©Twitter / Annick Girardin
L’Etat va verser 120 millions d’euros au conseil départemental de Mayotte, pour compenser le transfert de compétence en matière de protection maternelle et infantile (PMI), a annoncé jeudi la ministre des Outre-mer Annick Girardin, en déplacement sur l’ile jusqu’à ce dimanche.
« La PMI de Mayotte est la plus importante PMI de France par son activité », a déclaré la ministre, qui a posé la première pierre de la nouvelle PMI de Vahibé, avant de signer une convention dans laquelle « l’Etat reconnaît le droit à compensation » de la compétence en matière de PMI transférée au conseil départemental en 2009. « Les chiffres de la santé à Mayotte sont alarmants », a-t-elle affirmé. Elle a ainsi cité les « 10.000 naissances prévues » pour 2017, un « taux de mortalité infantile et maternelle quatre fois plus élevé qu’en métropole », une population où « plus de la moitié des habitants a moins de 20 ans ». « Des indices de fécondité élevés », une « couverture vaccinale faible chez les plus jeunes » sont également des facteurs d’inquiétude.
Fière de poser la première pierre du centre de protection maternelle et infantile de Vahibé. Agir pour l’enfance mahoraise est une priorité. pic.twitter.com/lGjJuH8vkC
— Annick Girardin (@AnnickGirardin) 31 août 2017
« Plus de 80% de la population mahoraise vit sous le seuil de pauvreté », a souligné la ministre. « Cela n’est pas acceptable. Cela n’est pas tolérable », a-t-elle déclaré. « De nombreuses mères originaires des Comores viennent accoucher à Mayotte. L’accès à la santé dans les conditions prévues par les lois de la République est à l’évidence un facteur d’incitation à la migration, qui a des conséquences sur le système de santé mahorais », a-t-elle dit. En 2016, ces naissances s’élèvent à 74% du total des naissances sur Mayotte. Et selon une étude de l’Insee Océan Indien, le nombre total de naissances à Mayotte est de 9 496, soit une progression de 45% par rapport à 2015. Des chiffres qui font de Mayotte la plus « grande maternité de France ».
« Aider les Comores à développer sur leur territoire une offre de santé est l’un des enjeux de la coopération régionale », a ajouté la ministre. Elle a cité les besoins en effectif des PMI de Mayotte, qui ne compte que « 3 postes de médecins occupés sur les 12 budgétés », 8 postes de sages-femmes sur les 20 budgétés, 21 infirmiers diplômés d’état (IDE) sur les 24 prévus, et « un pharmacien ». L’enveloppe de 120 millions d’euros « doit servir à répondre aux urgences », a-t-elle dit en citant notamment « le lancement des travaux pour la rénovation des structures déjà existantes, la remise en état de fonctionnement optimal des équipements, la mise en conformité aux normes d’hygiène ».
Face à une mortalité infantile 4 fois + forte qu’en hexagone, 120 millions d’€ sont débloqués pour protéger mères et enfants à #Mayotte #PMI pic.twitter.com/8R2lvyxz7f
— Annick Girardin (@AnnickGirardin) 31 août 2017
L’argent doit aussi permettre de « relancer le processus de recrutement de personnel soignant et les aides à la formation », afin notamment de « baisser le délai de rendez-vous pour le suivi de grossesse (aujourd’hui estimé à 2/3 mois) ». A plus long-terme, les crédits de compensation permettront de « mieux établir la répartition géographique des PMI » et de « financer l’ensemble des secteurs mahorais dédiés à la petite enfance », a-t-elle ajouté.
Avec AFP.