Desserte aérienne en Polynésie : Vers une ouverture sur l’Amérique du Sud ?

Desserte aérienne en Polynésie : Vers une ouverture sur l’Amérique du Sud ?

©Gregory Boissy / AFP

Une semaine après l’annonce officielle d’une liaison Paris – Tahiti via San Francisco par French Blue, le Président de la Polynésie française Edouard Fritch revient sur cette « opportunité » et confie la possibilité « d’un autre projet qui risque de prendre forme » : l’utilisation de l’Aéroport international de Tahiti-Faa’a comme « plateforme » vers l’Amérique du Sud.

« Je n’ai pas hésité longtemps » confie le Président polynésien sur la demande d’exploitation faite par French Blue pour atterrir sur l’Aéroport international de Tahiti-Faa’a. En effet, la demande avait été déposée à la mi-octobre par la compagnie low-cost long courrier et alors que la Ministre du Tourisme en Polynésie indiquait une réponse avant la fin 2017, celle-ci est tombée dès le 31 octobre. « C’est pour nous une opportunité de diversifier notre offre touristique, surtout de transport sur la Métropole » se réjouit Edouard Fritch. S’il reconnait quelques « détracteurs » face à cette nouvelle liaison, qui soulignent notamment l’offre hôtelière limitée, Edouard Fritch demeure confiant : « nous avons cette petite hôtellerie des pensions de famille, qui trouve une clientèle certaine auprès des Métropolitains qui viennent nous visiter ». « C’est le seul lieu de rencontre (…) avec la population », ajoute-t-il. « French Blue va donner un petit coup de pouce à ce secteur de la petite hôtellerie », assure Edouard Fritch, « il faut créer de l’activité et de l’emploi ».  Lundi soir à Paris, Edouard Fritch recevait, à la Délégation de la Polynésie française, le PDG de French Blue Marc Rochet.

Hainan Airlines pas avant 2019

Le 21 octobre dernier, le premier vol charter de la compagnie chinoise Hainan Airlines se posait sur le tarmac de Tahiti-Faa’a, en provenance d’Auckland en Nouvelle-Zélande. Dans la foulée, deux autres appareils de la compagnie se sont posés, dont un en provenance de Hong Kong. Le groupe chinois est par ailleurs propriétaire de deux hôtels en Polynésie française. Et si la possibilité d’une liaison régulière entre la Chine et la Polynésie intéresse à la fois le gouvernement polynésien et les dirigeants de la compagnie, Edouard Fritch reste prudent : « au moment où l’on parle ce projet n’est pas mûre (…), je ne crois pas qu’il soit rentable ». « Ce projet mérite plus de réflexion et de temps », insiste-t-il. Il faudra, selon le chef de l’exécutif polynésien, attendre 2019 pour la concrétisation d’un tel projet. « Le gouvernement chinois a des autorisations pour poser des avions sur Papeete depuis maintenant 4 ans », sans pour autant qu’il y ait une confirmation « qui vienne nous rassurer sur la desserte par la flotte chinoise sur la Polynésie ».

La compagnie chinoise Hainan Airlines s'est posée pour la première fois en Polynésie le 21 octobre dernier ©TNTV

La compagnie chinoise Hainan Airlines s’est posée pour la première fois en Polynésie le 21 octobre dernier ©TNTV

« Par contre, un autre projet qui risque de prendre forme, c’est d’utiliser la plateforme de Tahiti-Faa’a pour des vols sur l’Amérique du Sud », indique-t-il. Pour l’heure, seule la compagnie Lan Chile effectue une liaison régulière entre Santiago et Tahiti en passant par l’Île de Pâques. « Un des accès côté Pacifique pour l’Amérique du Sud est de passer par Los Angeles », notamment pour des destinations telles que le Brésil ou l’Argentine. « Cette solution est en pourparler depuis quelques années déjà (…) ».

Air Tahiti Nui face à une nouvelle concurrence

Face à ces nombreuses annonces, notamment celle concernant l’arrivée de French Blue, se pose la question d’une éventuelle mise en difficulté de la compagnie Air Tahiti Nui, majoritairement détenue par la Collectivité. A sa création à la fin des années 90, l’ancien gouvernement dirigé alors par Gaston Flosse avait fait place nette dans le ciel polynésien au bénéfice de la compagnie. « La Polynésie française a montré qu’elle était ouverte à la notion de concurrence », estime Edouard Fritch. « Se renfermer n’est pas rendre service au commerce local, à l’économie locale » poursuit-il. « Il faut effectivement être vigilant sur les équilibres commerciaux (…), que l’arrivée de nouveaux opérateurs ne viennent pas détruire l’existant » rassure-t-il. « Je crois que la destination Polynésie française doit pouvoir être intéressante aussi pour ceux qui n’ont pas les moyens des milliardaires ».

©DR

©DR

« Cela fera réagir, je l’espère, les responsables de la compagnie aérienne » polynésienne. « Ce ne sera pas le dernier coup de semonce auquel nous pouvons nous attendre en Polynésie », prévient Edouard Fritch. « Il faudra réagir, s’adapter à cette concurrence », conclut-il en rappelant qu’Air Tahiti Nui est déjà en concurrence avec Air France sur la liaison Paris-Tahiti via Los Angeles. La compagnie au Tiare a par ailleurs annoncé la création d’une filiale de transport en hélicoptères prévue pour mars 2018.

Interview intégrale du Président de la Polynésie française ci-dessous: