En Polynésie, la plupart des communes sont des atolls qui culminent à quelques mètres au-dessus de la surface de l’océan, ce qui les rendent plus fragiles au réchauffement climatique et à la montée des eaux. Ici, la passe et le village d’Avatoru à Rangiroa ©Philippe Bacchet
Au moins une centaine de maires et élus de Polynésie assisteront au Congrès des maires, qui débutera, pour les maires Outre-mer, dès ce lundi 20 novembre. Cyril Tetuanui, Président du Syndicat pour la Promotion des Communes de Polynésie (SPCPF) et maire de la commune de Tumara’a (Ra’iatea), interviendra essentiellement sur le réchauffement climatique. Cette semaine, il a également effectué ses premiers contacts avec le nouvel exécutif.
C’est au nom des tavana polynésiens (maires en tahitien) que Cyril Tetuanui interviendra lors de la journée des maires Outre-mer. « Je vais axer mon intervention de lundi autour du réchauffement climatique pour que Paris mette les moyens nécessaires pour que les communes puissent se préparer au changement climatique », explique Cyril Tetuanui. « Nous allons aussi remercier Maina Sage qui a sauvé l’équivalent Fonds vert », poursuit-il en ajoutant prudemment, « il faut attendre le vote définitif de la loi de Finances 2018 ». Les communes polynésiennes, notamment celles des atolls de l’archipel des Tuamotu, utilisent cet équivalent Fonds vert pour la construction d’abris anticycloniques, entre autres. Une nécessité d’actualité puisque si la saison cyclonique vient de s’achever dans la Caraïbes, elle commence à peine dans le Pacifique et l’Océan Indien. « On se prépare depuis un mois. On réactive les Plans communaux de Sauvegarde. Si le Fonds vert peut apporter un plus, ce serait idéal ».
Mardi, un débat sur la vulnérabilité des territoires face aux changements climatiques et catastrophes naturelles aura lieu de 10h à 12h30, avec la participation du Ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot. Et preuve que la Polynésie est investie sur ce sujet, le maire de l’île de Bora Bora, Gaston Tong Sang y interviendra avec le maire de la Désirade (Guadeloupe), Jean-Claude Pioche.
Une semaine de rencontres institutionnelles
Arrivé à Paris dès cette semaine, le Président du SPCPF a effectué une série de « premiers contacts » avec le nouvel exécutif, « afin de présenter la Polynésie, ses spécificités et les travaux menés par le SPCPF localement ». En premier lieu, Cyril Tetuanui a évoqué le Code général des collectivités territoriales (CGCT). « Avec la sénatrice Lana Tetuanui, on a pu obtenir une proposition de loi sur le nouveau statut des communes associées, qui sera présenté le 5 décembre ». Grâce à cette loi, « on n’aura plus les problèmes de majorité au sein du Conseil municipal, ça renforcera la stabilité. Ça c’est un premier acquis », que le Président du SPCPF a pu expliquer à ses interlocuteurs.
« Il y a aussi l’idée des tavana de réfléchir à un nouveau véhicule juridique, toujours dans le volet du CGCT » poursuit Cyril Tetuanui. Ce texte, dont le fondement est de s’appliquer en France, s’adapte peu à la Polynésie et en devient « illisible ». « On peut prendre ce qui est bien dans le CGCT mais il faut trouver un autre moyen pour qu’il soit modifiable et adaptable à la Polynésie. En Nouvelle-Calédonie, ils ont un code calédonien des communes », cite-t-il en exemple.
Répit électoral pour la modification du statut de la Polynésie et des compétences des communes
« Il y a aussi le projet de l’Accord de l’Elysée où on parle de la réforme du statut du Pays de 2004 et de l’article 43 qui parle des compétences des communes », indique Cyril Tetuanui. « Ce sont des décisions à mener avec le gouvernement polynésien, on travaille depuis un an dessus et on a appris que cet Accord sera reporté après le mois de mai, après les territoriales. Ce qui nous laisse le temps d’attendre le projet définitif de l’Etat concernant la modification du statut et nous pourrons encore apporter quelques propositions concernant nos compétences ». Les communes de Polynésie sont par ailleurs déjà impliquées sur les Assises des Outre-mer : « on a fourni une vingtaine de fiches au gouvernement polynésien ».
Le Président du SPCPF a également rencontré, cette semaine à Paris, le Président du Centre national de la Fonction publique territoriale (CNFPT), afin de renouveler les conventions conclues entre les deux institutions. Il s’est aussi entretenu avec le syndicat intercommunal Agédi, pour la mise en place en Polynésie du logiciel de gestion de comptabilité Hélios, « adapté aux petites communes ». Enfin, Cyril Tetuanui a rencontré le Président de l’Association des maires de France, François Baroin, dont il attend beaucoup de soutien.