Emmanuel Macron dans l’Océan Indien : À Mayotte, le président veut « rendre compte » de ses engagements

Emmanuel Macron dans l’Océan Indien : À Mayotte, le président veut « rendre compte » de ses engagements

« La France, c’est la sécurité ». Emmanuel Macron a promis mardi à Mayotte des « réponses extrêmement concrètes » face aux difficultés de l’archipel, notamment l’immigration clandestine et le développement économique, avant de poursuivre mercredi son déplacement sur la Grande Glorieuse (TAAF) et à La Réunion, appelée à la « grève générale ».

« La France, c’est la sécurité, la France, c’est la santé, la France, c’est l’école, ce sont des chances données à Mayotte pour réussir », a lancé le chef de l’État à Mamoudzou devant de nombreux mahorais dont certains agitaient de petits drapeaux tricolores. « Il n’y a aucune fatalité », a-t-il assuré, louant la position stratégique dans le canal du Mozambique de l’archipel, qui subit une très forte immigration clandestine issue pour sa quasi-totalité des Comores voisines, qui voient en lui un Eldorado. A Mamoudzou, il a assuré que l’opération Shikandra (du nom d’un poisson qui mord quand on s’approche de son nid) contre l’immigration clandestine lancée en août dépasserait son objectif de 25 000 reconduites à la frontière en 2019.

« Gestes forts »

A peine arrivé, il a embarqué à bord d’un navire intercepteur de Shikandra de la police aux frontières, dont le rôle est d’empêcher les kwassas-kwassas, embarcations de fortune transportant des migrants, d’accoster sur le sol mahorais. Dans cet archipel de 374 km2, devenu département français en 2011, 48% des 256 000 habitants sont des étrangers selon l’Insee, dont 95% de Comoriens. Ces derniers sont nombreux à tenter la traversée depuis l’île comorienne d’Anjouan, à 70 km de là. En juillet, le corps d’un enfant retrouvé sur les côtes avait soulevé une vive émotion.

« On attend des gestes forts (…), un vrai plan de lutte contre l’immigration clandestine, pas seulement de faire du chiffre en faisant des reconduites », avait lancé, avant l’arrivée d’Emmanuel Macron, Estelle Youssouffa, présidente d’un Collectif des citoyens de Mayotte. Elle a brièvement été interpellée mardi à Mamoudzou, selon la préfecture, qui n’en a toutefois pas précisé les raisons. Ce collectif, qui avait été à l’origine du mouvement social qui avait paralysé l’île au printemps 2018 pour dénoncer l’insécurité et l’immigration clandestine, avait appelé la population à « porter du blanc » mardi « en signe de protestation contre le traitement qui est fait à Mayotte », mais très peu d’habitants ont suivi la consigne.

« Plus de moyens »

Emmanuel Macron s’est rendu dans l’après-midi à Hamjago, dans la commune de M’tsamboro, au nord-ouest de Mayotte, là où débarquent massivement les Comoriens. C’est là, non loin d’un fief du Rassemblement national, M’tsahara, qu’il a rencontré la population. Revenant sur la question migratoire, il a assuré qu' »on peut lutter contre l’immigration clandestine sans avoir un discours de haine », estimant qu' »il ne faut pas avoir un discours d’exclusion ». « Ce n’est ni tout blanc ni tout noir, et donc on se bat contre l’immigration clandestine, d’abord en négociant des textes avec les Comores », a poursuivi le chef de l’État.

Plus tôt dans l’après-midi, le chef de l’État a rencontré les maires de Mayotte pour évoquer le développement économique du territoire et le contrat de convergence et de transformation, signé en juillet à Paris, qui prévoit 1,6 milliard d’euros pour la construction d’infrastructures scolaires et routières, l’accès à l’eau et à la santé. Un montant nettement insuffisant selon le collectif de Citoyens. En outre, il a annoncé l’allongement de la piste de l’aéroport de Dzaoudzi, en Petite terre, pour désenclaver le territoire, une revendication de très longue date de la population, et une promesse de Jacques Chirac en 2001, puis de Nicolas Sarkozy en 2011. Il a également annoncé un encadrement des tarifs et ouvert la porte à la concurrence, alors que l’île est uniquement desservie par Air Austral.

Nouveau commissariat, « plus de moyens » pour la justice, une Agence régionale de santé (ARS) au 1er janvier 2020, un deuxième hôpital à venir, « 800 classes nouvelles ouvertes » pendant le quinquennat : le chef de l’État a fait valoir une série de mesures déjà annoncées, assurant qu’il viendrait « rendre compte » de ses engagements. En soirée, le président de la République a donné une conférence de presse avant un dîner avec des militantes, cheffes d’entreprises, et élues mahoraises, où il rendra hommage au mouvement des chatouilleuses et sa meneuse Zéna M’déré, décédée il y a 20 ans.

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Avec AFP.