Les Haïtiens de nouveau appelés à voter pour leur nouveau président

Les Haïtiens de nouveau appelés à voter pour leur nouveau président

©Ici Radio Canada

Deux mois après le passage de l’ouragan Matthew, les Haïtiens sont appelés aux urnes ce dimanche 20 novembre pour désigner leur nouveau président. Ce scrutin intervient après l’invalidation pour fraude de l’élection présidentielle d’octobre 2015.

Plus d’un an et demi après le lancement du processus électoral et deux mois après le passage dévastateur de l’ouragan Matthew, les 6,2 millions d’électeurs haïtiens sont appelés aux urnes dimanche 20 novembre pour élire leur président ainsi que des députés et des sénateurs. Vingt-sept candidats sont en lice pour devenir le futur président de la République dont le mandat de 5 ans doit débuter le 7 février 2017. Dans les circonscriptions où le vote d’août 2015 a été annulé, ils sont 52 à viser les 25 postes de députés vacants. Seize sièges de sénateurs sont également à pourvoir. Les scrutins présidentiel et législatif ont déjà été annulés et repoussés à plusieurs reprises.

Processus à rallonge

Au printemps 2015, Haïti s’est lancé dans un marathon électoral avec l’objectif d’élire sur trois journées l’ensemble des maires et députés du pays, deux tiers du Sénat ainsi que le futur président. Mais le premier tour de scrutin législatif, en août 2015, a été marqué par d’importantes violences et les élections ont dû être annulées dans près d’un quart des circonscriptions. Si la deuxième journée de vote pour les législatives, le 25 octobre 2015 s’est, elle, déroulée sans incidents majeurs, les résultats du premier tour de la présidentielle organisé le même jour ont été vivement contestés. Des « fraudes massives » révélées par la commission indépendante d’évaluation électorale ont amené les autorités à annuler le vote présidentiel. Prévu finalement le 9 octobre 2016, le premier tour des élections a été à nouveau reporté après le passage de l’ouragan Matthew le 4 octobre dernier. Les deux tours de scrutin ont donc été fixés aux 20 novembre 2016 et 29 janvier 2017.

Qui sont les principaux candidats à la présidentielle ?

Jovenel Moïse : arrivé en tête du scrutin annulé de 2015, Jovenel Moïse, 48 ans, a été choisi par l’ancien chef d’Etat Michel Martelly pour représenter son parti le PHTK (Parti haïtien Tèt kale). Cette élection signe le début de la carrière politique de cet entrepreneur agricole.

Jude Célestin, qui avait qualifié de « farce ridicule » les résultats de 2015 qui le plaçaient en deuxième place, avait déjà tenté d’accéder au poste présidentiel en 2010. Il est aujourd’hui candidat sous la bannière de la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh).

Moïse Jean-Charles : unique candidat à se revendiquer officiellement de gauche, cet homme de 49 ans, a gagné sa renommée politique en se posant, alors sénateur, comme le plus farouche détracteur de M. Martelly, participant régulièrement aux manifestations de l’opposition. Il est à la tête du parti Piti Dessalines (en créole, « les enfants de Dessalines », du nom du héros national de l’indépendance).

Maryse Narcisse, 57 ans, est l’une des deux femmes encore en lice pour la présidence. Médecin de carrière, elle est devenue la porte-parole de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide, après le départ de celui-ci en exil en 2004. Représentant le parti Fanmi Lavalas, toujours présidé par Aristide, elle est activement soutenue par l’ancien président-prêtre des bidonvilles, rentré en Haïti en mars 2011.

Des scrutins aux enjeux immenses

Les élections se tiennent dans un pays meurtri par le passage début octobre de l’ouragan Matthew qui a fait un millier de morts, détruit des récoltes et provoqué une épidémie de choléra. Après une année d’incertitude politique, les enjeux de cette élection se focalisent donc sur le redressement de l’économie et sur la création d’emplois. Aujourd’hui, 1,4 million d’Haïtiens sont toujours dépendants de l’aide humanitaire. Les dégâts provoqués par l’ouragan pourraient peser sur la participation d’électeurs déjà mécontents de la lenteur avec laquelle l’assistance aux victimes est mise en place.

Avec AFP.