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Le petit Etat insulaire du Pacifique a déposé plainte à la Cour internationale de Justice. Les îles Marshall accusent l’Inde, le Pakistan et le Royaume-Uni de na pas avoir abandonné la course au nucléaire.
Lundi, le représentant des îles Marshall devant la Cour internationale de Justice (CIJ), Tony deBrum, a rappelé l’enfer et l’horreur vécue pendant les essais nucléaires américains dans l’archipel du Pacifique. Entre 1946 et 1954, 67 armes nucléaires de différentes puissances y ont explosé. La plus importante, Castle Bravo lancée en 1954, était 1000 fois plus puissante que celle qui a ravagé Hiroshima en 1945. « Le ciel entier était devenu rouge » se rappelle Tony. À l’époque, il avait 9 ans et pêchait avec son grand-père, à 200 kilomètres de l’explosion. « Beaucoup sont morts, ont souffert de malformations congénitales ou de cancers suite à la contamination ». Dans ce combat, les îles Marshall demandent au Royaume-Uni, à l’Inde et au Pakistan de prendre « toutes les mesures nécessaires » pour faire respecter le traité de non-prolifération des armes nucléaires de 1968, ratifié par le Royaume-Uni. Et si l’Inde et le Pakistan n’ont pas ratifié ce traité, Tony deBrum estime néanmoins que les deux pays ont les mêmes obligations, « du fait du droit international coutumier découlant du traité ».
En 2014, les îles Marshall avait déjà déposé une plainte contre 9 pays : la Chine, la Corée du Nord, la France, l’Inde, Israël, le Pakistan, la Russie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. L’Etat d’Israël n’a jamais officiellement affirmé détenir l’arme atomique, même si de nombreux observateurs estiment qu’il est le seul Etat du Moyen-Orient à la détenir. Mais en tout, la CIJ ne retiendra que trois affaires, celles concernant le Royaume-Uni, l’Inde et le Pakistan, qui avaient par le passé accepté la « compétence obligatoire » de la CIJ. Les autres ne seront examinées que si les pays concernés accordent leur feu vert. En plein combat contre le réchauffement climatique, les îles Marshall ont « pris conscience qu’elles ne pouvaient ignorer l’autre grande menace que font peser sur sa survie les vastes arsenaux nucléaires qui subsistent encore aujourd’hui ». « Elles sont à la recherche d’une déclaration morale et judiciaire qui renforcera leur campagne politique contre les armes nucléaires », selon Lyal S. Sunga, directeur de recherches à l’Institut de La Haye pour la justice.
Les débats auront lieu jusqu’au 16 mars prochain et aujourd’hui, les représentants britanniques doivent expliquer leurs « objections préliminaires ». En Polynésie française, le parti indépendantiste, Tavini Huira’atira, a annoncé sa volonté de déposer plainte contre la France pour crime contre l’Humanité, pour les 193 essais nucléaires effectués par l’Etat entre 1966 et 1996.