Essais nucléaires en Polynésie : Les indemnisations des victimes ont accéléré depuis la suppression du risque négligeable

Essais nucléaires en Polynésie : Les indemnisations des victimes ont accéléré depuis la suppression du risque négligeable

Les indemnisations des victimes des essais nucléaires en Polynésie française ont accéléré depuis la suppression du « risque négligeable » début 2017, observent nos confrères de Radio 1 Tahiti. Cette notion de « risque négligeable » avait été supprimée de la loi Morin de 2010, lors de l’adoption de la loi EROM.

De façon générale, « 1 245 demandes d’indemnisations ont été enregistrées par le Civen au 31 décembre 2017, parmi lesquels 145 dossiers émanant de la population polynésienne ou, selon une autre classification, 687 dossiers émanant de militaires ou civils (Polynésiens ou métropolitains) ayant travaillé au profit des essais nucléaires en Polynésie », note Radio 1 Tahiti. Depuis l’adoption en 2010 de la loi d’indemnisation des victimes des essais nucléaires, dite aussi loi Morin, 11 Polynésiens avaient été indemnisés entre 2010 et le 31 décembre 2017 par le Comité d’indemnisation des victimes des essais (Civen), sur les 1 245 demandes enregistrées. C’est ce chiffre dérisoire qui a poussé les associations des vétérans du nucléaire et les parlementaires polynésiens, Maina Sage et Lana Tetuanui notamment, à exiger la suppression de ce « risque négligeable », qualifié de verrou aux indemnisations.

Depuis, cette suppression semble avoir porté ses fruits puisque 9 Polynésiens ont été indemnisés depuis le 1er janvier 2018, soit presqu’autant que sur la période 2010-2017. « Rapporté au nombre d’indemnisations par site, on constate également que le Civen a prononcé au total 66 projets d’offres d’indemnisation pour des militaires ou civils en Polynésie entre 2010 et 2017, contre déjà 26 depuis le début de l’année 2018 », observe encore Radio 1 Tahiti. Toutefois, l’accélération des indemnisations reste « relative », « en raison, d’une part, de l’épisode de la démission collective de la majorité des membres du Civen courant 2017, et du délai toujours particulièrement long d’instruction des dossiers d’indemnisation ». « Le Civen répond plus vite et favorablement plus d’une fois sur deux », constate toutefois Alain Chrisnacht, président du Civen.

Pour rappel, la loi EROM a également eu pour issue la création d’une commission mixte de cadrage de la loi Morin, dite aussi commission de l’article 113 de la loi EROM, qui se réunira pour la 1ère fois ce lundi 28 mai. Cette commission a pour mission de « proposer les mesures destinées à réserver l’indemnisation aux personnes dont la maladie est causée par les essais nucléaires et de formuler des recommandations à l’attention du gouvernement ». La sénatrice de Polynésie Lana Tetuanui devrait prendre la présidence de cette commission, composée entre autres des députés polynésiens Nicole Sanquer et Moetai Brotherson.