexagone.
Demain matin, le Tapura et ATP devraient également officialiser leur alliance. Tout n’est que questions administratives puisque ce rapprochement a débuté en septembre, le temps pour les deux partis « de mieux se connaître », ou tout simplement de satisfaire les exigences de chacun. La Polynésie française est quant à elle, en proie à l’instabilité politique depuis 2004. Près d’une vingtaine de gouvernements et présidents se sont succédés à coup de motion de censure ou de défiance, plongeant le territoire dans une crise politique, économique et sociale durable. Et pendant que la classe politique s’affaire à gouverner au jour le jour, sans aucune volonté de développement sur le long-terme, se contentant de boucher les trous et se constituer une majorité fragile, la population subit chômage, précarité, augmentation de la délinquance, perte des investisseurs et panne économique depuis le début des années 2000.
Rien ne permet de dire que cette nouvelle majorité à 29, qui reste quelque peu juste pour les prochains dossiers à venir, dont celui du budget. Les Polynésiens ont également l’habitude des alliances qui se font et se défont. En 10 ans, la pratique est devenu un sport national. Sur tous les gouvernements et présidents qui se sont succédés, la population en a voté quatre.