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Représentante de Saint-Barthélemy au Conseil économique, social et environnemental (CESE), 1ère femme présidente du groupe Outre-mer de la même institution et référente de La République en Marche pour Saint-Barthélemy et Saint-Martin, Inès Bouchaut-Choisy a choisi les colonnes d’Outremers360 pour tirer un bilan de l’an 1 du quinquennat d’Emmanuel Macron. Instigatrice d’un rapport sur le tourisme durable Outre-mer, elle revient notamment sur l’impact de l’ouragan Irma à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, le rôle de l’Etat durant cette période. Elle aborde également son rôle au CESE et avec La République en Marche, et revient sur les nouvelles relations entre le gouvernement, l’Etat et les Outre-mer, faites de « co-responsabilité » et de « collaboration ».
Vous avez souhaité nous parler de l’après-IRMA, et notamment de la gestion de crise par le gouvernement qui, on se souvient, avait été beaucoup critiqué… Pourquoi ?
En effet nous avons entendu et lu à plusieurs reprises que la Collectivité de Saint-Martin a reçu que 21 millions de fonds d’urgence. Je voudrais rectifier cela et préciser que la Collectivité a reçu beaucoup plus : près de 130 millions d’Euros. Face à une telle catastrophe, l’Etat a été très réactif et a mis des moyens exceptionnels. Les forces sont tout de suite allées sur le terrain pour apporter une aide, protéger les populations des deux îles. Il y a également eu une prise de conscience sur la nécessité de trouver des solutions rapides pour les entreprises avec des aides mises en place pour maintenir les emplois durant cette période, en attendant les indemnisations des assurances et le redémarrage. Il y a une aide qui a aussi été apportée aux populations les plus défavorisées, qui n’étaient pas assurées et qui se sont retrouvées sans rien, avec la carte cohésia*. Il y a eu un soutien à la Collectivité pour les salaires des agents pendant toute cette période. Le gouvernement a joué son rôle.
Mais Saint-Martin et Saint-Barthélemy ont fait des choix conscients. Les deux collectivités décident localement, ont une autonomie, elles ont évolué sur le plan statutaire. Cette autonomie est à la fois une liberté mais aussi une responsabilité car quand on se trouve dans des situations aussi catastrophiques, on a aussi des responsabilités à assurer vis-à-vis de la population et de l’Etat. Quand on fait des choix, l’Etat a sa part de responsabilité mais il ne faut pas oublier que nos collectivités ont des compétences qu’elles doivent assumer.
Comment se porte le tourisme à Saint-Martin ? Quand peut-on espérer un retour à la normale ?
Saint-Martin est une île divisée en deux parties : une partie néerlandaise ou hollandaise et la partie française. Il s’avère que l’aéroport international de Juliana, c’est un des hub de la zone Caraïbes. L’aéroport a été sévèrement touché par l’ouragan, et à partir de là, c’est devenu compliqué tant pour Saint-Barthélemy que pour Saint-Martin, d’avoir aujourd’hui des flux de visiteurs d’autant que nous ne sommes pas totalement à une phase de reconstruction finale. Il est clair qu’il n’y a pas sur ces deux îles le nombre de visiteurs que nous avions l’habitude d’avoir et ce ne sera pas demain que nous les recevrons. Mais, les choses sont bien avancées et nous espérons un redémarrage de Juliana pour juin 2019. D’ici là, les infrastructures hôtelières auront déjà redémarrées. Le chômage partiel couvert par l’Etat a permis aux hôtels de maintenir leurs employés et pour les deux îles, on espère un redémarrage cette saison 2018/2019 et un envol à la saison 2019/2020.
Comment faire pour sécuriser, s’organiser dans des zones soumises aux urgences climatiques dont font parties l’ensemble des Outre-mer ? Sans oublier l’arrivée prochaine de la saison cyclonique dans l’Atlantique.
Il faut anticiper. Les Outre-mer sont aux avants postes des effets du réchauffement climatique. 85% de la biodiversité de la France se trouvent dans ces territoires. Il y a donc une double responsabilité : protéger cette exceptionnelle biodiversité et adapter nos économies aux principes de durabilité. On ne peut pas attendre que le phénomène soit là pour réagir. C’est aussi toute la question que nous avons traité avec le tourisme, l’axe qui fédère et uni l’ensemble des territoires ultramarins. Partant de là, il est aujourd’hui indispensable d’anticiper, d’avoir une communication de crise, car il faut gérer l’image de ces territoires lorsqu’ils sont impactés, et il faut aussi que ces collectivités, en association avec le gouvernement, puissent s’organiser pour préparer et anticiper ces événements. Au niveau du tourisme, nous avons également préconisé de former les populations à ce genre de catastrophes. Il faut que tout le monde ait le même niveau d’information, que tout le monde puisse réagir et agir en tenant compte des objectifs définis au préalable.
