Emmanuel Macron en mars 2017 à La Réunion, alors qu’il était candidat à la Présidentielle ©Reuters
Après un passage hier à Mayotte et ce matin sur la Grande Glorieuse (îles Éparses, TAAF), le président de la République poursuit sa visite présidentielle dans l’Océan Indien à La Réunion, où il restera trois jours. Un appel à la grève générale a été lancé, près d’un an après un important mouvement des gilets jaunes.
Pour la première visite d’Emmanuel Macron à La Réunion en tant que président, l’ensemble des syndicats réunionnais ont lancé un appel à la grève générale pour jeudi. « Nous entendons ainsi, à l’occasion de la venue du président de la République, alerter sur la situation sociale de La Réunion, l’absence de réponse à la hauteur des enjeux en matière d’emplois, salaires, retraites, vie chère, logement, services publics, indemnisation-chômage… et sur le fait que les politiques menées aggraveront encore davantage les difficultés sociales de la population », ont-ils indiqué. Malgré des appels au blocage diffusés sur les réseaux sociaux, les « gilets jaunes » ont indiqué qu’ils n’avaient « pas l’intention d’aller au contact ou à l’affrontement avec les forces de l’ordre ».
Dans ce territoire de plus de 850 000 habitants, 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté, le taux de chômage atteint 24%, et même 42% chez les jeunes. De plus, le coût de la vie pour un budget moyen de ménage réunionnais, est de 7,1% plus élevé à La Réunion que dans l’Hexagone, selon l’Insee, alors que le revenu médian réunionnais est inférieur de 30% au niveau national (AFD, 2015). Après une inflation record en 2018 (+1,8%), les prix augmentent toujours en 2019 (+0,6% depuis le début de l’année). Selon un sondage d’Ipsos océan Indien cité par Réunion La 1ère lundi, quelque 40% des consommateurs « ont diminué leurs achats pour le plaisir ».
« On comptait nos sous avant les ‘gilets jaunes’, on les compte encore plus maintenant », s’agace Kévin, qui participait au mouvement il y un an. Emmanuel Macron le reconnaît : « La Réunion a été bousculée par des conflits sociaux très importants », et le problème de « la vie chère reste essentiel », a-t-il dit mardi soir lors d’une conférence de presse à Mayotte. « La situation n’est pas facile, il y a un doute qui s’est installé sur l’action publique au sens large », a-t-il poursuivi. « Mais là aussi, nous avons un engagement, des réponses et une action », a-t-il assuré. « Mais parfois les choses prennent du temps et il faut l’accepter ». Dans une lettre ouverte, le président du Conseil régional Didier Robert a appelé à une « politique d’engagement » de la part de l’État.
« Projets concrets »
Une de ses réponses est la mise en place d’un dispositif « Choose La Réunion », forum économique en présence d’une cinquantaine de grands investisseurs français et étrangers, destiné à renforcer l’attractivité du territoire et « projeter les acteurs économiques réunionnais » vers les régions voisines, l’Afrique australe et le sous-continent indien. « Ce type de forum permet de mettre en relation chefs d’entreprises, investisseurs et acteurs publics pour promouvoir les atouts de l’île avec des projets concrets qui y seront annoncés », précise l’Élysée. Ce mercredi après-midi, le ministre de l’Économie et des Finances, qui accompagne le président à La Réunion, doit signer un protocole « Territoire d’Industrie ».
Au cours de son séjour, qui s’achèvera vendredi, le président, également accompagné par les ministres du Travail, de l’Agriculture, des Outre-mer et le secrétaire d’État aux Transports, devrait rencontrer jeudi des demandeurs d’emploi dans une mission locale de Saint-Paul, s’entretenir avec des participants aux nouvelles « représentations citoyennes » mises en place après la crise des « gilets jaunes », et pique-niquer avec des représentants des filières de la production agricole locale à Petite-île (sud). « J’aurai des messages très forts sur l’agriculture et l’emploi », a assuré le chef de l’État.
Le président de la République est également attendu sur le chantier de la Nouvelle Route du Littoral, un des plus importants chantiers de France qui accuse un retard en raison d’un défaut d’approvisionnement en roche. « Nous sommes échaudés par le chantier de la Route du Littoral à La Réunion où nous n’avons collectivement pas su être au rendez-vous, et parfois aussi la production et les acteurs locaux », a déclaré Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse à Mayotte. « Je souhaite que le plan d’approvisionnement en matériaux soit solide, c’est essentiel pour le rythme des travaux ». Après un arrêt du chantier en septembre, un protocole d’accord a été trouvé avec les principaux acteurs du chantier afin de le reprendre en privilégiant les approvisionnements en ressources locales.
Ce déplacement intervient juste après une brève escale mercredi matin aux îles Glorieuses, un petit archipel de 7 km des îles Éparses, présumées riches en hydrocarbures, administrées par la France et revendiquées par Madagascar. « J’irai avec plusieurs scientifiques sur ce territoire extrêmement stratégique dans la région pour marquer notre engagement en faveur de la biodiversité et le choix d’aller au bout de la protection de ce territoire et de le sanctuariser pleinement », a-t-il promis.
Avec AFP.