©Emmanuel Grondin
Auditionné par la délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale le jeudi 30 avril, le délégué général adjoint de l’Eurodom Benoît Lombrière a indiqué que la production locale ultramarine a « globalement bien résisté à la crise sanitaire ». Il a émis toutefois des points de vigilance sur le maintien de la production locale à la sortie de cette crise sanitaire.
Si la crise sanitaire du Covid-19 a mis en exergue les difficultés de certains secteurs d’activité, elle a également révélé l’efficacité d’autres filières. C’est le cas notamment de la production locale dans les départements en Outre-mer, habituellement concurrencée par les produits d’importation. « Il n’y a pas eu pour le moment de désastres irrémédiables pour les milieux de l’agriculture et de la pêche en Outre-mer parce que l’organisation de ces activités s’est faite en filière de production avec une chaîne de solidarité qui s’est mise en place rapidement avec les producteurs, les transformateurs d’une part et la grande distribution d’autre part » a souligné Benoît Lombrière, délégué général adjoint d’Eurodom, auditionné par la Délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale le 30 avril dernier.
Une production locale sur le front
« Cette organisation en filière de production a permis d’assurer une sécurité alimentaire des départements d’outre-mer que l’incertitude et l’irrégularité du fret auraient pu mettre sous tension », précise-t-il. La production locale destinée à la consommation locale a également résisté assez bien à la crise sanitaire en faisant preuve d’adaptation en proposant des paniers ou la vente directe. Elle a été fortement soutenue par l’industrie de l’agro-transformation « qui a acheté dans des proportions beaucoup plus importantes que celles qu’elle avait besoin », a ajouté Benoît Lombrière.
Côté exportation de cette production locale, le schéma est tout autre. Si certaines productions comme la banane antillaise sont arrivés à se maintenir, les filières d’exportation de fruits – à l’image du melon en Guadeloupe ou les productions de mangue ou d’ananas à La Réunion- ont été fortement impactés par la hausse du coût et la raréfaction du fret aérien.
Pour Benoît Lombrière, la crise sanitaire « a fait la démonstration de la solidité de la production locale, de son caractère impératif de sécurité alimentaire des populations ». Mais cette solidité peut également mis à rude épreuve durant la période de déconfinement par le retour des produits d’importation sur le marché. « Il est assez probable qu’un certain nombre d’importateurs et de distributeurs, pris de court par l’annonce du confinement et ayant un niveau de stocks de produits congelés important, déstockent à des tarifs promotionnels. Ainsi la production locale qui a résisté à la crise sanitaire en alimentant le marché local, risque de se retrouver dans une situation assez difficile où elle devra faire face à des prix anormalement bas liés au déstockage ».
Continuer à soutenir la production locale après le Covid-19
Dans ce contexte, le délégué général adjoint d’Eurodom a soumis plusieurs pistes aux députés de la délégation aux Outre-mer pour défendre la production locale ultramarine. Il propose entre autres d’accompagner la filière d’agro-transformation pour « compenser leurs coûts de stockage et qu’elle puisse continuer à acheter les surplus de production locale au même prix que s’il n’y avait pas de crise, ou encore de réfléchir, avec les distributeurs, à un mécanisme de déstockage de leurs produits congelés étalés sur plusieurs mois ». Il a également suggéré « la mise en place d’un pont aérien entre l’Hexagone et les DOM pour assurer la continuité territoriale du fret, y compris en mobilisant la flotte militaire et gouvernementale si le gouvernement ne souhaitait pas réquisitionner les avions civils ».
Il a enfin indiqué que selon lui, « une mesure de compensation, pour les producteurs locaux, de l’augmentation du prix du fret maritime devra être étudiée rapidement. Des marges de manœuvre existent, puisque certaines lignes budgétaires des ministères ne vont pas être consommées comme prévu avec la mise à l’arrêt de pans entiers de l’activité des DOM ». Il a appelé les parlementaires à « réinstaller le débat sur l’autosuffisance locale et sur le budget du CIOM sur la diversification agricole pour continuer à soutenir la productions ». « Les aides, qu’elles soient communautaires ou nationales, doivent permettent à la production locale de produire à un prix compétitif par rapport à l’import et à un prix supportable pour le consommateur ».
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