Vous avez remis un rapport sur le tourisme durable Outre-mer, quels sont les principaux enseignements, les principales préconisations ?
La difficulté que nous avons, que nous avons toujours eu de par nos habitudes, c’est que concernant le tourisme, ce sont toujours des décisions qui viennent des élus et/ou du Comité du Tourisme. J’ai rarement vu que l’ensemble du secteur puisse participer à l’élaboration des stratégies futures du tourisme. Si nous voulons une mutation, si on doit parler de nouveau modèle, il faut associer la population, la société civile, les représentants de l’Etat, les élus. C’est un travail qui doit se faire ensemble. En premier lieu, nous avons préconisé que la richesse du patrimoine naturel et culturel soit au cœur de la stratégie touristique. En deuxième lieu, qu’il puisse y avoir au niveau national des contrats d’objectif « tourisme durable » qui soient établis avec les Collectivités. Qu ‘il puisse y avoir au niveau local, une association de tous ces représentants du secteur qui travaillent ensemble.
Interview de @Ines_Choisy suite à la remise des rapports à la Ministre des #OutreMer. #tourisme #économie #assises pic.twitter.com/AkhmOwSTrf
— Outremers360 (@outremers360) 24 mai 2018
A Saint-Martin par exemple, je ne comprends pas que les taxis, les loueurs de voiture, ne soient pas aussi associés à tout ce qui se décide. Ce sont pourtant les premiers qui peuvent apporter la communication de tous les événements qui sont fait sur l’île. Les taxis et loueurs de voiture font partie des premiers interlocuteurs des touristes. Nous sommes tous les acteurs de ce développement, et en aucun cas on peut ne pas associer tout le monde à cette chaîne. Ensuite, si nos territoires ne sont pas outillés, qu’ils n’ont pas d’observatoires pour mener des études et analyses, mesurer, on va piloter à vue.
Plus globalement : quelles sont aujourd’hui les relations entre l’Etat, le gouvernement et les Outre-mer ?
C’est une nouvelle page qui s’est ouverte dans la relation entre l’Etat et les Outre-mer. Il y a eu des engagements pris et des promesses tenues. A partir de là, c’est un climat de confiance qui petit à petit se tisse entre les territoires d’Outre-mer et l’Etat, le gouvernement. On avance pas à pas, et dans la confiance. Le président Emmanuel Macron l’a souligné : nous avons une co-responsabilité. L’Etat a sa responsabilité, les territoires ont la leur. Chaque personne doit assumer sa responsabilité, autant l’Etat que les Collectivités. On a mis en place la marche des Outre-mer. C’est la première fois qu’un parti va à la rencontre des citoyens en dehors des échéances électorales. Les référents et marcheurs ont fait un travail de porte-à-porte avec les citoyens pour prendre le pouls du terrain. On travaillera sur une synthèse qu’on publiera en juin.
C’est cette dynamique de co-travail, de collaboration que l’on retrouve à travers la promesse de campagne des Assises des Outre-mer. Au Conseil économique, social et environnemental, j’ai aussi demandé au président que l’ensemble des formations de travail puissent également contribuer aux Assises, car c’est la société civile française, dans son ensemble, qui a demandé à travailler sur les Assises. C’est tout ce travail de proximité que nous faisons avec La République en Marche qui permet aux Français d’être le cœur de vie politique.
Vous qui êtes référente de La République en Marche à Saint-Barthélemy, est-ce que votre mouvement est bien représenté dans tous les territoires ultramarins ?
C’est un mouvement tout jeune. Et tout le lien structuré qui permet aujourd’hui d’implanter petit à petit le mouvement de façon harmonieuse. Il faut aller en profondeur, trouver des équipes, des personnes impliquées qui font le travail, qui vont au contact de la population, mettre en place des ateliers et faire remonter les informations. C’est toute la difficulté qu’on peut avoir mais aussi tout le courage de redonner confiance, redonner le courage à ces populations qui sont trop longtemps restés en marge. Il faut prendre le temps pour que cela soit bien construit et après, qu’on puisse travailler en profondeur sur toutes les thématiques, toutes les problématiques.
*La carte cohésia a été pensée pour simplifier la vie des usagers et des financeurs. Il s’agit d’un dispositif global qui permet de dématérialiser le versement des aides sociales et des subventions sous forme de carte ou directement sur un compte disponible en ligne ou via une application mobile.